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LES ÉTATS-UNIS - HISTOIRE

 


ÉTATS-UNIS : HISTOIRE

1. La période coloniale et la lutte pour l'indépendance
1.1. L'exploration du territoire par les Européens
Le xvie siècle
Le xviie siècle
Le xviiie siècle
1.2. La fondation des colonies
Les immigrants
Des colonies aux origines diverses
Évolution politique
1.3. L'évolution jusqu'à l'indépendance
Les trois groupes de colonies
La double menace indienne et franco-espagnole
La main mise de l'Angleterre
Vers la guerre de l'Indépendance
2. Naissance de la nation américaine et évolution jusqu'en 1865
2.1. La vie politique
2.2. L'expansion territoriale
2.3. Le peuplement et la mise en valeur
2.4. La guerre de Sécession
3. Les États-Unis de 1865 à 1914
3.1. La Reconstruction (1865-1877)
3.2. L'expansion intérieure américaine (1877-1914)
3.3. L'exercice du pouvoir (1877-1896)
3.4. L'impérialisme américain
4. De la Première à la Seconde Guerre mondiale (1914-1945)
4.1. Les États-Unis dans la Première Guerre mondiale
4.2. Le retour à l'isolement (1919)
4.3. L'isolement dans la prospérité (1919-1929)
4.4. La crise de 1929 et ses conséquences
4.5. De l'isolationnisme à la Seconde Guerre mondiale (1933-1941)
4.6. La Seconde Guerre mondiale
Voir plus
États-Unis : histoire
La période coloniale
Résumé

xvie-xviie siècles : la période coloniale
Peuplé peut-être d'environ 4 millions d’Amérindiens, l’espace nord-américain fait l’objet de convoitises européennes dès le xvie siècle et d’implantations coloniales au xviie siècle. Ce sont finalement les Britanniques qui dominent. Sous leur pression, les Français sont amenés à livrer le Canada (1763) et les tribus autochtones de l’est à se replier vers les Appalaches et l’ouest.
L'accession à l'indépendance
En demandant aux colons nord-américains de contribuer au financement de leur défense, les responsables politiques de la métropole s’aliènent un nombre croissant de « patriotes » qui ne tardent guère à s’insurger et à rompre les liens avec Londres, en déclarant leur indépendance (1776). À l’issue d’une guerre de décolonisation soutenue officiellement par la France à partir de 1778, la Grande-Bretagne est forcée de reconnaître la souveraineté des 13 États-Unis d’Amérique (1783), tout en conservant le contrôle du Canada où se replient des dizaines de milliers de loyalistes.
1787-1861 : l'expansion territoriale
Dotée d’une Constitution républicaine écrite en 1787, la jeune nation peut se concentrer sur son propre développement, acquérant et intégrant continûment des territoires à l’Ouest (acquisition de la Grande Louisiane en 1803, obtention de la Floride en 1819, partage de l’Oregon en 1846, gain militaire contre le Mexique du Sud-Ouest en 1848, achat de l’Alaska à la Russie en 1867 et annexion de Hawaï et d’une série de bases et d’espaces associés dans les Caraïbes et le Pacifique à l’issue de la guerre avec l’Espagne en 1898) qui s’avèrent riches de multiples de ressources.
1861-1919 : l'émergence d'une grande puissance
À la faveur d’un développement démographique en partie lié à de puissantes vagues d’immigration, et malgré une guerre civile sanglante qui oppose nordistes et sudistes à propos de la prééminence de l’Union sur le droit des États et la question de l’esclavage (1861-1865), émerge une grande puissance agricole, commerciale et industrielle qui fait office de laboratoire de la modernité, et produit un mode de vie particulier, fondé sur la démocratisation de la consommation, l’American Way of Life.
1919-1929 : l'isolement dans la prospérité
L’isolationnisme traditionnel, qui détournait les États-Unis des affaires européennes, cède une première fois en 1917 quand ceux-ci s’engagent aux côtés des Alliés. Déçus par les conditions de la paix, ils se consacrent à nouveau au développement intérieur.
1929-1945 : de l'isolationnisme à la Seconde Guerre mondiale
À partir de 1929, les États-Unis doivent faire face aux déséquilibres de cette croissance effrénée et à la plus grave crise économique de leur histoire, non sans affecter par contrecoup l’ensemble du monde. Le « New Deal » et ses mesures qui ébauchent une amorce d’État providence leur permettent toutefois, avec la Seconde guerre mondiale dans laquelle ils s’impliquent à partir de décembre 1941, de surmonter cette « Grande Dépression » et de consolider leur statut de superpuissance.
1. La période coloniale et la lutte pour l'indépendance

1.1. L'exploration du territoire par les Européens

Le xvie siècle
La période colonialeLa période coloniale
Le Sud est le premier reconnu, soit par des navigateurs dans le golfe du Mexique (Ponce de León en Floride [1513] ; découverte du Mississippi par Hernando de Soto en 1541), soit par des explorateurs partis du Mexique vers les grandes plaines (Francisco Vásquez de Coronado atteint l'Arkansas [1540-1542]) et la côte pacifique (Francisco de Ulloa en basse Californie en 1539). La côte orientale est reconnue par des Français (le pilote italien Giovanni da Verrazzano, au service de la France, découvre la baie de New York en 1524 ; Ribault tente une installation en Floride [1562-1565]), puis par les Anglais Hawkins (1564), Barlow (1584) et sir Walter Raleigh, avec son éphémère établissement de Virginie (1585-1589). Entre les postes français du Canada et les postes espagnols de Floride, le territoire de la future Union, dépourvu apparemment des richesses alors recherchées, est à peu près vide d'Européens au xvie siècle. Y vivent, dispersées sur toute son étendue, les nombreuses tribus d'Indiens.
Le xviie siècle
Tandis que sur la côte orientale s'installent les Européens, la recherche des fourrures et le désir de convertir les Indiens déterminent une série d'expéditions à partir du Canada : Nicolet atteint le lac Michigan (1634), le P. Allouez le lac Supérieur (1665), Louis Joliet le confluent du Mississippi et de l'Arkansas (1673), Cavelier de La Salle l'embouchure du Mississippi (1682). Ainsi naît la Louisianefrançaise.
Le xviiie siècle
La reconnaissance du pays progresse à l'ouest du fleuve, avec l'expédition de La Harpe vers la Red River et l'Arkansas (1719-1722), celle de Dutisné et Véniard de Bourgmont vers la rivière Platte et le bas Missouri (1719-1724), dont la remontée permet la jonction, dans l'actuel Dakota du Sud, avec les pays découverts à partir du Nord par La Vérendrye et ses fils (1742-1743). Dans le même temps, les Espagnols explorent la côte pacifique et atteignent San Francisco (fondée en 1776).
1.2. La fondation des colonies

Les immigrants
La colonisation de l'Amérique du Nord, 1697-1713La colonisation de l'Amérique du Nord, 1697-1713
Du fait de l'évolution économique et sociale et des bouleversements politiques et religieux de l'Angleterre au xviie siècle, les immigrants sont alors nombreux (250 000 Européens au total) : artisans et petits propriétaires ruinés ; dissidents chassés par la réaction anglicane, « cavaliers » par les « Têtes rondes », puritains par Charles II, jacobites par l'« usurpateur » Guillaume III, etc.
Les arrivants ne sont pas que des Britanniques. Peu à peu s'installent, en effet, des Polonais, des Allemands, des Néerlandais et des Scandinaves. En 1619 arrive le premier convoi de Noirs : importés régulièrement de Guinée et des Indes occidentales par des négriers et réduits à l'esclavage, ils seront 400 000 en 1760.
Des colonies aux origines diverses
Parmi les treize colonies anglaises nées entre 1607 et 1733, les unes sont créées par des compagnies de commerce : celle de Londres crée la Virginie, à la suite de la remontée de la rivière James par 105 colons, qui fondent Jamestown (1607) ; celle de Plymouth, le Massachusetts, à la suite du débarquement, en 1620, au cap Cod, d'un groupe de dissidents – les Pilgrim Fathers (pèlerins) – qui ont franchi l'Océan sur le Mayflower. Elles sont donc administrées par des gouverneurs représentant les compagnies, puis elles sont transformées en colonies royales.
D'autres se constituent à la suite du démantèlement, en 1664, des possessions hollandaises (Nieuw Amsterdam devient New York), qui donne naissance aux colonies de New York, où se sont installés les Néerlandais dès 1623 ; du Delaware, où les Néerlandais doivent laisser s'implanter les Suédois en 1638 ; du New Jerseyenfin (1664).
Certaines d'entre elles sont concédées à des propriétaires : le New Hampshire, notamment, à J. Mason, où le premier établissement britannique date de 1623 ; il en est de même du Maryland, colonisé par le catholique Calvert (1632), des deux Carolines (→  Caroline du Nord, Caroline du Sud) concédées à huit favoris de Charles II par charte royale (1663), de la Pennsylvanie, offerte par Charles II à William Penn(1681), pour régler une dette d'argent et se débarrasser des quakers encombrants, de la Géorgie, concédée par George II à James Oglethorpe, et où Savannah est fondée en 1733.
D'autres, enfin, naissent par sécession d'avec le Massachusetts, dont les non-conformistes, fuyant la théocratie autoritaire de Boston, fondent en 1635 le Connecticut avec Thomas Hooker (charte royale, 1662), et, en 1636, le Rhode Island avec Roger Williams (charte royale, 1663).
Évolution politique
Mais l'évolution politique est partout identique. D'une part, l'autorité royale tente de s'y affirmer au fur et à mesure que s'élabore à Londres une doctrine impériale (actes de navigation de 1660, 1663, 1673, 1696), soit par le rattachement direct des colonies à la Couronne (New Hampshire, 1679 ; Maryland, après la révolution de 1688 ; New Jersey, 1702 ; Caroline du sud, 1719), soit en opposant le veto royal aux décisions des assemblées locales (suppression des chartes de certaines colonies), ou, enfin, par la création d'un solide réseau d'agents des finances et des douanes.
À l'inverse, une évolution « centrifuge » dote les colonies de franchises politiques : « Assemblée des bourgeois » de Virginie (1619), « General Court » de Massachusetts, « Articles fondamentaux » du Connecticut, « Charte » du Rhode Island, « Christian Laws » du New Hampshire, « Concession » du New Jersey, « Frame of Government » de Pennsylvanie.
Le gouvernement des colonies apparaît comme un compromis entre ces deux tendances : face au gouverneur (souvent appointé et parfois nommé par l'assemblée de la colonie), assisté d'un conseil, qui représente le roi, l'assemblée élue par les colons vote le budget et ratifie les projets du conseil. Selon les colonies, l'un ou l'autre de ces pouvoirs l'emporte et l'assemblée est plus ou moins représentative (censitaire en Virginie, plus démocratique en Pennsylvanie). Dans tous les cas, la dualité des pouvoirs favorise les conflits. (→ colonisation.)
1.3. L'évolution jusqu'à l'indépendance

Les trois groupes de colonies
Dans le Nord, la Nouvelle-Angleterre (New Hampshire, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut) compte 94 000 habitants en 1700, 495 000 en 1763 (dont 19 000 esclaves). Dans un cadre presque européen s'harmonisent des activités variées : polyculture et élevage dans de petites propriétés, exploitations forestières le long des chutes, constructions navales, contrebande du bois, du rhum et de la mélasse avec les Antilles françaises, dont vivent Portsmouth et Newport. Pays des grandes villes, des universités, le Nord, bourgeois et capitaliste, d'un puritanisme rigoureux, est ouvert à toutes les influences intellectuelles.
Dans le Sud (Maryland, Virginie, Carolines, Géorgie), la population s'élève à 108 000 habitants en 1700 et à 735 000 en 1763 (dont 281 000 esclaves, renouvelés par la traite). La Virginie à elle seule compte alors 550 000 habitants. Sur d'immenses propriétés (de 2 000 à 70 000 ha en Virginie), des esclaves cultivent le tabac (Maryland, Virginie), le riz et l'indigo (Caroline du Sud, Géorgie), le tabac et le riz (Caroline du Nord). Il y a peu de villes, de ports et d'industries dans le Sud, où domine la riche aristocratie des propriétaires. Ces planteurs, qui occupent tous les postes politiques, sont des hommes durs à la tâche ; anglicans, ils sont amateurs de bonne chère et des plaisirs de la vie, ce qui leur vaut le mépris des puritains ; cultivés, ils aiment le faste et les fêtes, et se font construire de belles demeures de style néoclassique.
Dans le Centre enfin (New York, New Jersey, Delaware, Pennsylvanie), qui compte 53 000 habitants en 1700, 410 000 en 1763 (dont 23 000 esclaves), le brassage ethnique est déjà caractéristique : deux tiers de la population sont alors français (huguenots), allemands, suédois. Pays de grandes villes – dont Philadelphie –, ce groupe apparaît comme une charnière entre les deux autres.
La double menace indienne et franco-espagnole
Guerre de l'Indépendance américaine, capitulation de YorktownGuerre de l'Indépendance américaine, capitulation de Yorktown
En dépit d'efforts systématiques de destruction au xviie siècle (guerre du Connecticut et du Massachusetts contre les Indiens Pequots en 1636-1637, et guerre du roi Philippe en 1675-1676, la menace indienne demeure vive, attisée par les Canadiens, désireux de briser la concurrence des marchands anglais chez les Iroquois, fournisseurs de fourrures.
Au cours de la guerre de la Succession d'Espagne (1701-1714), prises entre les expéditions franco-espagnoles sur les Carolines à partir de Cuba et les raids franco-indiens sur la Nouvelle-Angleterre (1704-1708), les colonies résistent. Mais le traité d'Utrecht ne résout en rien le conflit qui oppose les trafiquants anglais, désireux de pénétrer outre-Allegheny, et les coureurs des bois de Montréal, désireux de conserver leurs terrains et la libre communication avec la Louisiane.
Jusqu'en 1744, les deux camps construisent une série de forts rivaux dans la région des Grands Lacs et de l'Ohio et utilisent les Indiens aux fins de massacres réciproques. L'affrontement militaire, encore localisé au cours de la guerre de la Succession d'Autriche (1740-1748), se poursuit après la paix de 1748 (capitulation de George Washington et des milices virginiennes dans Fort Necessity [juillet 1754] opposé à Fort-Duquesne).
Par sa conclusion heureuse pour l'Angleterre (traité de Paris, 1763), la guerre de Sept Ans (1756-1763) permet aux colonies anglaises d'Amérique du Nord de s'étendre, par-delà la ligne des Appalaches, jusqu'à l'Ohio et au Mississippi, dont la rive droite est à la même époque cédée par la France à l'Espagne, pour compenser l'abandon de la Floride à l'Angleterre.
La main mise de l'Angleterre
L'hypothèque française levée, les colonies se heurtent à la métropole ; celle-ci, sous l'impulsion de l'autoritaire George III, veut exploiter sa victoire de 1763 et affirmer son pouvoir à leur égard en rendant plus efficace la politique d'exclusif colonial dont le Board of Trade (ministère du Commerce) a la charge depuis 1696.
Dans ce sens sont adoptées plusieurs mesures :
– répression accrue de la contrebande par les agents des douanes, autorisés à perquisitionner par les writs of assistance, afin de faire respecter la loi Grenville sur les sucres (Sugar Act, 1764) ;
– nouvel impôt intérieur (institué par le Stamp Act, ou loi du timbre, de 1765), frappant les actes publics et les journaux ;
– entretien d'une troupe de 10 000 hommes ;
– versement d'un traitement fixe aux gouverneurs, ainsi soustraits au bon vouloir des assemblées.
La première mesure heurte les colons américains, mais n'outrepasse pas les droits royaux ; les autres, en revanche, sous la fiction légale d'une approbation du Parlement, théoriquement représentatif de l'empire, mais où ne siège aucun Américain, violent le principe essentiel du consentement à l'impôt des colonies.
Vers la guerre de l'Indépendance
La guerre de l'Indépendance américaineLa guerre de l'Indépendance américaine
Les « sujets » d'Amérique ripostent aux mesures de George III par l'affirmation de leurs droits (« Résolutions » de l'assemblée de Virginie, 30 mai 1765), par le boycott des produits anglais et les autodafés d'actes notariés (New York, Philadelphie, Boston), par un congrès à New York, qui adresse au roi une pétition : la loi Grenville et la loi sur le timbre sont finalement retirées (mars 1766), non sans que le gouvernement anglais, désireux de masquer son recul, énonce, par le Declaratory Act, sa totale compétence en matière de législation coloniale.
Les lois Townshend (mai 1767) relèvent les droits sur une série de produits ; elles provoquent une opposition plus violente (réprimée par le massacre de Boston, 5 mars 1770) et doivent être abrogées. Lorsque la Compagnie des Indes orientales obtient le monopole de la vente du thé en Amérique (1773), les négociants contrebandiers de la Nouvelle-Angleterre refusent d'acheminer les cargaisons de thé ou les détruisent (Boston tea party, 16 décembre 1773) etc.
La Couronne, défiée, réagit par cinq lois répressives (the Intolerable Acts), frappant surtout Boston et le Massachusetts ; en outre, elle étend les droits des Canadiens catholiques sur le pays de l'Ohio, au détriment de la Nouvelle-Angleterre (Acte de Québec). Tandis que se réunit à Philadelphie le premier Congrès continental (5 septembre-26 octobre 1774), qui rédige une série d'adresses (au roi, au peuple canadien) et une déclaration des droits du contribuable américain, l'opposition radicale organise dans les colonies des milices et des réseaux armés. Le massacre de la colonne anglaise du général Gage, à Lexington, le blocus de Boston par 16 000 miliciens (20 avril 1775) ouvrent la guerre de l'Indépendance (1775-1783), à laquelle la Déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776 donnera un sens précis et qui s'achèvera avec la défaite des troupes royales.
2. Naissance de la nation américaine et évolution jusqu'en 1865

