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Découverte d’un nouveau mode de communication des cellules de notre cerveau

 

 

 

 

 

 

 

Découverte d’un nouveau mode de communication des cellules de notre cerveau

COMMUNIQUÉ | 09 SEPT. 2021 - 9H30 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)

NEUROSCIENCES, SCIENCES COGNITIVES, NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE

Une image en tissu fixé de cervelet de souris adulte, avec une cellule microgliale en vert contactant des nœuds de Ranvier en rouge, avec les paranœuds (zone d’ancrage de l’extrémité des couches de myéline, de part et d’autre du nœud) en bleu. © Inserm/Desmazieres Anne

 
Le cerveau révèle petit à petit les mystères de son fonctionnement. Outre l’étude des neurones, les chercheurs et chercheuses s’intéressent de plus en plus au rôle d’autres types de cellules du système nerveux qui aident les neurones dans leurs tâches quotidiennes. Une étude conduite par des scientifiques de l’Inserm, du CNRS, de l’AP-HP et de Sorbonne Université, regroupés au sein de l’Institut du Cerveau à l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, montre pour la première fois une interaction entre les neurones et les microglies, des cellules immunitaires présentes dans le cerveau. Ce mode de communication jusqu’alors inconnu pourrait être clé pour mieux comprendre les mécanismes de réparation du cerveau ainsi que des pathologies comme la sclérose en plaques. Les résultats font l’objet d’une publication dans la revue Nature Communications.

Dans notre système nerveux, la transmission de l’influx nerveux (messages nerveux) se fait par le biais des prolongements des neurones, les axones, entourés d’une gaine isolante appelée myéline. Les nœuds de Ranvier, de petits domaines intercalés entre les segments de myéline sont indispensables pour la diffusion rapide de l’information, mais ils sont aussi une plaque tournante d’interactions cellulaires dans le cerveau.

Des études antérieures avaient déjà montré que certains types de cellules du cerveau, comme les oligodendrocytes et les astrocytes, formaient des contacts avec les neurones au niveau de ces nœuds de Ranvier. En revanche, les interactions avec un autre type de cellules essentielles du cerveau, les microglies, n’avait pas été explorées. Ces cellules immunitaires jouent pourtant un rôle clé de protection du cerveau ainsi que dans des processus régénératifs comme la remyélinisation, la reformation de la gaine de myéline, qui est atteinte dans des pathologies comme la sclérose en plaques.
Une étude conduite à l’Institut du Cerveau par la chercheuse Inserm Anne Desmazières et ses collègues Rémi Ronzano et Thomas Roux dans l’équipe de Catherine Lubetzki (AP-HP/Sorbonne Université) montre pour la première fois que des contacts et une communication existent entre les neurones et les cellules microgliales au niveau des nœuds de Ranvier.

Grâce à des études menées sur des modèles murins ex-vivo (cultures tissulaires) et in-vivo, notamment par des approches d’imagerie en temps réel permettant d’observer la dynamique de ces contacts, mais également sur du tissu humain, les chercheurs ont révélé une interaction particulièrement stable entre ces deux types de cellules, et un dialogue renforcé dans un contexte de régénération de la myéline. Ils ont également identifié les mécanismes sous-jacents à ce dialogue. C’est l’activité neuronale qui est le médiateur de l’interaction et la renforce.

Les microglies sont capables de « lire » l’information qui arrive au niveau des nœuds de Ranvier sous la forme de signal ionique, modulant ainsi leur état et leur interaction avec le neurone. Une altération de ce signal ionique peut maintenir les microglies dans un état pro-inflammatoire, les empêchant de jouer leur rôle pro-régénératif et pro-remyélinisant.