Entrée des États dans l'UnionEntrée des États dans l'Union
La paix de Paris (3 septembre 1783) reconnaît l'existence de la République fédérée des États-Unis.
2.1. La vie politique

Répondant à l'invitation du deuxième Congrès continental (réuni le 10 mai 1775), plusieurs États ont réformé leurs institutions dans un sens plus démocratique. En pleine guerre, un essai de gouvernement confédéral a été amorcé avec les « Articles de confédération », qui entrent en vigueur en 1781 ; mais le Congrès, composé des ambassadeurs de chaque État, ne possède ni pouvoir exécutif ni pouvoir judiciaire ; rien n'est prévu pour réglementer le commerce entre les États ; il ne dispose d'aucune ressource financière propre.
Les difficultés, à cette date, sont pourtant innombrables : paiement des soldes aux militaires ; inflation de papier-monnaie dans certains États ; échec des missions de Jefferson à Paris et de Jay à Madrid, à la recherche d'un prêt ; refus systématique des États d'accorder quelque revenu au Congrès en acceptant l'établissement de tarifs douaniers. À l'ouest des Appalaches, où, dès 1763, progressait la colonisation de la vallée de l'Ohio et d'outre-Ohio (fondation de Louisville en 1778 et de Cincinnati en 1789-1790), quel serait le régime des terres ? Seraient-elles livrées à la compétence des États – donc à certaines oligarchies – ou, passant sous la compétence du Congrès, seraient-elles ainsi ouvertes au petit peuple du Nord-Est ruiné par la guerre ? Finalement, après l'ordonnance de 1785, celle du 13 juillet 1787 (ordonnance du Nord-Ouest) qui spécifie que les territoires situés à l'est du Mississippi, cédés par l'Angleterre au traité de Versailles (1783) et peuplés déjà d'environ 100 000 colons américains, seront considérés comme propriété fédérale et découpés (géométriquement) en territoires fédéraux, puis autonomes. Ils pourront être érigés en États quand ils seront peuplés de plus de 60 000 citoyens : le Vermont devait être le premier (1791) et Hawaii le dernier territoire (1959) à bénéficier de cette disposition. Mais ces progrès mêmes ne vont pas sans conflit avec les Indiens Cherokees (1774, 1776) et Iroquois (1778, 1779), avec les Espagnols aussi à propos de la libre navigation sur le Mississippi.

La Constitution des États-UnisLa Constitution des États-Unis
L'urgence de nouvelles institutions provoque la réunion de la convention d'Annapolis (septembre 1786), qui décide l'élection de la convention de Philadelphie. Les 55 membres siégeant (sur 65 délégués élus par les assemblées législatives des États) élaborent la Constitution fédérale des États-Unis (17 septembre 1787), encore en vigueur aujourd'hui. Œuvre de compromis, elle affirme l'existence d'une nation américaine formée d'États indépendants, mais non souverains ; elle vise à assurer, dans le respect des autonomies, la défense commune et la sauvegarde de l'intérêt général. La séparation des pouvoirs est rigoureuse, mais, à côté d'un congrès bicamériste, sont créées une présidence, qui doit appliquer les lois, et une cour suprême.

George WashingtonGeorge Washington
Les États ratifient la nouvelle Constitution de 1787 à 1790 dans des assemblées populaires, où s'affrontent fédéralistes et antifédéralistes. George Washington est porté à la présidence des États-Unis et entre en fonctions le 30 avril 1789. Mais, presque aussitôt, naissent des difficultés quant à l'interprétation de la Constitution, entre fédéralistes et républicains. Les premiers, qui restent au pouvoir de 1789 à 1801, sont partisans d'un gouvernement fédéral fort et ont pour chef de file Alexander Hamilton, secrétaire au Trésor de George Washington. Admirateurs du système oligarchique anglais, s'appuyant sur les armateurs, commerçants et négociants du Nord-Est, ils renforcent le pouvoir central : création d'une Banque d'État (1791), d'une monnaie stable, le dollar, et de ressources régulières, grâce aux douanes. D'abord neutralistes (Déclaration de neutralité, 22 avril 1793 ; « Adresse d'adieu » de George Washington [1796], qui ne se représente pas aux élections, excédé par les critiques dont il est l'objet), les fédéralistes, qui ont conclu un accord commercial avec Londres (traité Jay, 1794), rompent avec le Directoire (1798) ; leur hostilité envers la Révolution française s'est accrue depuis l'exécution de Louis XVI, dont l'intervention avait rendu possible l'indépendance des États-Unis.

Thomas JeffersonThomas Jefferson
À cette politique s'oppose celle des républicains, petits propriétaires ruraux ou citoyens des petits États, planteurs du Sud soucieux de sauvegarder leurs franchises. Jacobins d'idéologie et de vocabulaire, ils enlèvent aux fédéralistes et à John Adams la présidence, à laquelle accède, en 1801, Thomas Jefferson, l'un des pères de la Confédération, ancien secrétaire d'État (d'ailleurs démissionnaire en 1793) de Washington. Les républicains, une fois au pouvoir, évoluent très vite, leur politique s'orientant par nécessité vers un renforcement du gouvernement central. Ainsi s'effacent les divergences les opposant aux fédéralistes ; d'ailleurs, les Américains vont être absorbés, malgré le désir de Jefferson (acte de non-intercourse, interdisant tout trafic avec l'Angleterre et la France), par la seconde guerre de l'Indépendance. Celle-ci est suscitée par les Anglais, qui ont soudoyé la révolte du chef indien Tecumseh (1810-1811) dans l'Indiana ; leur Amirauté a commis l'erreur, d'autre part, d'enrôler de force des marins et d'arraisonner des navires américains sous prétexte de droit de visite (lutte contre la contrebande de guerre dans le cadre du blocus mis en place contre Napoléon Ier).

James MonroeJames Monroe
Ce conflit, les craintes suscitées par la prise et l'incendie de Washington (1814), enfin la victoire finale, consacrée par le traité de Gand (1814) et le succès du général Jackson à La Nouvelle-Orléans (janvier 1815), contribuent à renforcer l'orgueil national au détriment des luttes de parti. Ainsi s'ouvre, sous les successeurs et disciples de Jefferson, James Madison (1809-1817) et James Monroe (1817-1825), qui forment avec lui la dynastie virginienne, l'« Ère des bons sentiments » (Era of good feelings). Désireux de s'assurer le contrôle exclusif de l'espace continental, politique ou économique américain en restant liés aux jeunes États hispano-américains, redoutant pour eux une Sainte-Alliance européenne, les États-Unis, par la ferme déclaration de Monroe, « l'Amérique aux Américains » (2 décembre 1823), réaffirment à la fois leur volonté de neutralité et leur opposition à toute ingérence européenne.
2.2. L'expansion territoriale

Pendant cette période d'apaisement des luttes politiques, toutes les énergies américaines ont été absorbées par la poussée vers l'ouest. Jusqu'en 1803, cette dernière avait été empêchée par la présence du Canada britannique au nord, de la Louisiane à l'ouest, de la Floride au sud. Or, profitant de la rétrocession par l'Espagne de la Louisiane à la France (convention de San Ildefonso, 1er octobre 1800) et de l'impossibilité pour celle-ci de la conserver, Jefferson avait acheté ce territoire au Premier consul pour 15 millions de dollars (30 avril 1803) : la superficie de l'Union est ainsi doublée. Cette acquisition permettra la création de treize nouveaux États, dont la frontière avec le Canada sera fixée en 1818, entre le lac Supérieur et les montagnes Rocheuses, au 49e parallèle. D'autre part, déjà maîtres de la Floride occidentale (1810), les États-Unis, après la guerre victorieuse menée par le général Jackson contre les Séminoles, aux confins de l'Alabama et de la Géorgie (1818), contraignent Ferdinand VII d'Espagne à leur céder le reste de la Floride, à renoncer à l'Oregon, dont le sort sera contesté jusqu'au règlement définitif de 1846, et à fixer la frontière septentrionale du Mexique.
Ayant enfin accès au golfe du Mexique et aux bouches du Mississippi, les États-Unis poursuivent leur expansion territoriale au détriment du Mexique, héritier de la puissance coloniale hispanique : reconnaissance (1837), puis annexion (1845) de la république du Texas, fondée en 1835-1836 par les colons que menaçait la législation mexicaine antiesclavagiste de 1829 ; guerre contre le Mexique (1846 -1848), voulue par des annexionnistes trop hardis, malgré les réserves du Congrès devant les risques de déséquilibre interne rendus possibles par l'incorporation d'États esclavagistes ; finalement, cession, pour 15 millions de dollars, du Texas, du Nouveau-Mexique (y compris l'Arizona et le Colorado) et de la Californie (traité de Guadalupe Hidalgo, 2 février 1848) ; une rectification de frontière au sud du Nouveau-Mexique fixera définitivement les limites méridionales des États-Unis (convention Gadsden, 1853).
En même temps qu'ils achèvent leur expansion territoriale vers le sud et le sud-ouest, les États-Unis obtiennent que soient précisées leurs frontières avec le Canada, d'abord entre l'océan Atlantique et le Saint-Laurent (1842), ensuite entre les montagnes Rocheuses et l'océan Pacifique (1846), ce qui permet l'érection de l'Oregon en territoire fédéral (1848). Sans doute le cadre territorial ainsi délimité n'est-il pas rempli : pourtant, la création du territoire de l'Utah (1850) permet d'établir un noyau de peuplement au cœur de l'Union et dans une de ses régions les plus inaccessibles.
2.3. Le peuplement et la mise en valeur

Parallèlement se développe le peuplement de l'espace américain à partir de l'océan Atlantique et des Appalaches. Ayant d'abord progressé surtout par le simple croît naturel (4 millions d'habitants en 1789 ; 7 300 000 en 1810 ; 9 600 000 en 1820 ; 17 millions en 1840 ; 24 millions en 1850), la population augmente ensuite plus rapidement grâce à l'immigration : celle-ci, déjà importante depuis la crise économique de 1817 en Europe, fournit au moins 250 000 arrivants par an au milieu du siècle (31 millions d'habitants en 1860). La progression vers l'ouest est alors surtout le fait d'Anglo-Saxons, de Scandinaves ou de Néerlandais, et particulièrement des éléments qui, par leur fortune, leur compétence technique (agriculteurs), leur puissance numérique et leur cohésion morale (communautés fouriéristes du Texas, bonapartistes du Champ d'Asile), n'hésitent pas à tenter l'aventure de la colonisation loin de tout pays habité, tandis que les immigrants les plus pauvres cherchent immédiatement du travail dans les villes côtières.
Cette colonisation se fait souvent en deux temps. Les nouveaux immigrants, qui arrivent en vagues ethniques d'origines différentes, vont se fixer en grand nombre dans les États de la côte atlantique, leur donnant un peuplement plus hétérogène : Anglo-Saxons et Néerlandais jusqu'en 1845 ; Allemands (bientôt groupés autour de Chicago) ; Irlandais (crise de la pomme de terre en Irlande en 1846), qui, se concentrant à New York, en font la première ville irlandaise du monde, et Scandinaves, qui se fixent davantage dans la Prairie ; Latins et Slaves, en nombre considérable, de 1890 à 1914 puis moindre de 1919 à 1920, avant l'application de la loi sur les quotas de 1921. Mais ces immigrants prennent la relève des premiers colons, Américains de souche, qui abandonnent leurs terres pour progresser plus loin vers l'ouest, n'hésitant pas parfois à répéter l'expérience de défrichement deux ou trois fois dans leur vie (cas du père de Lincoln).
Refoulant les Indiens, dont on décide d'ailleurs le transfert à l'ouest du Mississippi (1830) pour arrêter leurs incursions, les pionniers se lancent, en vagues successives (trappeurs, éleveurs, défricheurs, enfin fermiers), à la conquête de la Prairie, jusqu'à ce que, à la fin du siècle, la ligne montante du front pionnier(la « Frontière »), qui avait atteint le 98e méridien en 1865, ait enfin rejoint les zones de peuplement s'épanouissant autour des ports du littoral pacifique. Cette progression se fait selon certains axes naturels : passes des Appalaches ; vallée de l'Ohio, descendue jusqu'au Mississippi par des bateaux à fond plat, les flatboats, dont les planches servent ensuite à l'édification de cabanes ; pistes de chasseurs, parfois même de bisons, parcourues plus à l'ouest par des wagons bâchés traînés par des bœufs ou des chevaux. Au croisement des pistes, à la traversée des fleuves, naissent, au centre des clairières ménagées par les premiers arrivants, de petites agglomérations, qui seront autant de foyers de fixation de la vie agricole et de points de départ pour une nouvelle progression vers l'ouest.
Le cadre de cette progression a d'ailleurs été déterminé par l'ordonnance du Nord-Ouest (1787).
Les territoires cédés par l'État, en fonction de celle-ci (et vendus en moyenne un dollar l'acre), sont cadastrés et découpés en parcelles numérotées qui ont toutes la même superficie et la même forme, ce qui donne aux campagnes américaines leur aspect géométrique si caractéristique. Un droit de préemption est seulement réservé au premier occupant, et, si celui-ci ne peut se porter acquéreur, il est autorisé à se faire verser une indemnité de mise en valeur par celui qui devient propriétaire de la terre.
Mais la progression des pionniers s'est faite le long de voies naturelles relativement primitives, qui ne suffisent plus au ravitaillement et ne maintiennent plus des liens assez solides entre les nouveaux territoires ou États et la Fédération. Le sort de l'Union dépend, en fait, de leur cohésion, et celle-ci est liée au développement de voies de communication modernes. Cette nécessité entraîne le développement de la navigation à vapeur, grâce au monopole acquis par Fulton (Hudson, 1807 ; Ohio et Mississippi, 1811), celui des canaux (canal de l'Érié, ouvert en 1825), des routes et des voies ferrées (7 000 km en 1840 ; 48 000 km en 1860 ; 127 000 km en 1874) – voies de communication qui toutes s'étirent d'est en ouest à partir de trois villes rivales : Baltimore, Philadelphie et surtout New York (favorisée par le canal de l'Érié). Les conséquences de cette expansion intérieure sont triples. En premier lieu, elle modifie l'équilibre politique traditionnel des États-Unis, qui reposait sur la dualité Sud-Nord. L'influence du « Vieux Sud » diminue dans le cadre de l'Union (37,5 % de la population en 1810 ; 23 % en 1840), alors que le nord, qui perd sa prédominance agricole (maintien seulement de l'élevage), devient la région la plus peuplée de l'Union (39 % en 1840) et puise dans son industrialisation rapide (textiles en Nouvelle-Angleterre, métallurgie dans les États de New York et de Pennsylvanie après 1850) une nouvelle source de puissance, malgré les problèmes posés par l'apparition d'un prolétariat ouvrier. Entre ces deux « sections » de l'Union, qui s'opposent sur tous les plans, apparaît l'Ouest (37 % de la population en 1840), qui, équipé de moissonneuses McCormick depuis 1848, est devenu en 1860 le grand producteur de blé (60 %), de maïs (48 %), de bœufs (Iowa, Illinois), de porcs (Illinois), de whisky (Cincinnati). Chicago (8 000 habitants en 1837, 110 000 en 1860) est la capitale de cette dynamique région, dont l'équilibre économique reste pourtant instable et dont les fermiers, très souvent endettés, contribuent par leurs votes à renverser les majorités traditionnelles. Seul le « Far West » reste encore à l'écart de la vie politique du pays (débuts de l'agriculture californienne et du peuplement de l'Oregon), malgré la ruée vers l'or, qui, de 1850 à 1860, porte sa population à 400 000 personnes.

Andrew JacksonAndrew Jackson
Dès 1824, cette puissance électorale des pionniers de l'Ouest, débiteurs de la Banque d'État, et des prêteurs du Nord-Est se manifeste quand ils portent leurs voix sur le général Jackson, chef du nouveau parti démocrate, constitué par les éléments les plus dynamiques de l'aile gauche du parti républicain, déçus du rapprochement qui s'est révélé dans les faits entre les programmes fédéralistes et républicains. Les gens de l'Ouest, n'ayant pu faire entrer leur candidat à la Maison-Blanche, faute de la majorité absolue (le président est John Quincy Adams, en fonctions de 1825 à 1829), renouvellent leur vote en 1828, mais avec succès, et assurent la présidence pour huit ans à Andrew Jackson (1829-1837) et pour quarante ans au parti démocrate, à l'exception de l'intermède whig de 1841 à 1845 (avec William Henry Harrison et John Tyler) ; le caucus est supprimé, le « système des dépouilles » ou spoils-system (octroi des places aux membres du parti arrivé au pouvoir) instauré partout, la Banque fédérale abolie (1836) ; ainsi, les institutions se démocratisent rapidement.
L'ultime conséquence de l'expansion vers l'ouest est l'aggravation de la rivalité entre le Sud et le Nord. Le Sud est agricole, grand producteur de coton et, par voie de conséquence, esclavagiste et libre-échangiste. En revanche, le Nord est protectionniste (tarifs de 1816 à 1824) et antiesclavagiste, prohibitionniste et féministe par conviction puritaine ; enfin, avec Henry Clay, il reçoit l'appui de l'Ouest, dont la production agricole, encore trop jeune, ne peut se passer de tarification douanière. Or, justement, l'expansion vers l'ouest, en provoquant la création de nouveaux États, menace d'isolement le Sud à l'intérieur de l'Union, qui a pâti de l'ordonnance du Nord-Ouest de 1787, ainsi que de l'abolition de la traite (1808). À deux reprises, Henry Clay sauve l'union des États-Unis. Une première fois grâce au compromis du Missouri : le Maine antiesclavagiste et le Missouri esclavagiste sont admis également dans l'Union, les admissions se faisant désormais par couples d'États opposés ; l'esclavage est interdit à l'ouest du Mississippi et au nord du parallèle 36°35′ (1820). Il la sauve une seconde fois en 1850 : reconnaissance de la Californie comme État libre ; liberté de choix en Utah et au Nouveau-Mexique ; loi sévère contre les esclaves qui se sont réfugiés dans le Nord. Mais cette concession ne satisfait pas le Sud, qui, avec Calhoun, ancien vice-président de Jackson, envisage une possible sécession pacifique, malgré un ultime compromis, le Kansas-Nebraska Act (1854), proposé par le sénateur Douglas, laissant toute latitude aux États d'être ou non esclavagistes. Cette solution aboutit à un drame, qui éclate au Kansas, où colons sudistes, puis nordistes se précipitent tour à tour pour donner à ce territoire récemment érigé en État une Constitution esclavagiste, puis antiesclavagiste : l'affaire se termine par une guerre civile (1854-1856) et facilite la création d'un nouveau parti républicain, résolument antiesclavagiste (1854).
2.4. La guerre de Sécession

La guerre de SécessionLa guerre de Sécession
Le Sud avait réussi à compenser son infériorité numérique par le contrôle politique qu'il exerçait sur le pouvoir, en particulier en faisant élire deux des siens à la présidence, Franklin Pierce (1853-1857), puis James Buchanan (1857-1861) : aussi ne s'était-il pas inquiété de la limitation imposée à la multiplication des États esclavagistes par le compromis du Missouri (1820) et par celui de 1850.
Mais, peu à peu, une atmosphère favorable à la sécession se crée, d'autant plus facilement qu'apparaissent sur la scène politique de jeunes générations que n'unissent plus, par-delà les divergences politiques, les liens tissés pendant la guerre de l'Indépendance. Aux « Mangeurs de feu », groupés autour de Jefferson Davis, partisans de l'extension de l'esclavage et de la scission, dans le cas où les sudistes seraient exclus de la présidence, s'opposent les Free-Soilers, tels Sumner, Seward, Chase, etc., partisans du maintien, même par la force, de l'Union.
Dans cette atmosphère tendue, plusieurs incidents se produisent : le conflit sanglant du Kansas (1854), la crise financière de 1857, qui affecte en particulier les compagnies de chemin de fer et souligne la nécessité d'un renforcement du protectionnisme douanier, enfin les affaires Dred Scott (Noir réfugié dans le nord et replacé en esclavage par un arrêt de la Cour suprême, 1857) et John Brown (évangéliste du Nord pendu par les nordistes pour avoir tenté d'armer les Noirs de Virginie, 1859) aboutissent à la scission du parti démocrate, sur l'initiative de son chef, Douglas. Cette scission est d'autant plus grave pour les sudistes qu'elle survient à l'heure même où le nouveau parti républicain – fondé en 1854 par fusion des Free-Soilers et du parti whig – réussit à acquérir une forte audience dans l'opinion publique et à faire élire (1860) à la présidence des États-Unis son candidat, Abraham Lincoln.

Abraham LincolnAbraham Lincoln
Abraham Lincoln n'obtient que 40 % des voix mais l'emporte sur les démocrates, qui ont présenté deux candidats. Aussitôt les sudistes, mécontents, font sécession à l'appel de la Caroline du Sud (20 décembre 1860) et constituent les États confédérés d'Amérique (février 1861), bientôt présidés par Jefferson Davis et dont la capitale est Richmond (Virginie).
Numériquement inférieurs, les sudistes espèrent l'emporter grâce à leur cohésion ; il y a, en effet, solidarité d'intérêt entre les grands et les petits propriétaires, qui sont également possesseurs d'esclaves, et les « pauvres Blancs », qui sont d'autant plus hostiles aux Noirs que le travail servile contribue au maintien des bas salaires. En outre, l'excellence de leur commandement (la grande majorité des officiers de l'armée s'est ralliée à la sécession, et en particulier le généralissime Lee) peut faire espérer aux sudistes un succès rapide.
En revanche, la prolongation du conflit jouera en faveur des nordistes, en permettant à ces derniers de mobiliser une énorme armée (2 millions d'hommes contre 850 000), de substituer à des chefs relativement médiocres des hommes de plus grand talent (→ Grant, Sherman), et d'utiliser toutes les ressources représentées par l'énorme potentiel économique et financier du Nord-Est.
La guerre de Sécession éclate à la suite des bombardements de Fort Sumter, devant Charleston, par les sudistes (12 avril 1861). Elle va opposer, pour la première fois au monde, des armées aux effectifs approchant ou dépassant le million. Après des échecs initiaux, les nordistes l'emportent à partir de 1863, et, en 1865, le généralissime sudiste, Lee, sollicite un armistice, qui met fin à la guerre (9 avril).
Celle-ci a coûté à l'Union 617 000 morts, dévasté le Sud et provoqué une inflation, particulièrement dangereuse dans le Sud. Elle a affaibli momentanément la position internationale des États-Unis sur le double plan diplomatique et économique, en rendant possible l'essai de constitution par Napoléon III d'un empire latin et catholique au Mexique : celui-ci, fournisseur de coton, était destiné – espérait-on – à faire contrepoids, en Amérique centrale, à la puissance nord-américaine, anglo-saxonne et protestante, et à permettre à l'Europe d'échapper au monopole cotonnier des États-Unis (→ guerre du Mexique, 1862-1867). Ce monopole, d'ailleurs, les planteurs sudistes ne le rétabliront jamais intégralement : les industries textiles européennes, ayant pris l'habitude de s'adresser à d'autres pays producteurs.
3. Les États-Unis de 1865 à 1914

3.1. La Reconstruction (1865-1877)

La guerre de Sécession a eu pour première conséquence, malgré les hésitations de Lincoln et l'opposition de certains démocrates du Nord (les copperheads, « têtes cuivrées », du nom d'un serpent), l'abolition de l'esclavage, mesure préparée dès le 22 septembre 1862, appliquée à partir du 1er janvier 1863, et légalisée le 31 janvier 1865 par le vote du 13e amendement.
Mais Lincoln est assassiné cinq jours après la victoire (14 avril 1865), et son successeur, un démocrate sudiste hostile à la sécession et rallié aux républicains, Andrew Johnson (1865-1869), se trouve dans l'impossibilité de faire triompher, face à l'armée et au Congrès, le généreux programme de reconstruction de Lincoln. Ce dernier, dans son discours du 8 décembre 1863, envisageait d'amnistier tous les sudistes qui jureraient de respecter la Constitution et les décrets d'émancipation, et leur donnait le droit d'élire un gouvernement lorsque 10 % seulement d'entre eux auraient prêté ce serment.
Dès décembre 1865, dix gouvernements sudistes sont reconstitués après avoir souscrit à ces conditions, que seul le Texas rejette. Mais les plus intransigeants des républicains, les radicaux, dirigés par un métallurgiste, Thaddeus Stevens, un banquier, Jay Cooke, veulent imposer des conditions beaucoup plus rigoureuses (égalité raciale absolue), car ils redoutent une coalition de l'Ouest et du Sud, agricoles, contraire à leurs intérêts économiques (maintien d'un haut protectionnisme douanier, nécessaire à l'épanouissement industriel du Nord et de l'Est).

Ulysses Simpson GrantUlysses Simpson Grant
Les radicaux contrôlent le Congrès, et ils imposent quatre mesures qui orientent dans un sens répressif la reconstruction :
– création en mars 1865 d'un freedmen's bureau (bureau des affranchis), chargé de louer et même de vendre aux Noirs des terres confisquées, par lots de 40 acres ;
– vote du 14e amendement annulant la dette des États confédérés, réduisant leur représentation au Congrès en proportion du nombre de leurs citoyens privés du droit de vote, et enlevant les droits politiques aux fonctionnaires rebelles (13 juin 1866) ;
– vote du Reconstruction Act du 2 mars 1867, qui proclame la dissolution des gouvernements sudistes reconstitués par Johnson en 1865, confie l'administration de leur territoire pour une durée temporaire, mais indéterminée, à cinq commandants militaires relevant du général Grant, et non du président Johnson, et soumet la restauration de la représentation au Congrès à l'acceptation préalable et définitive par chaque État du 14e amendement et du droit de vote des Noirs ;
– enfin, vote, en 1869, du 15e amendement, interdisant toute discrimination raciale dans l'exercice du droit de vote, amendement que seule la Géorgie refuse de ratifier, ce qui explique qu'après l'achèvement de la deuxième Reconstruction (1869-1870) une troisième doit être effectuée par ce seul État (janvier 1871).
Ces quatre mesures peuvent être appliquées dans toute leur vigueur quand les radicaux, qui ont tenté en vain de mettre en accusation le président Johnson, hostile à leur programme (mars 1868), réussissent à faire élire à la présidence le général Grant, héros de la guerre de Sécession (1869-1877).
Elles suscitent très rapidement le mécontentement du Sud. Le 14e amendement ayant entraîné l'effacement total du personnel politique sudiste, les derniers États révoltés voient arriver au pouvoir les carpetbaggers (aventuriers nordistes de la même famille que les pionniers de l'Ouest), les scalawags (sudistes favorables à la cause des Noirs, et qui n'acceptent pas la domination des planteurs) et les Noirs. Tous empêchent le retour au pouvoir des planteurs. Ceux-ci réagissent en constituant des sociétés secrètes (chevaliers du Camélia blanc, Ku Klux Klan, fondé dès 1866), dont les membres attaquent les carpetbaggers et les scalawags, et usent de l'intimidation, de la menace ou du lynchage pour contraindre les Noirs à s'abstenir.
Par ces procédés, et malgré la dissolution officielle du Ku Klux Klan (1871), les sudistes, amnistiés en grand nombre (loi de 1872), réussissent à reconquérir le contrôle de leurs parlements dès 1874. Ils assurent alors leur maintien définitif au pouvoir en votant des lois d'exception (1883-1890), qui écartent les Noirs du scrutin sans violer la Constitution et ses amendements (obligation, pour voter, d'avoir eu un grand-père citoyen américain, un père électeur avant 1861, ou de savoir lire, écrire et commenter la Constitution), tandis que des mesures de ségrégation sont appliquées dans les transports en commun, les écoles, les théâtres, etc.
3.2. L'expansion intérieure américaine (1877-1914)

La guerre de Sécession a lourdement altéré l'économie américaine : destruction des plantations de coton ; dette de guerre très lourde ; crise inflationniste très violente, à la fois dans le Sud, dont la monnaie a perdu 98,4 % de sa valeur en 1865, et dans le Nord, où l'on a émis du papier-monnaie ayant cours forcé, les greenbacks.
La reconstitution des plantations de coton est une œuvre de longue haleine et ne peut être menée à bien que par le morcellement des terres ou par l'appel aux anciens esclaves, auxquels est reconnu un statut proche du métayage. La dette de guerre est apurée rapidement, grâce à la conversion des bons à court terme en bons du trésor à long terme, dont l'intérêt, servi grâce au renforcement des tarifs douaniers, est versé en espèces et non pas en greenbacks. Ceux-ci ne seront retirés pratiquement de la circulation qu'en 1879. Cette circulation fiduciaire accrue a d'ailleurs permis aux agriculteurs de l'Ouest de rembourser leurs dettes dans une monnaie dépréciée.
En rétablissant la convertibilité en or des greenbacks et en achevant de démonétiser l'argent en 1873, à l'heure même où la crise économique européenne atteint les États-Unis (affaire du Crédit mobilier), provoquant l'effondrement de la banque Jay Cooke de Philadelphie et de 5 000 maisons de commerce, les radicaux, qui agissent à l'instigation des industriels du Nord et de l'Est, rejettent dans l'opposition démocrate non seulement les ouvriers du Nord, réduits au chômage par la crise et par la concurrence des nouveaux émigrants, mais aussi de nombreux fermiers de l'Ouest, de plus en plus attachés au bimétallisme, et auxquels il faut donner partiellement satisfaction (Bland-Allison Act de janvier 1878) à la suite de l'élection difficile à la présidence du candidat républicain Hayes (1876).
Malgré les difficultés éprouvées par les républicains, et qui s'expliquent d'ailleurs largement par la confusion qui règne dans les milieux gouvernementaux (scandale sur le whisky, dans lequel a été inquiété le secrétaire particulier de Grant [1875]), l'expansion économique progresse à un rythme rapide. En raison tout d'abord de l'accélération du peuplement par accroissement naturel et surtout par l'immigration, favorisée par le Homestead Act (1862) allouant un terrain de 160 acres à toute personne qui l'aurait cultivé au moins pendant cinq ans ; aussi compte-t-on 3 millions d'arrivants de 1870 à 1880, 5 millions de 1880 à 1890, 8 millions de 1890 à 1900, 8 800 000 de 1900 à 1910, et 4 200 000 de 1910 à 1914, dont les neuf dixièmes sont européens, avec des arrivées annuelles supérieures à 1 million d'immigrants à partir de 1905, ce qui porte la population des États-Unis à 38 millions d'habitants en 1870, 50 millions en 1880, 76 millions en 1900 et 95 millions en 1914.
L'autre cause de cette expansion économique est l'augmentation de la capacité de production industrielle du Nord et de l'Est au cours de la guerre de Sécession. Les progrès des industries extractives et de la métallurgie lourde permettent la mise en place plus rapide d'un réseau ferroviaire assez dense (40 000 km de voies nouvelles de 1869 à 1872), ainsi que la construction, avant 1883, de quatre transcontinentaux, tandis que 30 000 km de voies navigables sont équipés. Le peuplement de l'intérieur des États-Unis s'en trouve accéléré, et de nouveaux États se constituent même dans les montagnes Rocheuses (minerais précieux) : la Frontière disparaît, et les quelques tribus indiennes qui ont survécu à l'extermination sont cantonnées dans l'Oklahoma.
L'agriculture bénéficie largement de l'achèvement de la conquête intérieure : près de 800 000km2 de terres sont mis en culture entre 1870 et 1880 et, à la fin du siècle, plus de 4 millions d'hectares sont cultivés par irrigation. Soutenus par les pouvoirs publics, les agriculteurs bénéficient, en outre, des progrès des techniques industrielles (mécanisation très poussée, surtout après 1880 ; construction, à partir de 1882, de navires et, à partir de 1890, de wagons frigorifiques rendant possible la valorisation des produits d'élevage).
Dès lors, l'agriculture américaine, qui fournit 30 % de la récolte mondiale pour les céréales (1880) et 60 % pour le coton (1890), voit ses prix de revient diminuer et ses bénéfices augmenter. Elle reste pourtant très sensible à la conjoncture à la fois internationale (surproduction et crises économiques européennes) et intérieure (rôle trop important des banques et des compagnies ferroviaires ; celles-ci, par le jeu des crédits et surtout des tarifs discriminatoires, pourtant interdits par l'Interstate Commerce Act de 1887, peuvent exercer une pression dangereuse sur le monde agricole, dont le mécontentement explique le développement du mouvement des Grangers).
Malgré son rythme d'accroissement rapide, la production agricole est dépassée en valeur par la production industrielle à partir de 1890, cette dernière étant favorisée par l'abondance des matières premières énergétiques (63 millions de tonnes de charbon en 1880, 269 en 1890 ; 26 millions de barils de pétrole en 1880, 63 en 1900) ou minérales (minerais de fer et de cuivre du lac Supérieur, etc.). La transformation rapide de ces matières premières en biens de consommation est facilitée par une mécanisation très poussée, par l'adoption de méthodes de production diminuant considérablement le coût de la main-d'œuvre, par le génie inventif des Américains (440 000 brevets de 1860 à 1890).
L'élan est donné à certaines branches de l'industrie : le téléphone, la photographie, l'automobile popularisent les noms de Bell, d'Eastman, de Ford, tandis que l'augmentation rapide de la population assure de nouveaux débouchés. Pourtant, de tels résultats ne peuvent être atteints que par la spécialisation régionale de l'industrie (50 % de la métallurgie en Pennsylvanie, 70 % de la confection pour femmes dans l'État de New York) et par la concentration des capitaux dans des trusts fondés par des self-made men, dont les plus célèbres sont ceux des chemins de fer (Jay Gould, Cornelius Vanderbilt), du pétrole (John Rockefeller), de l'acier (Andrew Carnegie et le banquier John Pierpont Morgan), etc.
Cette puissance même des milieux capitalistes, qui dominent la vie économique et politique, a pour corollaire le regroupement des travailleurs d'abord en trade-unions locales, à partir de 1870, puis en vastes associations syndicales, dont les deux plus célèbres sont les Knights of Labor (Association des chevaliers du travail), groupement secret fondé en 1869 et devenu public en 1878, et surtout l'American Federation of Labor (AFL) de Samuel Gompers, qui succède en 1886 à la Federation of Organized Trade and Labor Unions of the United States of America and Canada, créée en 1881.
3.3. L'exercice du pouvoir (1877-1896)