Dans le cas de la sclérose en plaques, cette découverte ouvre plusieurs pistes de recherche pour mieux comprendre la pathologie, notamment celle de l’impact des signaux inflammatoires existant dans cette maladie sur le dialogue neurone-microglie et le potentiel pro-remyélinisant de la microglie. La découverte de ce dialogue est d’autant plus intéressante que des thérapies à l’essai dans la sclérose en plaques tentent aujourd’hui d’agir sur la physiologie de ces microglies afin de favoriser leur caractère pro-régénératif.
Ce nouveau mode de communication mis en évidence pose aussi la question de l’impact de l’activité neuronale sur le comportement des microglies. En effet, de nombreuses pathologies neurologiques, dont l’épilepsie, sont associées à des altérations de l’activité des neurones, et les conséquences de cette altération sur les cellules microgliales sont encore à ce jour inconnues.

 

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Les pouvoirs extraordinaires des bactéries visualisés en direct

 

 

 

 

 

 

 

Les pouvoirs extraordinaires des bactéries visualisés en direct

COMMUNIQUÉ | 23 MAI 2019 - 20H00 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)

BASES MOLÉCULAIRES ET STRUCTURALES DU VIVANT

Population de bactéries résistantes aux antibiotiques visualisées en microscopie à fluorescence en cellules vivantes. Cette population d’Escherichia coli possède un plasmide conjugatif qui code la protéine TetA (en rouge), une pompe à efflux responsable de la résistance à la tétracycline (en vert). On voit une claire anti-corrélation entre la présence de TetA et la présence de tétracycline dans les cellules. Bien que génétiquement identiques certaines bactéries parviennent à produire TetA et rejeter la tétracycline, lorsque d’autres accumulent l’antibiotique et ne parviennent pas à développer la résistance.©Christian Lesterlin

La dissémination globale de résistances aux antibiotiques est un problème majeur de santé publique et une priorité de la recherche internationale en microbiologie. Dans ses travaux à paraître dans Science, Christian Lesterlin, chercheur Inserm au sein du laboratoire  » Microbiologie moléculaire et biochimie structurale « (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1) à Lyon, a pu filmer avec son équipe le processus d’acquisition de l’antibiorésistance en temps réel, et a découvert un acteur essentiel mais inattendu dans son maintien et dans sa dissémination au sein des populations bactériennes.

Cette dissémination de l’antibiorésistance est en grande partie due à la capacité qu’ont les bactéries d’échanger du matériel génétique par un processus appelé conjugaison bactérienne. Le séquençage systématique de souches pathogènes ou environnementales a permis d’identifier une grande variété d’éléments génétiques transmissibles par conjugaison et porteurs des résistances à la plupart, sinon à toutes les classes d’antibiotiques actuellement utilisés dans les traitements cliniques. En revanche, le processus de transfert in vivo du matériel génétique d’une bactérie à l’autre, le temps nécessaire à l’acquisition de cette résistance une fois le nouveau matériel génétique reçu et l’effet des molécules antibiotiques sur cette résistance étaient encore inconnus.

Une visualisation en temps réel
Les chercheurs ont choisi d’étudier l’acquisition de la résistance de la bactérie Escherichia coli à un antibiotique couramment utilisé, la tétracycline en mettant une bactérie sensible à l’antibiotique en présence d’une bactérie résistante. Des études précédentes ont montré que cette résistance repose sur sa capacité à évacuer l’antibiotique avant qu’il n’ait pu jouer son rôle destructeur grâce à des « pompes à efflux » situées sur sa membrane. Ces pompes à efflux spécifiques, sont capables d’éjecter les molécules antimicrobiennes en dehors de bactéries, leur conférant ainsi un certain niveau de résistance.
Dans cette expérience, la transmission de l’ADN d’une « pompe à efflux » spécifique – la pompe TetA – a été observée entre une bactérie résistante et une bactérie sensible par marquage fluorescent.  Grâce à l’apport de la microscopie en cellule vivante, il suffisait alors de suivre la progression de la fluorescence pour voir, la manière dont l’ADN de la « pompe » migrait d’une bactérie à l’autre et comment il s’exprimait chez la bactérie receveuse.

Les chercheurs ont ainsi mis en évidence qu’en 1 à 2 heures seulement, le fragment d’ADN simple brin de la pompe à efflux était transformé en ADN double brin puis traduit en protéine fonctionnelle, conférant ainsi la résistance à la tétracycline à la bactérie receveuse.
 