Pendant toute cette période, le parti républicain conserve le pouvoir, malgré des majorités très réduites et le manque de personnalité de ses présidents, à l'exception peut-être de Garfield, assassiné peu de mois après son installation à la Maison-Blanche (été 1881). Il maintient un strict protectionnisme en matière douanière (tarif de 1883, portant à 40 % les droits sur les vêtements, tissus de laine et cotonnades ; tarif McKinley de 1890, portant ces droits à 50 %, et tarif Dingley de 1897, à 55 %, tandis que les droits sur le sucre brut, fixés à 40 % par les démocrates en 1894, sont doublés).
Par ailleurs, attachés au monométallisme, les républicains se décident, pour ne pas perdre l'appui de l'Ouest, à acheter tous les mois des lingots d'argent qui seraien

 
 
 
 

ÉNERGIE RENOUVELABLE

 

énergie renouvelable
Panneaux solaires et Eolienne
Consulter aussi dans le dictionnaire : renouvelable
Cet article fait partie du dossier consacré à l'énergie.
Panneaux solaires et EoliennePanneaux solaires et Eolienne
Se dit de formes d'énergie telles que l'énergie solaire, le vent, les marées, la biomasse.
1. Généralités sur les énergies renouvelables

Longtemps exploitées, bien avant le xxe s. pour certaines d'entre elles, les énergies renouvelables sont devenues, en 1973, sujet d'actualité lors du premier « choc pétrolier ». Bénéficiant de technologies plus performantes qu'autrefois, leur extension se heurte toutefois aussi bien à de piètres rendements qu'à des coûts d'exploitation trop élevés et des intérêts industriels bien installés.
Les énergies renouvelables s'opposent aux énergies non renouvelables (énergies fossile et nucléaire). Mais la disponibilité à l'infini de ces énergies n'a de sens qu'à l'échelle humaine. En effet, il ne faut jamais perdre de vue que l'énergie, quelle que soit sa forme, est un contenu propre à une substance ou à un système, et que toute utilisation d'énergie revient à l'en retirer irrémédiablement. D'autre part, si une partie de l'énergie consommée a effectivement servi, le reste est le plus souvent perdu et se retrouve dans l'environnement, c'est-à-dire l'air ambiant, qui sert de « poubelle énergétique ».
Si bon nombre de filières énergétiques ont été proposées comme ressources possibles et solutions idéales aux problèmes de nos sociétés industrielles, il ne faut pas oublier que le sujet concerne en premier lieu le physicien qui apporte la connaissance ; puis l'ingénieur et ses savoir-faire, l'économiste et ses bilans économiques, et enfin le politique à qui revient la décision.
Quant aux diverses formes d'énergie, certaines sont mieux adaptées que d'autres à un usage donné, et la conversion mutuelle entre formes d'énergie apparaît ainsi inévitable, même si le rendement en souffre souvent considérablement, ce qui est d'autant plus pénalisant pour des énergies peu concentrées.
2. L'énergie solaire

Panneaux solairesPanneaux solaires
Ce que l'on désigne par énergie solaire est le rayonnement émis dans toutes les directions par le Soleil, et que la Terre reçoit à raison d'une puissance moyenne de 1,4 kW/m2, pour une surface perpendiculaire à la direction Terre-Soleil. Ce flux solaire est atténué lors de la traversée de l'atmosphère par absorption ou diffusion, suivant les conditions météorologiques et la latitude du lieu ; au niveau du sol, la puissance restante est de l'ordre de 1 kW/m2. La quantité d'énergie utilisable varie entre 800 et 2 500 kWh/m2/an, encore suivant le lieu.
En France, la quantité moyenne d'énergie disponible se situe entre 1 200 et 1 900 kWh/an, avec pour moyenne 1 500 kWh/an ; les régions les plus favorisées sont le quart sud-est, ainsi qu'une zone atlantique entre Nantes et Arcachon.
2.1. Le Soleil, source de vie

Le rayonnement solaire est à l'origine de la plupart des formes d'énergie que nous exploitons ; les combustibles fossiles, charbon, pétrole et gaz naturel, en sont issus, mais ne sont pas renouvelables à l'échelle de l'humanité. C'est le rayonnement solaire qui est à l'origine des cycles hydrologiques qui alimentent les cours d'eau et les flux aériens, ainsi que les marées océaniques (en liaison avec la Lune) ; c'est lui aussi qui fournit aux végétaux, la biomasse, l'énergie nécessaire à leur développement par photosynthèse. En plus de ces sources d'origine solaire indirecte, il existe des possibilités d'utilisation directe du rayonnement solaire par conversion du rayonnement en chaleur. Mais si le Soleil constitue indéniablement un énorme réservoir d'énergie, inépuisable à l'échelle humaine, son exploitation se heurte au fait qu'elle est diffusée irrégulièrement, qu'elle est de faible densité, et que le rendement de conversion est loin d'être favorable.
2.2. La conversion thermique à basse température

Les serres
Le rayonnement solaire, seule forme d'énergie transmissible à grande distance sous forme d'ondes électromagnétiques, est absorbé (inégalement) par les objets qui y sont exposés, et est converti en chaleur. Si de plus on expose des objets au rayonnement solaire à travers une paroi de verre, les fréquences correspondant au rayonnement infrarouge sont arrêtées, « piégées » par le verre : c'est ce que l'on connaît sous le nom d'effet de serre.
Les serres pour cultures florales ou maraîchères sont connues depuis longtemps ; elles assurent des récoltes précoces. L'effet de serre peut être avantageusement complété au moyen d'un réchauffage par ruissellement sur les parois, en faisant appel à la géothermie basse température ou à la récupération de rejets industriels, ceux des centrales électronucléaires par exemple.
Les capteurs solaires
Les capteurs solaires plans sont constitués d'un caisson fermé par un couvercle en verre, et renfermant une canalisation parcourue par de l'eau (fluide caloporteur). Tout l'intérieur est peint en noir de façon à absorber le maximum de rayonnement ; le rendement d'un capteur bien réalisé dépasse 50 % et permet de produire l'eau chaude sanitaire d'une habitation. La température atteinte ne dépasse pratiquement pas 80 °C. Le couplage de capteurs solaires avec un chauffe-eau électrique assure la fourniture d'eau chaude quelles que soient les conditions d'ensoleillement ; le gain d'un tel chauffe-eau solaire peut être estimé à environ 50 % de la dépense annuelle, avec un amortissement du surcoût d'installation sur une dizaine d'années.
Les capteurs à concentration permettent d'atteindre des températures supérieures à 150 °C ; une surface réfléchissante de forme cylindrique concentre le rayonnement solaire sur un récepteur parcouru par le fluide caloporteur. L'eau chaude produite peut être utilisée directement pour le chauffage de locaux, de serres, de piscines, ou à des fins industrielles. Elle peut aussi être transformée en travail mécanique ou électrique de façon très classique, avec toutefois un faible rendement dû à la température trop basse de la source chaude.
Les maisons solaires
Maison solaireMaison solaire
Le rayonnement solaire peut aussi servir à chauffer directement des locaux d'habitation ; des maisons solaires ont été expérimentées dans des sites variés, les meilleurs étant ceux qui correspondent à un ensoleillement annuel maximal. La construction doit être fermée vers le nord, ouverte au sud ; la collecte de l'énergie se fait par les murs, des panneaux solaires, et éventuellement par une serre ; un système de chauffage d'appoint doit être prévu. Les difficultés proviennent de l'irrégularité du rayonnement, suivant la latitude du lieu, la saison, l'heure de la journée, et l'état de l'atmosphère ; de plus, le soleil manque essentiellement quand on en a le plus besoin, de l'automne au printemps. Un stockage de la chaleur est donc primordial, et de préférence sur une longue période, afin d'utiliser en hiver la chaleur captée et stockée pendant l'été.
2.3. La conversion thermique à haute température

Le four solaire
Le principe mis en œuvre est la concentration du rayonnement, mais avec un facteur multiplicateur beaucoup plus grand que dans le cas précédent. Le meilleur exemple en est le four solaire d'Odeillo, créé en 1968 en Cerdagne, successeur de celui de Lavoisier, après les fours de Meudon (1946) et de Mont-Louis (1949). À Odeillo, le rayonnement solaire est capté par un « champ » de 63 miroirs plans orientables de 45 m2 chacun, puis réfléchi sur un miroir parabolique formé de 9 500 miroirs élémentaires de 0,45 m de côté courbés par contrainte mécanique. Le faisceau convergent ainsi obtenu permet d'atteindre une puissance de 1 MW, soit 1 000 fois la puissance reçue au sol ; les matériaux exposés à ce rayonnement peuvent être portés à des températures de 1 500 à 3 800 °C. Les recherches portent sur les réactions à hautes températures, les propriétés mécaniques et électriques des matériaux, la préparation d'oxydes réfractaires de grande pureté.
La centrale thermique
La centrale thermique Thémis, construite en 1976, à Targassonne, dans les Pyrénées-Orientales a permis d'étudier les problèmes liés à la conversion du rayonnement solaire en électricité. La concentration d'énergie était obtenue par des miroirs plans orientables sur une chaudière placée au sommet d'une tour. Avec comme fluide caloporteur des sels fondus portés à 450 °C et un système de stockage indispensable, la puissance électrique était de 2,5 MW. L'exploitation de Thémis a été arrêtée en 1986 (le prix de revient du kWh était alors de 10 F contre 0,23 F pour le kWh nucléaire), mais les installations sont utilisées pour des expériences d'astrophysique. En Californie, huit centrales d'une puissance totale de 275 MW produisent de l'électricité à une période de la journée qui correspond à une forte utilisation des climatiseurs, et sont relayées par des centrales thermiques au gaz.
2.4. La conversion photovoltaïque

C'est la transformation directe du rayonnement solaire en électricité dans une photopile. L'effet photovoltaïque découvert en 1839 par Antoine Becquerel est produit généralement dans des disques très minces de silicium monocristallin dont des zones superposées sont dopées par des atomes de bore et de phosphore ; une tension de 0,6 V apparaît entre ces zones. Les photons incidents entrent en collision avec les atomes de la cellule et provoquent un mouvement des charges (électrons) entre les deux zones. L'intensité du courant continu fourni est de 0,03 A/cm2 de cellule.
Avec un prix de revient de l'ordre de 5 euros le watt installé, un rendement de l'ordre de 15 % pour les photopiles industrielles, une durée de vie de 15 à 20 ans, et une grande sensibilité à l'humidité, ce type de convertisseur d'énergie est principalement intéressant pour les installations difficilement raccordables à un réseau de distribution électrique : balises, signalisation routière aérienne ou maritime, relais hertziens, systèmes de pompage, habitations isolées. Le développement des photopiles passe par une amélioration du rendement de conversion et un abaissement substantiel du prix de revient. Des matériaux autres que le silicium cristallin font l'objet de recherches et/ou de développements, tels le silicium amorphe qui revient moins cher (utilisé dans les calculettes, montres, détecteurs, capteurs) et le silicium polycristallin à l'arséniure de gallium. Il reste que, en France, un module photovoltaïque bien orienté (exposition Sud, inclinaison d'environ 30°, sans ombre portée au module) de 1 m2 fournit une puissance d'environ 100 Wc (watt crête). Une installation de 20 m2 (2 kWc), qui produira environ 2 000 kWh par an, revient en moyenne à 15 000 € TTC pose comprise. Les recettes annuelles dues à la vente du courant ne dépassent pas 300 €, l'investissement n'est donc rentable qu'après 50 ans !
Des centrales électriques sont en cours d'expérimentation en Allemagne, en Suisse, en Espagne, ainsi qu'en Italie qui détient la plus puissante pour l'Europe : 2 600 000 cellules pour une puissance de 3,3 MW.
3. L'énergie de la biomasse

La biomasse est tout ce que produisent la terre et les milieux aquatiques sous l'action du rayonnement solaire : arbres, plantes, algues. Les végétaux contiennent de l'énergie ; ils ont d'ailleurs constitué pendant des millénaires l'unique source d'énergie utilisée par l'homme : les aliments de l'homme lui-même et du bétail qui étaient les seuls moteurs, et le bois, seul combustible connu, employé avec un rendement énergétique désastreux jusqu'à la découverte des combustibles fossiles.
3.1. La conversion thermochimique

La combustion
Le bois peut être employé tel quel, comme combustible ; c'est de loin la forme d'énergie de la biomasse la plus utilisée. En France, le bois est essentiellement utilisé pour chauffer les habitations individuelles ; près de la moitié d'entre elles y ont recours, surtout en milieu rural où il est souvent peu onéreux, voire gratuit. Rappelons que la forêt recouvre 25 % de la superficie de la France. À la combustion directe s'ajoute également la pyrolyse ou carbonisation : en chauffant le bois, on obtient un gaz combustible, des produits condensables (eau et goudrons), et un résidu solide, le charbon de bois (production annuelle en France : 60 000 t). Ce charbon de bois est intéressant par sa faible densité, mais il ne contient que 30 à 50 % de l'énergie initiale du bois pyrolysé. Cependant, des installations à haut rendement, telle celle de Framatome-Cemagref implantée à Clamecy, permettent d'approcher un rendement de 90 %.
La photosynthèse
En ce qui concerne le reste de la biomasse, il faut d'abord constater qu'il s'agit d'une ressource considérablement dispersée à la surface du globe, dont la « récolte » est souvent difficile (océans, zones arides). La production végétale est liée à l'action de la lumière ; la photosynthèse réalise la conversion directe de la lumière (spectre visible du rayonnement solaire) en énergie chimique sous forme de matériaux carbonés utilisables comme aliments, fibres, matières premières industrielles, et combustibles. En moyenne, le rendement énergétique de conversion de l'énergie solaire incidente en substance végétale ne dépasse guère 2 % ; il varie selon les plantes et la région considérée.
La gazéification
La gazéification à l'air consiste à chauffer à haute température des déchets végétaux ou des ordures organiques ; on obtient un gaz combustible composé essentiellement de monoxyde de carbone et d'hydrogène. Ce gaz peut alimenter les brûleurs de chaudières pour le chauffage collectif, ou être utilisé dans des moteurs à combustion interne de type Diesel ou essence, modifiés.
La gazéification sous oxygène, technologie plus récente, permet d'obtenir de meilleurs rendements.
3.2. La conversion biochimique

Il s'agit de divers procédés de fermentation des végétaux.
La fermentation éthylique
Elle est connue depuis la plus haute antiquité ; elle fait intervenir une levure, s'applique à des jus sucrés (fruits, betterave) et produit de l'éthanol ou alcool éthylique.
La fermentation méthylique
Elle utilise, toujours sous l'action de levures, des déchets végétaux riches en amidon (ou éventuellement sucrés), et produit du méthanol ou alcool méthylique. Pour les végétaux non sucrés, la transformation préalable de l'amidon en sucres est indispensable ; elle s'obtient par traitement acide mais est très coûteuse. Éthanol et méthanol peuvent être utilisés comme carburants (biocarburants) dans les moteurs d'automobiles adaptés, après épuration (élimination de CO2 et H2S). En 2004, 33 millions de tonnes de bioéthanol ont été produites, essentiellement par le Brésil et les États-Unis qui se partagent 95 % du marché, et 2 millions de tonnes de biodiesel, essentiellement en Europe.
La fermentation anaérobie des déchets végétaux
Elle permet d'obtenir un biogaz composé de méthane CH4 (50 à 65 %) et de dioxyde de carbone CO2 ; ce même gaz est connu depuis longtemps : le gaz des marais ou feu follet se forme naturellement dans la vase sous l'action de micro-organismes et en l'absence d'air ; il se forme également par décomposition des déchets animaux, tels le fumier et le purin. La fermentation méthanique peut être obtenue artisanalement (au niveau d'une exploitation agricole par exemple) dans des digesteurs, cuves légèrement chauffées dans lesquelles on introduit le fumier avec circulation continue du purin. Le chauffage des locaux de l'exploitation peut être assuré avec un troupeau de 30 bovins ou 500 porcs. Ce procédé concourt en même temps à la dépollution de l'environnement.
D'autres conversions biochimiques
La fermentation acétonobutylique consiste à traiter des jus sucrés, de topinambour par exemple, ou riches en cellulose (pomme de terre, betterave, sorgho, canne à sucre, bois, paille, papier) ; on obtient un mélange d'acétone, d'éthanol et de butanol. Le pouvoir calorifique de ce biogaz est peu élevé, et ses inconvénients ne manquent pas dans son emploi comme carburant moteur : départs à froid difficiles, importante corrosion due au méthanol qui, de plus, est toxique.
L'éthyle-tertio-butyl-éther (ETBE) est obtenu en ajoutant de l'isobutène à l'éthanol ; il remplace le plomb comme antidétonant dans l'essence sans plomb (il augmente l'indice d'octane du carburant).
Le Diester (appellation commerciale, acronyme de Diesel et ester) est obtenu à partir du colza et du tournesol ; mélangé au gazole au taux de 5 %, il peut être utilisé sans modification dans les moteurs Diesel de faible puissance et dans les chaudières de chauffage central. Pour les installations de grande puissance, le taux de mélange peut atteindre 50 % ; les émissions de fumée sont réduites de moitié, et de plus c'est un carburant exempt de soufre. En France, plusieurs villes d'importance diverse ont équipé leur parc automobile pour l'utilisation du Diester.
La bioconversion directe est l'utilisation du rayonnement solaire pour obtenir directement des composés chimiques, sans passer par les étapes des conversions vues plus haut ; la photosynthèse artificielle par exemple permettrait, en raccourcissant la chaîne énergétique, d'élever sensiblement le rendement de conversion. On pourrait obtenir des biocombustibles, tels l'hydrogène, dont on perçoit les immenses possibilités dans l'avenir, ou des molécules spécifiques à usage pharmaceutique par exemple.
4. L'énergie des courants

Le rayonnement solaire est à l'origine des flux atmosphériques et des précipitations qui ont pour principales conséquences la formation et la circulation des cours d'eau. Ressources hydrauliques et surtout éoliennes sont les énergies les plus anciennement utilisées pour produire directement un travail mécanique.
4.1. L'énergie hydraulique

Centrale hydroélectriqueCentrale hydroélectrique
Les roues hydrauliques ont animé pendant longtemps les moulins à céréales, mais aussi des installations artisanales ou industrielles. L'invention de la turbine hydraulique puis de la dynamo et enfin de l'alternateur ont ouvert une voie importante vers l'hydroélectricité qui constitue la source d'énergie renouvelable la plus utilisée dans le monde. Le principe consiste à créer une retenue d'eau en barrant le cours d'une rivière, et à utiliser l'énergie potentielle de l'eau accumulée. Suivant la hauteur de chute, on distingue les usines de haute chute, de moyenne chute, et les usines au fil de l'eau. Différents types de turbines sont adaptés au fonctionnement optimal selon le type de chute. La production d'électricité d'origine hydraulique est d'une grande souplesse ; elle participe à la production de base des réseaux, mais peut venir également en complément aux heures de pointe grâce à sa rapidité de mise en œuvre. Si son prix de production est bas, il faut tenir compte du coût particulièrement élevé des investissements. Les barrages hydroélectriques participent également à l'écrêtement des crues.
4.2. L'énergie éolienne

ÉolienneÉolienne
L'énergie éolienne a animé les moulins depuis plus longtemps encore que l'énergie hydraulique ; c'est elle également qui gonfle les voiles des navires. Cette forme d'énergie est exploitée actuellement par des éoliennes, et est utilisée soit directement pour actionner des pompes, soit indirectement en produisant du courant électrique (aérogénérateurs). Surtout installées en milieux isolés non alimentés par un réseau de distribution, les éoliennes ont fait depuis déjà longtemps l'objet de recherches en vue de développer les aérogénérateurs. De 1947 à 1950, des études menées en liaison avec le Service des phares et balises ont permis de mieux connaître les caractéristiques du vent dans nos régions. On sait ainsi que le vent est surtout abondant près des côtes, plus fort en hiver qu'en été et le jour plus que la nuit, deux faits très intéressants pour la production électrique.
Une éolienne est constituée d'une sorte d'hélice à arbre horizontal, orientable par rapport à la direction du vent selon un axe vertical. De nombreuses éoliennes de construction extrêmement simple sont installées un peu partout dans le monde, et beaucoup actionnent un système de pompage de l'eau nécessaire aux usages domestiques ou agricoles ; une réserve d'eau peut d'ailleurs être facilement constituée afin d'en régulariser la disponibilité.
Les aérogénérateurs modernes à axe horizontal sont dotés d'hélices dont les pales ont un profil semblable à celui d'une voilure d'avion ; le vent naturel et celui dû à la rotation des pales donnent naissance à une force résultante dont l'une des composantes provoque la rotation de l'hélice tandis que l'autre est appliquée au pylône. Des aérogénérateurs à axe vertical ont été réalisés ; leur « voilure » tournante de forme générale ovoïde a également un profil d'aile d'avion, et son fonctionnement est indifférent à la direction du vent ; ils ont l'inconvénient d'être coûteux, et leur rendement est assez médiocre.
La façade atlantique de l'Europe est bien exposée aux vents, mais avec des ressources très variables d'un site à un autre, même très proche ; on estime à 1 000 Wh/m2 de surface balayée par l'hélice la disponibilité annuelle en énergie, en tenant compte des perturbations apportées aux flux aériens par le voisinage éventuel de plusieurs aérogénérateurs. La réalisation de machines de forte puissance se heurte à des difficultés dues à l'irrégularité du vent dont la vitesse peut passer de zéro à plusieurs dizaines de km/h ; c'est ainsi qu'un aérogénérateur de 100 kW, muni d'une hélice de 18 m de diamètre et installé en 1979 sur l'île d'Ouessant, a été détruit par une violente tempête.
La France, qui a une capacité de 2 455 MW (mégawatts), se situe en 8e position au rang mondial à la fin de l’année 2007 (la première étant l'Allemagne avec une capacité de 22 247 MW, suivie par les États-Unis avec 16 818 MW et l'Espagne avec 15 145 MW). La centrale éolienne de Dunkerque mise en service en 1995 comprend neuf aérogénérateurs de 300 kW produisant au total 7 000 000 de kWh/an ; chaque hélice, à trois pales en fibre de carbone et 30 m de diamètre, est placée au sommet d'un pylône de 30 m de hauteur. La centrale de Port-la-Nouvelle dans l'Aude, dont la puissance totale est de 8,8 MW, a livré au réseau près de 7 000 000 de kWh en 1994. En 2005, c'est la Haute-Loire qui possède le plus grand parc éolien de France, avec vingt-six aérogénérateurs d'une puissance unitaire de 1,5 MW (39 MW au total), tandis que l'Aveyron, en Pays belmontais, disposera d’un parc de 98 mâts pour une puissance totale de 204,3 MW à l’horizon 2010, soit l'équivalent de la consommation annuelle de 320 000 personnes. La France vise une production de 3 000 MW en 2010.
Un aérogénérateur peut également être couplé à des panneaux de photopiles et à une batterie d'accumulateurs afin d'optimiser la fourniture d'électricité ; c'est plutôt vers des unités de petite puissance associées à d'autres sources d'énergie qu'il semble intéressant de s'orienter. Remarquons enfin que si l'exploitation de l'énergie éolienne est non polluante par elle-même, les aérogénérateurs engendrent une pollution acoustique due à la rotation des pales, et une dégradation certaine des paysages.
5. L'énergie géothermique

Champ géothermiqueChamp géothermique
Le noyau de la Terre contient des éléments radioactifs tels que l'uranium dont la désintégration produit de la chaleur (radioactivité). Mis à part les manifestations naturelles parfois violentes que constituent les volcans, cette chaleur se propage vers la surface, et échauffe des nappes aquifères situées entre 500 et 2 000 m de profondeur. Ce sont les nappes les plus profondes qui sont portées à la température la plus élevée ; le gradient géothermique, qui est de l'ordre de 3 °C par 100 m, peut atteindre 100 °C par 100 m dans les zones limites de plaques. Suivant la profondeur des nappes et la température de l'eau disponible, on distingue la géothermie de très basse, basse, moyenne, et haute énergie.
5.1. La géothermie de très basse énergie

Elle est susceptible de fournir une eau à une température comprise entre 30 et 50 °C, suffisante pour assurer le chauffage de serres, et de piscines, et même le chauffage des locaux à condition de le compléter par l'appoint d'une autre source d'énergie. Étant donné la faible profondeur des nappes, les coûts de forage sont peu élevés ; la Maison de la Radio à Paris est chauffée de cette manière.
5.2. La géothermie de basse énergie

Elle exploite des nappes plus profondes : entre 1 500 et 2 000 m, et fournit de l'eau à des températures situées entre 50 et 90 °C, directement utilisable pour le chauffage. Le plus souvent, ces eaux sont fortement minéralisées, ce qui oblige à les réinjecter dans la nappe après extraction de l'énergie, et entraîne une augmentation des coûts d'exploitation ; mais cela a l'avantage de maintenir constants la pression du réservoir ainsi que le débit. Le Bassin parisien présente 38 000 km2 de nappes d'eaux salines situées entre 1 600 et 2 000 m de profondeur, représentant une puissance de 300 kW pour un débit de 100 m3/h.
5.3. La géothermie de moyenne énergie

Les nappes de moyenne énergie sont situées entre 2 000 et 2 500 m de profondeur et fournissent de l'eau entre 90 et 150 °C. En France, les principaux gisements sont en Alsace et dans les Limagnes. Mis à part le chauffage, ces nappes pourraient être utilisées pour produire de l'électricité en employant un fluide intermédiaire à bas point d'ébullition (ammoniac ou isobutane par exemple).
5.4. La géothermie de haute énergie

C'est une ressource liée au volcanisme ; elle fournit de la vapeur ou de l'eau sous pression à une température comprise entre 150 et 350 °C qui peut être directement utilisée pour actionner un turbo-alternateur. La puissance totale disponible à l'échelle mondiale est estimée à 300 000 MW, et actuellement 6 000 MW sont installés dont 45 % aux États-Unis. Les coûts d'installation et d'exploitation sont réduits et le kilowatt produit est moins cher que celui obtenu par les combustibles fossiles.
6. Les énergies de récupération

Une partie des déchets provenant des activités humaines peut être transformée de façon à utiliser l'énergie qu'ils contiennent. Les déchets combustibles (papier et cartons, bois, certaines matières plastiques) sont incinérés ; la chaleur produite permet de chauffer des locaux : la moitié des villes françaises de plus de 100 000 habitants sont chauffées ainsi.
La récupération de certains objets ou matériaux, à défaut de produire directement de l'énergie, permet d'en économiser : par exemple, les bouteilles de verre récoltées grâce au tri sélectif mis en place dans la plupart des localités permettent d’économiser de la matière première (sable et calcaire principalement), et aussi l'énergie nécessaire pour élaborer le verre car le calcin résultant du recyclage du verre fond à 1000 °C au lieu de 1500 °C pour le mélange des matières premières. De plus, l'environnement y trouve son compte.
Les activités industrielles consomment de grandes quantités d'énergie et en rejettent dans l'environnement. Ces rejets se font essentiellement à basse température, par exemple dans le cas des centrales électriques thermiques classiques ou nucléaires. Leur fonctionnement nécessite une source froide qui est soit l'eau d'un cours d'eau ou de la mer, soit l'atmosphère ; dans le premier cas, la température des eaux de rejet n'excède pas 20 °C ce qui présente peu d'intérêt, mais dans le second, elle est d'au moins 24 °C, même en saison froide ; on peut alors l'utiliser pour le chauffage de serres et même des sols.
7. Les autres sources d'énergies nouvelles

7.1. La pompe à chaleur

Chauffage domestique à airChauffage domestique à air
C'est une machine thermodynamique qui a pour fonction de transférer de l'énergie, sous forme de chaleur, d'un milieu extérieur à basse température et contenant de l'énergie bon marché vers un milieu intérieur à température plus élevée pour en accroître la température. Ce principe de fonctionnement est exactement semblable à celui d'un réfrigérateur ou d'un congélateur, les milieux (ou sources) froid et chaud étant permutés.
Une pompe à chaleur est constituée d'un circuit fermé parcouru par un fluide caloporteur qui subit des alternances de vaporisation et de condensation grâce au fonctionnement d'un compresseur. Dans l'évaporateur, ce fluide passe de l'état liquide à l'état gazeux en prélevant de l'énergie au milieu (source froide), sous forme de chaleur ; dans le condenseur, il passe de l'état gazeux à l'état liquide en cédant de l'énergie au milieu à chauffer (source chaude). La source froide peut être l'air extérieur, de l'air intérieur extrait, l'eau d'un cours d'eau ou d'un lac, ou encore le sol ; le milieu intérieur peut être l'eau d'une installation de chauffage central, ou l'air d'une installation à air pulsé. On parle de pompe à chaleur de type air-eau, ou eau-eau, etc. Le compresseur consomme une certaine quantité d'énergie, le plus souvent sous forme d'électricité fournie par le réseau de distribution, et qui est transmise à la source chaude ; mais au résultat cette source chaude reçoit plus d'énergie que ce que le compresseur a consommé ; la différence provient de la source froide, dont l'application est généralement gratuite. L'efficacité d'une pompe à chaleur s'exprime par le coefficient de performance (COP) ; c'est le rapport entre l'énergie totale fournie à la source chaude et la quantité d'énergie fournie au compresseur ; une pompe à chaleur de type air-eau a un COP voisin de 2 ; il atteint 3,5 pour le type eau-eau, la difficulté étant de trouver une source d'eau à proximité des locaux à chauffer.
7.2. L'énergie de la mer

Elle peut prendre diverses formes ; celle des marées est à la fois d'origine solaire et lunaire ; celle des vagues résulte de l'action du vent ; et enfin le gradient de température entre les eaux de surface et celles des fonds est source d'énergie thermique.
L'énergie marémotrice
Centrale électrique marémotriceCentrale électrique marémotrice
Elle ne pourrait utilement être exploitée que dans une vingtaine de sites répartis dans le monde ; il faut en effet que la différence de niveau entre basse mer et haute mer soit suffisante. En France, l'usine marémotrice de la Rance mise en service en 1966 est constituée d'un long barrage de 750 m, et haut de 27 m fermant l'estuaire de la Rance ; l'usine, interne au barrage, renferme 24 groupes bulbes réversibles de 10 MW chacun. À marée montante comme à marée descendante, l'eau traverse chaque groupe et produit de l'électricité ; pour une année, la production moyenne est de l'ordre de 550 GWh.
L'énergie des vagues
Différents procédés ont été expérimentés pour récupérer l'énergie des vagues : caissons flottants, radeaux articulés, colonnes oscillantes ; les difficultés sont nombreuses mais les résultats sont prometteurs. À Monaco, la houle actionne une pompe alimentant l'aquarium du Musée océanographique.
L'énergie thermique des mers
L'idée d'exploiter l'énergie thermique des mers revient au professeur Jacques Arsène d'Arsonval et a été expérimentée dans les années 1930 par le physicien français Georges Claude sur un cargo afin de fabriquer de la glace. Les projets, nombreux, font appel à des technologies diverses, mais la différence de température entre source froide (le fond) et source chaude (la surface) n'est que de 24 °C au mieux, et dans les mers tropicales seulement.
7.3. La fusion thermonucléaire

Des recherches sont menées dans quelques pays (États-Unis, Union européenne, Russie) sur la fusion thermonucléaire ; des noyaux légers de deutérium et tritium (isotopes de l'hydrogène) en fusionnant les uns avec les autres donnent des noyaux plus lourds d'hélium ainsi que des neutrons, la réaction s’accompagnant d’une libération d’énergie colossale (17,6 MeV). Les réactions de fusion thermonucléaire sont nombreuses dans l'Univers : elles se produisent dans les étoiles et sont à l'origine du formidable rayonnement qu'émet notre Soleil par exemple. Mais elles nécessitent des températures très élevées, de l’ordre de 100 000 000 °C, et un gaz à l'état de plasma contenu par un procédé de confinement magnétique ou inertiel. Malgré d'énormes difficultés, la communauté scientifique espère disposer, d’ici la fin du xxie s., d'une source d'énergie quasiment inépuisable (l'hydrogène étant très abondant) et parfaitement propre. Les espoirs de réaliser la fusion thermonucléaire reposent sur le réacteur expérimental ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) – projet international réunissant l’Union européenne, la Russie, le Japon, la Chine, la Corée du Sud et les États-Unis –, en construction depuis 2007 à Cadarache, en France, et dont la phase d’exploitation devrait commencer en 2018.
7.4. Les piles à combustible

Ce sont des générateurs électriques qui convertissent directement l'énergie chimique contenue dans un combustible (l'hydrogène par exemple) en électricité ; le rendement est voisin de 60 %. Le prix de revient très élevé réserve, pour l'instant, ce procédé aux missions spatiales de longue durée. Toutefois, avec l'attention portée à la protection de l'environnement et les craintes suscitées par l'appauvrissement progressif des ressources énergétiques fossiles, la pile à combustible fait l'objet d'intenses recherches. Non polluante (pas de rejets de gaz à effet de serre), silencieuse et d'un excellent rendement énergétique, elle présente d'importants atouts pour contribuer, dans le futur, à la production d'énergie (électricité et chaleur) et à la propulsion des véhicules automobiles.

 

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LES PHÉNITIENS

 

Phéniciens

Cet article fait partie du dossier consacré à la Mésopotamie.
Peuple sémitique de l'Antiquité.
Les Grecs furent les premiers à nommer « Phéniciens » les habitants de la bande côtière syro-palestinienne qui s'étire de Tell Suqas (l'antique Shukshan), au nord, à Acre (Akko), au sud. On attribue parfois au mot grec phoiniks, désignant la pourpre – colorant tiré du murex et qui représentait une grande richesse dans la haute Antiquité –, l'origine du nom des Phéniciens. Se désignant eux-mêmes plutôt comme Sidoniens ou Tyriens, du nom des cités (Sidon et Tyr) de ce petit territoire au sous-sol pauvre en matières premières, les Phéniciens ont donné naissance à une brillante civilisation et colonisé toute la Méditerranée.
1. L'influence des civilisations voisines

Peuple sémitique d'origine cananéenne, les Phéniciens ne sont attestés, en tant qu'identité indépendante et différenciée dans l'histoire, qu'à partir de 1200 avant J.-C. Auparavant, intégrés dans un vaste complexe culturel syro-palestinien, ils n'avaient pas de civilisation propre. L'archéologie situe les débuts de la période protophénicienne au Ve millénaire ; à cette époque, les habitants de Byblos connaissaient l'agriculture, pratiquaient la pêche et fabriquaient – déjà – des tissus.
1.1. Byblos

Au IIIe millénaire, à la faveur de contacts assidus avec la Mésopotamie, la Syrie du Nord et la vallée du Nil, la Phénicie s'urbanise ; Byblos, où cette évolution est bien attestée, est alors une grande cité avec une imposante enceinte, un important habitat et de nombreux sanctuaires ; deux ports, expression de sa vocation commerciale précoce, lui permettent d'entretenir d'étroites relations avec les pays voisins, y exportant bois, lin, métaux travaillés et en important étoffes, parfums, denrées alimentaires ainsi que des matières premières. Cependant, à la fin du IIIe millénaire, notamment à cause de certaines difficultés de son partenaire égyptien, le commerce extérieur de Byblos connaît un net fléchissement ; en outre, subissant peu après les contrecoups de l'invasion nomade amorrite, la cité phénicienne entre dans une phase de déclin.
Entre le xxe et le xviiie s., le commerce reprenant avec l'Égypte, Byblos retrouve sa prospérité passée, tout en subissant une certaine emprise culturelle ; la marque égyptienne, sensible dans certains aspects de la culture matérielle tels que le mobilier funéraire des tombes royales, l'iconographie des ex-voto, etc., s'accompagne alors d'une certaine subordination politique. Cependant l'hégémonie égyptienne n'empêche pas la Phénicie d'entretenir des relations commerciales avec la Syrie et la Mésopotamie.
1.2. Une cité sous influence égyptienne

La prépondérance égyptienne sur Byblos s'atténue pendant la période où les pharaons sont évincés par les Hyksos, venus d'Asie, puis est renouvelée au milieu du IIe millénaire, alors que, dans le reste de la Phénicie, se fait sentir l'influence des Sémites de Mésopotamie, des Asiatiques (Hourrites, Mitanniens, Hittites) et aussi des Égéens (Crétois et Mycéniens). Cette ouverture de la Phénicie à de nouvelles influences culturelles est attestée sur le site d'Ougarit (aujourd'hui Ras Shamra, en Syrie) par une architecture palatiale de type mycénien. Durant une bonne partie de la seconde moitié du IIe millénaire, cette cité de Phénicie septentrionale, tirant profit de ses contacts étroits avec les Égyptiens, les Hittites, les Crétois et les Mycéniens, forme un État puissant et organisé.
2. Un ensemble de cités indépendantes

CarthageCarthage
Au xiie s., après l'invasion des Peuples de la Mer, les grands empires entrent peu à peu en décadence : pour la Phénicie, une nouvelle histoire commence. Disposant d'une langue, d'une religion, d'un art et d'une organisation politique qui la différencient, la Phénicie n'est cependant qu'un agrégat d'États concurrents. Comme en Grèce, la cité phénicienne est une entité autonome politiquement, limitée géographiquement à un territoire comprenant une ville, un port et la campagne environnante. Les plus importantes cités, Byblos, Sidon ou Arados, n'hésitent plus à défendre leur autonomie, bravant tantôt les Assyriens, tantôt les Égyptiens. Ces cités sont cependant aussi souvent en rivalité entre elles.
Au xe s., Tyr, après s'être affranchie de la tutelle de Sidon, devient le principal État de Phénicie ; son apogée coïncide avec le règne du roi Hiram Ier (969-935) et son hégémonie se maintient jusqu'au milieu du ixe s. Cependant, Tyr et les autres cités phéniciennes doivent encore faire face à une grande poussée impérialiste assyrienne. Assournazirpal II (884-859) puis Salmanasar III les attaquent et leur imposent le paiement d'un tribut. Gênés économiquement, les Phéniciens se mettent alors à regarder du côté de l'Occident : vers 814, des émigrés tyriens s'en vont fonder la colonie de Carthage.
2.1. Tyr

L'âge d'or de la Phénicie commence vers 1100 avant J.-C., au moment où Tyr évince la cité rivale, Sidon. La construction navale tyrienne bénéficie des forêts qui couvrent les pentes de l'actuel mont Liban. Bien que tributaire de l'Assyrie au viie s. avant J.-C. et malgré le relais commercial pris au vie s. avant J.-C. par Carthage, sa colonie, Tyr est restée une cité prospère – avec des éclipses dues aux sièges de Nabuchodonosor puis d'Alexandre – durant toute l'Antiquité. Occupée par les Arabes, elle connaît un regain d'activité lié à la présence des croisés (1124-1291) [croisades] avant d’être détruite par les Mamelouks. Il reste de nombreux vestiges de la cité de Tyr, nommée aujourd'hui Sour, et dont le port antique est totalement immergé.
2.2. L'Assyrie et Babylone

Dès la seconde moitié du ce s., les relations avec l'Assyrie se dégradent ; successivement et parfois avec une grande brutalité, Téglath-Phalasar III (746-727), Sargon II (727-705), Sennachérib (705-681), Assarhaddon (682-669) et Assourbanipal (669-626) asservissent les cités phéniciennes. Après la disparition de l'Empire assyrien en 612, les Phéniciens tombent sous la dépendance des Babyloniens et connaissent une nouvelle période de déclin, qui va durer jusqu'à la fin du vie s.
2.3. La Perse et la Grèce

Sous l'hégémonie perse (vie-ive s.), la Phénicie, transformée en satrapie, est traitée avec bienveillance. Tyr et Sidon en tirent particulièrement avantage ; la première peut étendre ses domaines vers le sud jusqu'au mont Carmel ; la seconde, siège du gouverneur perse, reçoit Dor et Jaffa. Lors des guerres médiques, les navires phéniciens sont mis au service du Grand Roi. Cependant, durant le ive s., alors que l'Empire perse commence à se désagréger, les Phéniciens se laissent gagner par un sentiment philhellène ; en 333, à l'exception de Tyr, prise après un long siège, les cités côtières ouvrent grandes leurs portes aux soldats d'Alexandre. Dès lors, emportée par l'hellénisme, la Phénicie cesse d'être une nation.
3. La colonisation de la Méditerranée

Phéniciens et CarthaginoisPhéniciens et Carthaginois
Jamais un aussi petit peuple ne réalisa autant d'implantations coloniales ; tournés vers la mer, succédant aux Achéens, précédant les Grecs, les Phéniciens créent un grand nombre de comptoirs commerciaux le long des côtes méditerranéennes. De proche en proche, à partir de Cition – dans l'île de Chypre –, où ils sont installés vraisemblablement dès le xe s., ils se fixent à Rhodes et en Crète.
Hérodote mentionne en Égypte une présence tyrienne à Memphis. En Tripolitaine, les cités de Leptis Magna, Oea et Sabratha ont livré de nombreux témoignages de la présence phénicienne, sans que l'on sache précisément s'il s'agit d'implantations orientales ou d'implantations carthaginoises. En Tunisie actuelle, domaine du relais carthaginois, les comptoirs sont bien plus nombreux : Hadrumète (Sousse), Leptis Minor (Lamta), Mahdia, Thapsus (Ras Dimasse), Kerkouane, etc. De même, sur les côtes d'Algérie, sont à signaler Hippo Regius (Annaba), Cirta (Constantine), Icosium (Alger), Tipasa, Iol (Cherchell), Marsa Medakh… Plus à l'ouest, les côtes marocaines, tant méditerranéenne qu'atlantique, offrent autant d'installations. Les Phéniciens se sont aussi implantés en Sicile, en Sardaigne et en Espagne, au plus tard dès le viiie s., et à Malte, vers le viie s.
4. Économie

Cette importante expansion phénicienne vers l'Occident avait pour mobile le commerce, que les Phéniciens avaient pratiqué d'abord avec les régions proches. En échange de produits manufacturés – fines coupes de bronze et d'argent, récipients en pâte de verre, tissus teints à la pourpre –, l'Égypte, Chypre et la côte méridionale d'Anatolie leur fournissaient du lin, du cuivre et de l'étain. Peu après, à la faveur de l'alliance du roi tyrien Hiram Ier avec le roi des Hébreux Salomon, les Phéniciens commercent avec le royaume d'Israël, échangeant bois de cèdre et de genévrier contre des denrées ; ils montèrent même avec lui des expéditions maritimes ; selon la Bible, l'une d'entre elles, partie du port édomite d'Ezion Geber sur la mer Rouge, parvint au riche pays d'Ophir (Somalie actuelle).
4.1. L'orientation occidentale du commerce

À partir du Ier millénaire, gênés par la consolidation des États de l'intérieur, handicapés par la reprise de l'expansion assyrienne, les Phéniciens donnent une orientation occidentale à leur commerce ; désormais leurs navires s'aventurent jusqu'en Étrurie, en Ibérie (royaume de Tartessos) et, remontant le long des côtes de la France actuelle, jusqu'en Cornouailles. Ce changement de cap, au départ coûteux, est financé à la fois par des armateurs publics, par la maison régnante et par la caste sacerdotale ; du reste, pour amortir les frais, les équipages phéniciens n'hésitent pas à faire du fret maritime. Les succès commerciaux des cités phéniciennes s'expliquent aussi par l'habileté de leurs artisans à mettre en œuvre des matières premières de toutes sortes. À côté de la classique industrie de la pourpre, le travail de l'ivoire paraît aussi ancien et dès le IIe millénaire, les artisans y taillent des amulettes, des vases et surtout de beaux éléments de placage pour meubles en bois destinés aux cours du Proche-Orient.
4.2. Une production adaptée aux marchés

Le bois de cèdre et de sapin – abondant dans les forêts de Phénicie – a lui aussi alimenté une précoce industrie de charpenterie navale. Le travail du verre, dont il ne faut pas attribuer la paternité aux Phéniciens, contribue également à l'excédent de la balance commerciale. Dans ce domaine comme dans celui de l'orfèvrerie et de la dinanderie (production d'objets fabriqués en feuilles de métal martelé), les Phéniciens, soucieux d'éliminer la concurrence, améliorent les techniques et, surtout, varient la production en fonction des marchés disponibles.
5. Politique et religion

5.1. L’organisation politique

On sait bien peu de chose sur l'organisation politique, hormis le fait qu'à Tyr un gouvernement oligarchique contrôlé par la puissante classe des négociants élimine la monarchie alors que les autres cités-États semblent avoir conservé le principe dynastique. Par ailleurs, bien que le roi tire sa légitimité de sa fonction sacerdotale, il ne régne pas sans partage. Souvent assisté par de hauts fonctionnaires, il doit en outre composer avec un conseil des anciens et une assemblée de citoyens.
5.2. La religion

La religion des Phéniciens continue celle des Cananéens. La Bible, hostile aux Phéniciens, fut longtemps la principale source d'information concernant leur religion, mais des textes découverts sur le site d'Ougarit en 1929 ont enrichi les connaissances. On admet aujourd'hui que la religion phénicienne, auparavant succinctement définie comme polythéiste, avec autant de panthéons qu'il y avait de cités – Melqart étant le patron de Tyr, Eshmoun celui de Sidon, Dagan celui d'Arados –, est d'une bien plus grande complexité. En effet, les textes d'Ougarit ont révélé l'existence de nombreux mythes rédigés en forme de poèmes épiques ; le plus connu, appartenant à la catégorie des mythes agraires, met en scène Aliyan, dieu des Fleuves, des Sources et des Eaux, et son adversaire Mot, dieu de la Moisson, qui symbolise aussi la chaleur et la sécheresse. Chaque ville possède son panthéon, dominé par une divinité ou un couple divin. Ces mêmes documents ont aussi révélé l'existence d'une cosmogonie originale ; les Phéniciens pensaient l'univers sur le modèle d'une chaîne généalogique de divinités ; ainsi, à la suite du dieu suprême El, venaient Baal, le dieu de la Foudre et des Hauteurs, Aliyan et Mot ; suivaient alors des divinités féminines telles qu'Ashérat, Anat, sœur et maîtresse de Baal, et Ashtart, ou Astarté, déesse-mère et déesse de la Fécondité, que les Carthaginois appellent Tanit. Les Phéniciens conservent des rites très archaïques, prostitution sacrée et sacrifice des enfants (en particulier du fils premier-né).
6. L'art des Phéniciens

La civilisation phénicienne, encore mal connue, a apporté, comme on l'a vu, des innovations importantes dans les domaines économique, commercial et culturel. Les Phéniciens, audacieux marins, habiles commerçants, ne semblent pas avoir eu une production artistique à l'égal d'autres peuples méditerranéens, et il n'est pas toujours possible de distinguer sa spécificité car sa principale originalité semble être une remarquable adaptation, si bien que l'art des Phéniciens doit beaucoup à leurs voisins ou à leurs envahisseurs.
Essentiellement composite, l'art phénicien a beaucoup emprunté aux civilisations qui ont eu une influence politique sur la Phénicie. Les deux sites les mieux préservés, Byblos et Ougarit, ont livré un matériel archéologique riche en renseignements sur les IIIe et IIe millénaires, mais très pauvre sur l'époque de gloire de la Phénicie, celle qui commence au xiiie s. avant J.-C. Malgré ces difficultés, on sait aujourd'hui que l'art phénicien est une adaptation, parfois fort réussie, de thèmes et de styles dont l'origine est, selon l'époque et le lieu, mésopotamienne, anatolienne, égyptienne, perse, égéenne ou syrienne. Les Phéniciens furent toutefois d'habiles artisans et architectes.
6.1. De grands artisans

L'habileté des artisans phéniciens était réputée et contribua grandement à la puissance de cette civilisation. Dans la Bible, le livre des Rois rapporte que le roi Salomon demanda à engager Hirom de Tyr, qui était fils d'une veuve de la tribu de Nephtali et d'un père tyrien : « Hirom acheva tout l'ouvrage qu'il devait faire pour le roi Salomon dans la Maison du Seigneur : les deux colonnes, les volutes des deux chapiteaux qui sont au sommet de ces colonnes, les deux entrelacs pour couvrir les deux volutes des chapiteaux qui sont au sommet des colonnes, les quatre cents grenades pour les deux entrelacs – deux rangées de grenades par entrelacs – pour couvrir les deux volutes des chapiteaux qui sont sur les colonnes, les dix bases et les dix cuves posées sur celles-ci, la Mer avec, sous elle, les douze bœufs, les bassins, les pelles, les bassines à aspersion et tous les autres accessoires. Ce que fit Hirom pour le roi Salomon dans la Maison du Seigneur était en bronze poli. »
6.2. L'architecture religieuse

L'architecture religieuse des Phéniciens comprenait deux types de constructions : les sanctuaires, où l'on honorait les dieux, et les tophet, où l'on sacrifiait les enfants. Des vestiges de tophet ont été trouvés dans les cités phéniciennes de Carthage, de Sousse, de Sicile et de Sardaigne, mais jamais encore en Phénicie même. Les sanctuaires étaient de grands espaces sacrés, entourés d'une enceinte sur laquelle les fidèles érigeaient des autels, des stèles, des ex-voto. Sous l'influence de l'Égypte, les temples phéniciens s'entourèrent de monuments annexes : cours, portiques, bassins, greniers, magasins. Une frise égyptienne représentant des uræi, serpents couronnés du disque solaire, décorait le haut des parois du sanctuaire. À Eshmoun, près de Sidon, c'est l'influence perse qui s'est fait sentir sur le temple (ve s. avant J.-C.) : les chapiteaux sont décorés de protomés de taureaux, comme on en voit à Persépolis. L'architecture civile, construite en brique crue et en argile, a complètement disparu. Ce qu'on en sait provient essentiellement des représentations figurées sur les bas-reliefs assyriens. Enserrées dans des fortifications, les maisons phéniciennes étaient surmontées de terrasses et de coupoles. Les auteurs anciens nous disent que les Phéniciens furent des architectes et des urbanistes habiles.
6.3. La sculpture

Des stèles, des sarcophages ornés de bas-reliefs et quelques statues donnent une idée de la sculpture phénicienne. Là encore, l'influence égyptienne domine. La stèle cintrée de Yehawmilk, roi de Byblos (ve s. avant J.-C.), adorant une déesse coiffée comme la déesse Hathor ; les naos (partie principale du temple, abritant la statue de la divinité), décorés de disques ailés et d'uræus (frises représentant de façon stylisée le serpent) ; la représentation de sphinx sur de multiples reliefs témoignent de cette manière « égyptisante ». Les Phéniciens ont été les inventeurs du sarcophage à cuve parallélépipédique : le sarcophage du roi de Byblos Ahiram (xiiie s. avant J.-C.) en est le premier exemple connu.
6.4. Le travail du métal et de l'ivoire

C'est dans la fabrication de vases en métal et d'objets en ivoire que la production artistique phénicienne semble avoir été la plus originale. Dans toutes les cités phéniciennes on a découvert des « patères » (vases à libations) en or, argent et bronze, dont le décor est somptueux. Certaines de ces coupes figurent des alternances d'animaux, d'hommes, de génies et de démons. D'autres portent des scènes de chasse, de guerre et de rites religieux.

 

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PARIS - HISTOIRE

 

histoire de Paris


La place Royale, à Paris
Le pilier des NautesLe pilier des Nautes
Paris doit son nom à la tribu gauloise des Parisii, mais l’emplacement précis du site gaulois fait encore l’objet d’hypothèses. Jules César, dans la Guerre des Gaules, le récit qu’il fait de ses campagnes entre 58 et 51 av. J.-C., le situe « sur une île de la Seine ». Cependant, si l’on a bien trouvé à Paris des vestiges de la période romaine, notamment du tout début de l’ère chrétienne, aucune trace antérieure d’une cité gauloise n’y a été mise au jour malgré de nombreuses fouilles archéologiques. En revanche, c’est à Nanterre, à l’ouest du site de Paris et pas sur une île, que d’importants vestiges pré-romains ont été récemment découverts...
Quoi qu’il en soit, c’est bien dans l’espace aujourd’hui occupé par Paris – en particulier rive gauche, sur la montagne Sainte-Geneviève, et sur l’île de la Cité – qu’est établie, entourée de forêts et de marécages, la modeste cité gallo-romaine appelée Lutèce.
1. De l'occupation romaine au Moyen Âge

Le christianisme apparaît dans ces bourgades du Bassin parisien vers le milieu du iiie siècle (saint Denis est décapité en 258). À la suite des premières invasions germaniques, l'île de la Cité sert de refuge, derrière un rempart construit avec les pierres de monuments de la rive gauche, qui sera réoccupée dès le ive siècle. Le futur empereur Julien séjourne à Lutèce (356) où il est proclamé auguste par ses troupes (360). Au ve siècle, lors de l'invasion des Huns d'Attila, la population veut fuir, mais sainte Geneviève la retient. Lutèce s'appelle alors Paris.
Naissance d'une capitale (ve-ixe siècle)

Le roi des Francs, Clovis (481 ou 482-511), fait de Paris sa capitale, qui connaît alors un intense rayonnement religieux, autour du noyau de la Cité, où Childebert Ier fait construire la cathédrale Saint-Étienne. Sur la rive droite s'élèvent des prieurés et des abbayes qui colonisent le Marais (Saint-Gervais-Saint Protais, Saint-Merri, Saint-Martin-des-Champs).
Sur la rive gauche, Childebert Ier fonde Sainte-Croix-Saint-Vincent, la future abbaye Saint-Germain-des-Prés. Cependant, le partage de la succession de Clovis réduit Paris au rôle de capitale partielle.
Sous la conduite du comte Eudes, ancêtre des Capétiens, et de l'évêque Gozlin, les Parisiens résistent aux Normands qui les assiègent (885-886). Délivré de la menace extérieure, Paris s'étend dans la campagne avoisinante. Autour des abbayes, les champs sont défrichés ; des bourgs peuplés d'artisans et de commerçants se développent sous la protection de leur clocher.
2. Du xe au xve siècle

La capitale du royaume capétien

Par ses comtes, devenus ducs, Paris fournit à la France la dynastie capétienne. Désormais, la ville devient sans conteste la capitale du royaume et grandit en même temps que le pouvoir royal. Si, par la présence de la Cour, par l'attrait qu'elle exerce sur le royaume, la royauté capétienne enrichit la bourgeoisie parisienne, elle n'en garde pas moins en main l'administration de sa capitale (Paris n'aura jamais de charte communale) par l'intermédiaire du prévôt royal, ou prévôt de Paris, qui, sous Saint Louis (xiiie siècle), devient un simple fonctionnaire royal.
À cette même époque apparaît une administration municipale distincte, issue du Parloir aux bourgeois, sous la direction d'un prévôt des marchands. Saint Louis charge le prévôt royal Étienne Boileau de réunir et codifier les règlements qui régissent les diverses communautés de métiers (Livre des métiers, 1268).
Sous Charles V, la ville est divisée en 16 quartiers, administrés par un quartenier, élu par 4 cinquanteniers et 16 dizeniers ; les 16 quarteniers élisent le prévôt des marchands, qui devient de ce fait chef de la municipalité.
La vie religieuse

Portail central de Notre-DamePortail central de Notre-Dame
L'élément religieux joue un rôle essentiel dans le développement topographique de Paris, les monastères donnant naissance à des bourgs ensuite intégrés dans le réseau des voies : bourgs Saint-Germain-des-Prés, Sainte-Geneviève, Saint-Victor et Saint-Marcel, Saint-Germain-l'Auxerrois et du Temple. Le centre religieux reste cependant l'île de la Cité, avec la cathédrale Notre-Dame, reconstruite à partir de 1163, et une quinzaine de paroisses.
La vie économique

Malgré l'existence de marchés sur l'île de la Cité et d'un « bourg du Petit Pont » sur la rive gauche, la vie économique, subissant l'attraction de l'Europe du Nord, se concentre assez vite sur la rive droite, longée par le principal courant du fleuve et pourvue d'une grève entre de solides « monceaux », Saint-Gervais et Saint-Merri. Le premier grand marché s'y installe au xie siècle, et plusieurs métiers (bouchers, puis drapiers, etc.) quittent la Cité pour « l'Outre Grand Pont ».
Vers 1136-1138, Louis VI déplace le marché de Grève aux Champeaux ; Philippe Auguste y transfère le marché Saint-Ladre, créant le vaste « Marché-le-Roi ». En 1183 s'y élèvent les premiers pavillons des Halles.
La vie intellectuelle

Philippe II AugustePhilippe II Auguste
La vie intellectuelle naît dans l'île de la Cité, avec l'école épiscopale de Notre-Dame. Mais, au xiie siècle, les maîtres passent sur la rive gauche : Guillaume de Champeaux (installé en 1108 près de Saint-Victor), Abélard, saint Bernard.
Au xiiie siècle, ils forment un syndicat (Universitas), qui se donne des règles, approuvées en 1215 par le pape Innocent III. Les étudiants, affluant de tous les pays (entre 4 000 et 10 000), logent dans maisons et cloîtres ou, pour les plus pauvres, dans des collèges. En 1253, le roi Saint Louis accorde à son confesseur, Robert de Sorbon, la fondation d'un collège, origine lointaine de la Sorbonne.
Si l'on distingue habituellement la Ville, marchande, la Cité, royale et l'Université de Paris, seule la rive gauche a une fonction bien déterminée, les éléments politiques, religieux et économiques étant moins nettement localisés.
La plus grande ville de France

Construction de la Bastille en présence de Charles VConstruction de la Bastille en présence de Charles V
Le développement considérable de la ville est bien marqué par les enceintes qui l'entourent successivement, après le rempart de la Cité au iiie siècle. En 1190, Philippe Auguste décide d'enclore Paris, comme les autres villes royales. Le mur, bâti d'abord sur la rive droite, appuyé sur le nouveau château du Louvre, puis sur la rive gauche (avant 1210), englobe 253 hectares. Peu après 1364, Charles V fait reconstruire l'enceinte de la rive droite, la Seine étant barrée par des chaînes. Vers 1370, les six nouvelles portes, dont la célèbre Bastille (porte Saint-Antoine), sont achevées.
Paris à la fin du XIVe siècleParis à la fin du XIVe siècle
Avec une superficie de 438 hectares, Paris est la plus grande ville de France. Deux ponts traversent la Seine : en aval, le Pont-au-Change, ou Grand Pont, vers le Châtelet et les Halles, domaine des changeurs et orfèvres, prolongé sur le petit bras par le pont Saint-Michel ; en amont, le pont Notre-Dame et le Petit Pont, vers le Petit Châtelet et la rue Saint-Jacques. Philippe Auguste entreprend la construction de quais (quais des Augustins) et le pavage des voies les plus importantes.
Au xive siècle, existent trois fontaines publiques et, en 1374, est créé le premier égout, à ciel ouvert.
Pendant la guerre de Cent Ans (1337-1453)

Étienne MarcelÉtienne Marcel
Le développement de la capitale, que ne ralentissent pas les guerres, joint à l'affaiblissement du pouvoir royal dû au conflit franco-anglais (→ guerre de Cent Ans), pousse la bourgeoisie à jouer un rôle politique. Le prévôt des marchands Étienne Marcel conduit la révolte contre le Dauphin (1356-1358). Aux effets de la guerre s'ajoutent les révoltes des maillotins (1382) et de la Caboche (1413). Paris appuie les Bourguignons contre les Armagnacs et le roi. L'Université reconnaît même le traité de Troyes (21 mai 1420), qui fait du roi d'Angleterre Henri V un roi de France.
Le marasme économique et le sentiment national qui s'éveille font revenir la population à son roi légitime (reprise de Paris par Charles VII, 1436). Toutefois, les derniers Capétiens directs hésitent à y séjourner. Louis XI n'y vient que pour empêcher les grands seigneurs féodaux de s'en emparer (1465).
La première ville d'Europe après Constantinople

La paix revenue, Paris retrouve son rôle de capitale d'un royaume unifié. Dans la seconde moitié du xve siècle les constructions reprennent. Paris, qui avait plus de 100 000 habitants au début du xive siècle, mais a subi ensuite un fort déclin, connaît alors une forte poussée démographique (200 000 habitants), qui en fait la première ville d'Europe après Constantinople.
Les grandes épidémies cessent et l'attrait de la grande ville alimente un courant continu d'émigration. Le marché de consommation parisienne et les capitaux accumulés par le négoce aiguillonnent l'activité économique des campagnes. C'est l'époque du Paris grouillant de vie dépeint par le poète François Villon.
3. Paris au xvie siècle

De la Renaissance...

Plan de Paris au XVIe sièclePlan de Paris au XVIe siècle
Paris joue un rôle important dans le développement de la Renaissance. L'imprimerie, introduite à la fin du xve siècle, y prend un essor incomparable, avec Henri Estienne. François Ier accueille à sa cour des savants (Ambroise Paré, Bernard Palissy), des lettrés et des artistes. Il confie à Guillaume Budé la Bibliothèque royale, fonde le Collège de France, tandis que les poètes se réunissent, au collège de Coqueret, autour de Dorat et Ronsard.
Paris, un temps abandonné pour les châteaux de la Loire, redevient la résidence habituelle du roi et de la Cour. Aux pouvoirs royal et municipal s'ajoute maintenant celui du parlement.

Le Pont-Neuf (projet), à ParisLe Pont-Neuf (projet), à Paris
La ville est en pleine extension et déborde l'enceinte, malgré les ordonnances royales consécutives aux guerres contre Espagnols et partisans de l'Empereur germanique. Henri II décide la construction d'une nouvelle muraille. Seule, celle de la rive droite (dite des Fossés jaunes) est réalisée, en partie et sous Louis XIII.
Un nouveau pont est établi à la pointe de la Cité, le Pont-Neuf (1578), le premier prévu sans maisons dessus. Sa construction entraîne la création de la place Dauphine (1607) et d'un nouveau quartier sur la rive gauche. Dans cette ville, qui atteint de 300 000 à 400 000 habitants, de grands efforts sont faits pour améliorer le confort autant que l'esthétique : essais d'éclairage, nettoyage des rues, etc.
... aux guerres de Religion

Procession des partisans de la Sainte LigueProcession des partisans de la Sainte Ligue
Mais Paris subit les effets des guerres de Religion : exécution d'Étienne Dolet (1546) et d'Anne Du Bourg (1559), massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572). Paris, hostile à la Réforme, soutient la Ligue. Celle-ci, sous la bannière d'Henri de Guise et aidée par l'argent espagnol, organise une journée des Barricades (1588), qui force le roi à fuir. À l'annonce de l'assassinat d'Henri de Guise (décembre 1588), Paris se soulève. Le « conseil des Seize », formé des délégués des seize quartiers, prononce la déchéance d'Henri III, bientôt assassiné par un moine ligueur (août 1589).
Contre l'hérétique Henri IV, la Ligue convoque à Paris des états généraux, afin de désigner un souverain catholique, et s'entend avec Philippe II d'Espagne. Mais l'abjuration d'Henri IV (juillet 1593 : « Paris vaut bien une messe »), la lassitude de la bourgeoisie et un sursaut national contre l'Espagne ouvrent au roi béarnais les portes de Paris.
4. De Henri IV à Louis XVI (xviie  et xviiie s.)

Le Pont-Neuf, à ParisLe Pont-Neuf, à Paris
Les rois successifs, et même Louis XIV, s'intéressent au développement et à l'urbanisme de leur capitale. Certains prévôts des marchands jouent un rôle influent, comme François Miron ou Michel Turgot (1729-1740), promoteur du célèbre « plan de Paris » de Bretez. En 1667 est créée la charge de lieutenant de police ; dans le cadre de ces fonctions, La Reynie impose notamment l'éclairage des rues de Paris.
La ville ayant débordé l'enceinte de Charles V, l'enceinte dite « des Fossés jaunes », entreprise en 1556, est en partie construite par Louis XIII.
Mais, en 1670, Paris devient une ville ouverte, les murailles laissent place à des cours plantés, avec des arcs de triomphe. En 1702, divisée en vingt quartiers, Paris voit son périmètre borné, pour des raisons fiscales (octroi). Un mur, dit « des Fermiers généraux », est élevé à partir de 1784, muni de pavillons par l'architecte Claude Nicolas Ledoux. À la veille de la Révolution, la ville comprend près de 500 000 habitants.
Le déploiement d'un Paris monumental

La place Royale, à ParisLa place Royale, à Paris
Les initiatives privées s'ajoutant aux « embellissements » royaux, la ville achève de s'urbaniser. Sur la rive droite, autour de la place Royale (actuelle place des Vosges, par l'architecte Louis Métezeau), se développe le quartier résidentiel du Marais. Au-delà du quartier à la fois résidentiel et commerçant du Louvre, la place des Victoires (créée par le maréchal de La Feuillade avec l'architecte Jules Hardouin-Mansart) et la place Louis-le-Grand (par Louvois, avec le même architecte) s'insèrent dans les nouveaux quartiers Richelieu et Saint-Honoré.
Au-delà des Boulevards, la place Louis XV (actuelle place de la Concorde) est aménagée pour la statue du roi à partir de 1754 (architecte Jacques-Ange Gabriel). Le quartier du Roule est à la mode sous Louis XV ; celui des Porcherons sous Louis XVI (autour de la Chaussée-d'Antin, ouverte dès 1721) ; le faubourg Poissonnière se développe à la veille de la Révolution. L'île Saint-Louis, dite alors Notre-Dame, est lotie à partir de 1614, sur l'initiative de Christophe Marie.

Palais du LuxembourgPalais du Luxembourg
La rive gauche est un peu délaissée, mais les faubourgs se développent ; la ville s'étend vers l'ouest, avec l'installation de Marie de Médicis au Luxembourg, la vogue du faubourg Saint-Germain, la construction des Invalides et de l'École militaire.
La vie de la Cour et l'essor donné aux affaires profitent à toute la population parisienne, jusqu'aux « faquins » des ports. Mais, au milieu du xviie siècle, la ville subit la conjoncture de baisse générale des prix jointe aux effets de la guerre. Mazarin est rendu responsable des taxes nouvelles levées à Paris (édit du Toisé, 1644 ; édit du Tarif et édits bursaux, 1646-1648). L'arrestation du conseiller au parlement de Paris, Pierre Broussel, que son opposition aux mesures fiscales de Mazarin ont rendu populaire, provoque une journée des Barricades (26 août 1648). C'est la Fronde parlementaire. Mais la ville ne s'intéresse pas à la Fronde des princes qui lui succède (bataille du faubourg Saint-Antoine, 2 juillet 1652) et accueille le retour du roi, le tout jeune Louis XIV.
Quelques efforts d'aménagements urbains

Les TuileriesLes Tuileries
Certains quartiers, surpeuplés, sont dangereux et une partie de la population reste misérable, malgré des initiatives généreuses, comme celle d'un saint Vincent de Paul. Pourtant, le confort urbain et l'hygiène s'améliorent peu à peu, avec la multiplication des fontaines, la création des pompes, la réfection des égouts. Les rues, souvent pavées, éclairées et nettoyées, sont pourvues d'écriteaux aux carrefours (1728) ; le numérotage des maisons est entrepris en 1775. Des trottoirs apparaissent. Les transports en commun sont autorisés dès 1666. L'approvisionnement est amélioré, par l'aménagement de ports et le déplacement de plusieurs halles. Outre de grandes avenues-promenades, des jardins sont ouverts au public, celui des Tuileries dès le xvie s., puis ceux de l'Infante (Louvre), du Luxembourg, du Palais-Royal. Le Jardin des Plantes est créé en 1635.
Un foyer culturel rayonnant

Louis XV enfant se rend au Parlement de Paris après la mort de Louis XIVLouis XV enfant se rend au Parlement de Paris après la mort de Louis XIV
Malgré la résidence du roi à Versailles, Paris reste le théâtre de grandes fêtes royales et municipales : entrées royales (1660), réception d'ambassadeurs (tel celui de Perse, en 1683), publications de paix, Te Deum et feux d'artifices pour les naissances et mariages princiers, etc. Paris, foyer de l'esprit et de l'élégance, règne sur l'Europe. Tous les grands noms du temps se retrouvent dans ses salons. On se dispute ses artistes, ses ébénistes (Boulle, Cressent), ses orfèvres, ses porcelainiers, ses glaciers de Saint-Gobain, ses philosophes et ses savants.
Depuis Paris, centre du mouvement philosophique, depuis ses cafés (Procope) et ses clubs (de l'Entresol) se propagent les idées nouvelles autour de l'Encyclopédie. Le cosmopolitisme de la capitale y assure aussi le succès des grands aventuriers (Cagliostro, Mesmer, Casanova).
5. Paris révolutionnaire

À ce point de son rayonnement et de son rôle central dans la vie du pays, Paris ne peut que jouer un rôle essentiel dans la révolution de 1789.
La rupture entre la capitale et le roi

Jean-François Janinet, Prise de la Bastille par les gardes françaises et les bourgeois de ParisJean-François Janinet, Prise de la Bastille par les gardes françaises et les bourgeois de Paris
Dès avant la réunion des états généraux (mai-juin 1789) éclatent des émeutes (faubourg Saint-Antoine, 28 avril), qui se multiplient avec le renvoi par le roi de son ministre Necker, au début de juillet : pillage du Garde-Meuble et des Invalides, prise de la Bastille, 13 et 14 juillet. Cependant s'est constitué un comité permanent des électeurs (des 60 districts parisiens), pour contrôler la municipalité, et qui organise une milice bourgeoise. Le 17 juillet, Louis XVI vient à Paris et reçoit de la nouvelle municipalité la cocarde tricolore. Mais, la situation se dégrade (raréfaction des denrées, hausse des prix, chômage), et un incident, le banquet des gardes du corps, provoque les journées des 5 et 6 octobre : le roi et sa famille, qui résident à Versailles, sont ramenés de force à Paris.
Malgré l'euphorie de la fête de la Fédération (14 juillet 1790), la fuite du roi (20-21 juin 1791) puis la fusillade du Champ-de-Mars (17 juillet) signent la fracture entre la capitale et le roi. Désormais, face à l'Assemblée, Paris accentue le mouvement révolutionnaire. Les clubs (surtout Jacobins et Cordeliers) dominent l'Assemblée législative, tandis que les 48 sections, qui remplacent les 60 districts électoraux, pèsent sur les décisions de la municipalité.
Violences populaires

Prise des TuileriesPrise des Tuileries
Peu à peu naît dans les milieux populaires un état d'esprit égalitaire, avide de réalisations immédiates, le « sans-culottisme », qui s'infiltre dans les sections (printemps de 1792) et joue un rôle impulsif et violent. Au chant du Ça ira et de la Carmagnole, les sans-culottes de Saint-Antoine et de Saint-Marceau mènent l'assaut des Tuileries (10 août). Avec la guerre (contre la Prusse et l'empereur d'Autriche), le fossé se creuse encore davantage entre la Commune de Paris, jacobine, et l'Assemblée alors plutôt girondine. Pour se venger des revers aux frontières, les sans-culottes organisent des massacres de suspects (septembre 1792), puis ils se tournent contre les brissotins de la Convention, qui veulent réduire Paris à « 1/83 d'influence ». Quand Isnard, alors président de l'Assemblée, menace d'anéantissement la capitale si l'émeute continue (« Bientôt on chercherait sur les rives de la Seine si Paris a existé »), Paris répond par la journée du 2 juin 1793, qui entraîne la chute des Girondins et la formation d'un gouvernement révolutionnaire appuyé sur les sociétés populaires.
Pourtant, après la période de Terreur et de dictature de guerre, les sections, divisées, lasses et mécontentes de la condamnation des chefs cordeliers (mars-avril 1794), ne soutiennent plus Robespierre, qui est éliminé (juillet 1794 [thermidor an II]), et laissent se développer la réaction thermidorienne bourgeoise.
Sans-culottes contre bourgeoisie

La dépréciation de la monnaie et la hausse vertigineuse des prix liée à la pénurie réduisent les sociétés populaires à des réactions désordonnées et vaines ; elles consomment la rupture, au sein du tiers état, entre la bourgeoisie et les sans-culottes (12 germinal, 1er prairial an III). En même temps le Paris bourgeois connaît, après la tourmente, une détente brutale : modes extravagantes et mœurs légères s'étalent dans la ville, dont le cadre a peu changé pendant la Révolution.
Les 48 sections sont remplacées par 12 municipalités, divisées chacune en 4 quartiers.
6. Du premier au second Empire

Louis Léopold Boilly, l'Arrivée d'une diligence dans la cour des MessageriesLouis Léopold Boilly, l'Arrivée d'une diligence dans la cour des Messageries
Napoléon Ier, reprenant la tradition de la monarchie, se préoccupe de l'embellissement de sa capitale : percement de la rue de Rivoli, avec son caractère monumental, commencement de la place du Châtelet, perspectives monumentales comme la place de l'Étoile, etc., sont à mettre à son actif. L'architecture, sous la direction de Percier et de Pierre Fontaine, porte la marque de l'antique (arcs de triomphe, façade du palais Bourbon, Madeleine, colonne Vendôme
D'importants travaux urbains

L'Empereur s'intéresse aussi aux travaux d'utilité publique (ponts, quais, hôpitaux, halles au blé et au vin, abattoirs), soit directement, soit par l'intermédiaire des préfets de la Seine (Frochot) et de police (Dubois), dont il fait les tuteurs de la capitale (28 pluviôse an VIII, 14 février 1800). Dès 1801, Paris a dépassé 500 000 habitants (Londres : 1 million). En 1811, la ville est découpée en 12 arrondissements et 48 quartiers, issus des divisions révolutionnaires.

Louis Léopold Boilly, l'AverseLouis Léopold Boilly, l'Averse
Après la chute de Napoléon Ier, de 1815 à 1848, sous l'impulsion des préfets Chabrol (1812-1830) et Rambuteau (1833-1848), naissent de nouveaux quartiers, avec leur église et, au-delà de l'enceinte des Fermiers-Généraux, croissent les villages. En 1841-1845, ils sont enfermés dans une nouvelle enceinte (dite de Thiers), mais sans faire partie de Paris. De nouvelles rues sont percées, les travaux entrepris sous l'Empire sont achevés, la place de la Concorde remaniée. Les premières gares apparaissent (Saint-Lazare, 1843).
De grandes inégalités selon les quartiers

Une loge à l'opéraUne loge à l'opéra
Cependant la croissance de la ville est beaucoup trop rapide (714 000 habitants en 1817, 1 million en 1846) et, tandis que, faisant entrer la ville dans l'ère industrielle, la bourgeoisie s'enrichit, le début de l'exode rural vient augmenter la masse des ouvriers, artisans et boutiquiers.
Un déséquilibre se crée entre les beaux quartiers de l'Ouest et les rues et maisons plus ou moins sordides de l'Est, où les mauvaises communications, les conditions de logement et le manque d'hygiène entraînent des épidémies (choléra, 1832) ; la criminalité augmente, ainsi que la prostitution, les suicides (comme l'évoqueront les Misérables de Victor Hugo, ou les Mystères de Paris d'Eugène Sue).

Attaque du Louvre en juillet 1830Attaque du Louvre en juillet 1830
Paris, qui a quelque peu perdu sa prééminence politique, est secoué par les révoltes de juillet 1830, puis de février et juin 1848 (→ révolution française de 1848), qui ramènent provisoirement la conjonction de la bourgeoisie et du peuple parisien.
7. Paris, métropole moderne

Une transformation sans précédent sous Haussmann

Paris, le plan Haussmann
Paris, le plan Haussmann
Paris, le plan HaussmannEugène Atget, une rue du vieux Paris
Sous le second Empire, Paris acquiert, pour l'essentiel, sa physionomie actuelle. Napoléon III joue un rôle prépondérant, secondé par le baron Haussmann, qui partage ses vues : améliorer les conditions de vie dans la capitale, embellir la ville par des perspectives et l'ordonnance architecturale, créer enfin des voies dites stratégiques, facilitant le déplacement des troupes vers les frontières du nord et de l'est (rue La Fayette). Ainsi sont réalisées les grandes percées du centre, l'axe nord-sud (boulevards Saint-Michel et Sébastopol) et l'axe est-ouest (rue de Rivoli, avenue Daumesnil), les Grands Boulevards, le boulevard Saint-Germain et les boulevards extérieurs, et aménagées de grandes places autour des monuments.
Claude Monet, la Gare Saint-Lazare
Claude Monet, la Gare Saint-Lazare
Claude Monet, la Gare Saint-LazarePont Alexandre IIILes Halles de Paris
La ville devient une métropole moderne, avec le dégagement et l'agrandissement des gares, l'établissement de nouveaux ponts, la construction ou la réfection des abattoirs, des Halles centrales et de marchés d'arrondissement, des hôpitaux, l'installation du chemin de fer de ceinture, la création de la Compagnie des omnibus, l'éclairage au gaz, l'amélioration de la distribution de l'eau et la multiplication des égouts (par Belgrand), et l'aménagement d'espaces verts (Buttes-Chaumont, parc de Montsouris, bois de Boulogne et de Vincennes, squares de quartiers, par Alphand). Les communes enfermées dans l'enceinte de Thiers sont annexées à la ville (janvier 1860), qui est divisée en 20 arrondissements.
Après la chute de l'Empire (4 septembre 1870), le blocus et la capitulation de Paris (28 janvier 1871), la Commune soulève la ville (mars-mai 1871).
Le développement économique sous la IIIe République

La tour Eiffel en constructionLa tour Eiffel en construction
La IIIe République est, pour Paris, l'ère de la prospérité économique. Tandis que l'épisode boulangiste (→ Georges Boulanger) montre un Paris devenu nationaliste (1889), les questions politiques passent au second plan, au profit d'un développement économique que jalonnent les expositions universelles : 1878, 1889 (tour Eiffel, qui marque le triomphe du fer), 1900 (« modern style » et premier métropolitain). Paris bénéficie des aménagements liés aux jeux Olympiques d'été qu'elle accueille en 1900 et en 1924. La ville profite également de l'exode rural et passe de 1 800 000 habitants en 1871 à 2 540 000 en 1896. L'urbanisme vit sur les données d'Haussmann et complète son œuvre.
Bombardement de ParisBombardement de Paris
Au début de la Première Guerre mondiale, Paris, défendu par Joseph Gallieni, gouverneur militaire de la capitale, est menacé par l'aile droite allemande lors de son avance vers la Marne. Le gouvernement s'installe à Bordeaux du 2 septembre au 25 novembre. L'armée de Paris contribue avec tous ses moyens (taxis de la Marne) à la manœuvre victorieuse de Joffre. La capitale subit, surtout en 1918, de nombreux bombardements allemands, par dirigeables (zeppelin), avions (Gotha) et canons (→ Bertha).
Pour en savoir plus, voir l'article Première Guerre mondiale.
Dans l'entre-deux-guerres, Paris déborde sa dernière enceinte. Les fortifications sont démolies (1919) et remplacées par des constructions et quelques jardins. Autour de Paris croît une zone de banlieue tentaculaire, tandis que la population de la ville tend à se stabiliser. Les quartiers se spécialisent ainsi que la banlieue : le Sud (après 1928, loi Loucheur et Ribault) devient résidentiel, tandis que dans le Nord et sur la Seine s'implantent les grosses industries. La notion de « région parisienne » apparaît.
Au cœur de la Seconde Guerre mondiale

Libération de Paris
Libération de Paris
Libération de ParisCharles de Gaulle, commémoration, 1990
En 1940, après le départ du gouvernement pour Tours (10 juin), Paris, déclaré « ville ouverte », n'est pas défendue ; les Allemands y font leur entrée le 14 juin. Ils y fixent le commandement militaire de la France occupée. La Gestapo exerce ses rigueurs sur la population. De nombreuses arrestations suivies de déportations sont opérées à Paris (rafle du Vél'd'Hiv en juillet 1942). D'autre part, les faubourgs, qui ont été bombardés par la Luftwaffe le 3 juin 1940, subissent de sérieux dommages du fait de l'aviation alliée (21 avril 1944).
Dès le début de 1941, des groupements de résistance s'organisent dans la capitale, bientôt fédérés par le Conseil national de la Résistance, qui se réunit à Paris le 15 mars 1944. Les troupes victorieuses du général américain Patton et du général Leclerc atteignent Dreux et Chartres le 17 août ; sous l'impulsion de la Résistance intérieure, l'insurrection éclate dans la capitale le 19, soutenue par la police municipale et, le 24, les blindés de Leclerc sont à la porte d'Italie. Le commandant allemand de Paris, Dietrich von Choltitz, se rend à Leclerc le 25 août à la gare Montparnasse – sans avoir exécuté l'ordre d'Hitler de détruire la ville. Le lendemain, le général de Gaulle entre à Paris et y installe le gouvernement le 31 (→ Libération de Paris).
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.
Ces dernières décennies

Barricade de la rue d'Ulm, devant l'École normale supérieureBarricade de la rue d'Ulm, devant l'École normale supérieure
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, Paris  a encore été le témoin sinon l'acteur d'événements importants. Ainsi, la guerre d'Algérie est à l'origine du massacre du 17 octobre 1961 et de la tragédie de la station de métro Charonne, où, le 8 février 1962, une manifestation contre l'OAS (Organisation armée secrète) est sévèrement réprimée.
Quelques années plus tard, en mai 1968, la révolte étudiante partie du campus de Nanterre gagne rapidement Paris, où les manifestations connaissent leur plus grande ampleur.
Sur le plan de la physionomie urbaine, d'importants aménagements sont engagés sous la présidence de Georges Pompidou, complétés par les grands travaux réalisés sous celle de François Mitterrand. Le pays en paix, la capitale politique de la France peut se consacrer à son rôle de ville mondiale.
→ architecture et patrimoine de Paris.
Pour en savoir plus, voir les articles Paris aujourd'hui, France : vie politique depuis 1958.
LE RÉGIME ADMINISTRATIF DE PARIS AUJOUD'HUI

L'Hôtel deVille de ParisL'Hôtel deVille de Paris
Paris a été longtemps doté d'un régime administratif particulier, les fonctions de maire étant réparties entre le président du conseil municipal et les préfets de police et de la Seine, ce dernier devenu préfet de Paris en 1964, lors de l'éclatement des départements de la région parisienne.
Depuis la loi du 31 décembre 1975, la ville de Paris est une collectivité territoriale, à la fois commune et département. Elle est administrée par le maire de Paris et le Conseil de Paris ; mais la loi du 31 décembre 1982 relative à l'organisation administrative de Paris, Lyon et Marseille a modifié les attributions du maire de Paris en décentralisant la gestion communale au profit de conseils d'arrondissement.
Élu par le Conseil de Paris pour 6 ans, le maire de Paris prépare et exécute les décisions du Conseil, à la fois au titre de sa nature communale et de sa nature départementale (depuis la loi de décentralisation du 2 mars 1982). Il dispose à cet effet des services municipaux de la mairie de Paris et des mairies annexes. Il peut déléguer ses fonctions locales à des adjoints qui sont élus comme le maire lors de la première séance du Conseil de Paris. Il est privé du pouvoir de police administrative, traditionnellement réservé au préfet de police (maintien de l'ordre et sécurité publique), mais exerce les pouvoirs de police anciennement dévolus au préfet de la Seine et au préfet de Paris (petite voirie, entretien des édifices communaux, etc.).
Il est agent de l'État au titre de l'état civil (compétence qu'il peut déléguer aux conseillers de chaque arrondissement) et officier de police judiciaire.
Les conseils d'arrondissement

Institués par la loi du 31 décembre 1982, les conseils d’arrondissement sont composés de conseillers municipaux et de conseillers d'arrondissement élus au suffrage universel. Ils siègent dans chaque arrondissement de Paris. Présidés par le maire d'arrondissement, élu par le conseil d'arrondissement parmi les membres du conseil municipal, les conseils d'arrondissement peuvent saisir le maire ou le conseil municipal de toute affaire intéressant l'arrondissement et émettre des vœux en la matière. Il est lui-même saisi pour avis des rapports et projets concernant en tout ou partie l'arrondissement et gère certains équipements à caractère social et éducatif.

 

 
 
 
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