Le transfert d’ADN des bactéries donneuses (vertes) aux bactéries receveuses (rouges) est révélé par l’apparition de foyers de localisation rouges. L’expression rapide des gènes nouvellement acquis est quant à elle révélée par la production de fluorescence verte dans les bactéries receveuses. Crédit vidéo : Christian Lesterlin/Inserm
Comment la résistance s’organise-t-elle en présence d’antibiotique?
Le mode d’action de la tétracycline est bien connu des scientifiques : elle entraine la mort des bactéries en se fixant sur leur machinerie traductionnelle bloquant ainsi toute possibilité de produire des protéines. En suivant ce raisonnement, lorsque l’antibiotique est introduit dans le milieu de culture précédent, la pompe à efflux TetA ne devrait pas être produite et les bactéries devraient mourir. Pourtant, les chercheurs ont observé que paradoxalement, les bactéries étaient capables de survivre et de développer la résistance efficacement, suggérant l’implication d’un autre facteur essentiel au processus d’acquisition de résistance.

Les scientifiques ont découvert que ce phénomène s’explique par l’existence d’une autre pompe à efflux présente chez quasiment toutes les bactéries : la pompe AcrAB-TolC. Bien que cette pompe généraliste soit moins efficace que la pompe TetA, elle évacue tout de même un peu d’antibiotique hors de la cellule. Les bactéries peuvent ainsi maintenir une activité minimale de synthèse protéique. Ainsi, si la bactérie a la chance d’avoir reçu un gène de résistance par conjugaison, alors la pompe TetA est produite, et la bactérie devient durablement résistante.

Cette étude ouvre de nouvelles perspectives dans la recherche de mécanismes similaires chez d’autres bactéries que E.coli, et pour différents antibiotiques. « On pourrait même penser à une thérapie combinatoire qui allierait l’antibiotique et une molécule capable d’inhiber cette pompe généraliste. Même s’il est encore trop tôt pour envisager l’utilisation d’un tel inhibiteur dans une perspective thérapeutique, cette possibilité fait actuellement l’objet de nombreuses études car elle permettrait de réduire l’antibiorésistance, et d’empêcher sa dissémination aux différentes espèces de bactéries » conclut Christian Lesterlin.

 

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La marche, c’est toute une science!

 

 

 

 

 

 

 

La marche, c’est toute une science!


07.01.2019, par Francis Lecompte

Les premières études de la marche ont été rendues possibles grâce à la chronophotographie, inventée par le physiologiste Étienne-Jules Marey en 1892.
PVDE/ Bridgeman Images

Mettre un pied devant l’autre, rien de plus simple en apparence. Les chercheurs en neurosciences et en biomécanique vont pourtant de surprise en surprise, comme lorsqu’ils découvrent que l’on peut (presque) se passer de notre cerveau pour marcher.

(Cet article est paru initialement dans le numéro 5 de notre revue Carnets de science)
« Vous allez effectuer une quinzaine de pas vers le fond de la salle, puis faire demi-tour et revenir au point de départ. » Tellement simple ! Ce n’est sans doute qu’un petit échauffement, avant de passer aux choses sérieuses. On se met donc en marche tranquillement sur le sol recouvert de dalles intelligentes, comme on irait vers la machine à café, mais l’assistant scrute déjà avec la plus grande attention l’écran de son ordinateur. Quelques allers-retours plus tard, un coup d’œil aux graphiques qui s’affichent sur l’imprimante suffit pour comprendre que l’exercice n’est pas une banale promenade de santé. Longueur et fréquence des pas, écartement des pieds, force du corps sur le sol à chaque mouvement, délai de réaction au moment de faire demi-tour… : c’est un nombre étonnant de données qui s’accumulent.
Quand on nous invite à suivre la vidéo en 3D d’un étudiant foulant un tapis roulant, bardé de capteurs de la tête aux mollets, et que l’on observe tous les mouvements des hanches, du genou et du pied, jusqu’aux poussées des muscles du marcheur, transformé en silhouette bionique, le doute n’est plus permis. Ces instants passés dans le laboratoire de l’Institut des neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine (Incia)1, à l’Université de Bordeaux, nous font entrevoir que mettre un pied devant l’autre est un exercice beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît !

Des neurones dans la moelle épinière
Nous n’avons encore rien vu. Deux étages plus haut, dans le laboratoire qui jouxte le bureau de Jean-René Cazalets, responsable de la plateforme d’étude de la motricité, on découvre que marcher n’est ni une activité consciente, directement pilotée par le cerveau ni une activité réflexe des muscles des jambes, comme on l’a cru jusqu’au début du XXe siècle. Elle est en fait commandée par un réseau de neurones autonome tout à fait original. Au microscope, on observe ainsi un fragment de moelle épinière prélevée sur un tout jeune rat. On distingue parfaitement les racines ventrales, de très minces filaments qui reliaient la moelle aux muscles de l’animal. Au moyen d’un liquide physiologique, composé principalement de sodium, de potassium et de calcium, et en l’alimentant en oxygène, il est possible de maintenir cette moelle épinière en vie toute une journée, explique le chercheur. « Quand on lui donne ce carburant en continu, les électrodes posées sur les racines ventrales enregistrent une pulsion rythmée, un coup à droite, un coup à gauche, qui accélère peu à peu jusqu’à la vitesse de locomotion du rat. » Autrement dit, si les muscles étaient encore reliés à la moelle épinière, on les verrait se contracter, et cela alors qu’il n’y a plus aucune connexion avec le cerveau !


Moelle épinière de rat. Les électrodes posées sur les racines ventrales qui reliaient la moelle aux muscles de l’animal enregistrent une pulsion rythmée, un coup à droite, un coup à gauche, comme dans la locomotion.

Didier MORIN/INCIA
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On pense forcément à la fameuse histoire du poulet sans tête qui continue à courir pendant quelques secondes. Jean-René Cazalets préfère évoquer celle du martyr Denis de Paris, décapité au IIIe siècle sur la colline de Montmartre et descendant tranquillement avec sa tête sous le bras jusqu’au futur site de la basilique portant son nom. L’image est plus frappante, car elle met en scène la marche et la locomotion humaines, pour lesquelles la science a retrouvé un intérêt profond ces trois dernières décennies.

Ce sont les neurones situés dans la moelle épinière qui déclenchent la marche en toute autonomie, le cerveau se "contentant" d'initier le mouvement.

Dès le début du XXe siècle, pourtant, un physiologiste écossais, Thomas Graham Brown, avait remis en cause la théorie du réflexe admise à l’époque. Celle-ci voulait que lorsqu’on étire un muscle, celui-ci réagisse par une contraction. Le mécanisme était simple : si on se met à bouger la jambe en avant, le muscle antagoniste, c’est-à-dire le muscle qui n’a pas effectué le mouvement mais s’est retrouvé étiré, se contracte par pur réflexe et ramène la jambe en arrière. Puis le premier réagit à son tour pour ramener la jambe vers l’avant, et ainsi de suite.
Brown, qui était aussi un alpiniste chevronné, trouvait cette théorie bien trop élémentaire. Il observa sur un chat (cet animal était le « cobaye » préféré des chercheurs de l’époque) que si l’on coupait la communication entre moelle épinière et cerveau, et que l’on sectionnait les racines dorsales chargées de « remonter » vers la moelle épinière les informations sensorielles en provenance des muscles (mais aussi des tendons, de la peau…), il persistait pendant plusieurs dizaines de secondes des contractions rythmiques et alternées des muscles de la cheville, flexion et extension, comme dans la locomotion. Et cela alors même que ce qu’on appelle « l’information réflexe » du muscle ne pouvait plus être véhiculée jusqu’à la moelle épinière et au cerveau. Autrement dit, même privé d’informations en provenance du cerveau et des organes périphériques (les muscles, les tendons, la peau, etc.), le chat pouvait faire bouger sa cheville. « Brown a ainsi fait pour la première fois la démonstration que la moelle épinière contient des structures neuronales autonomes, capables d’organiser elles-mêmes la motricité », conclut Jean-René Cazalets.
Il a fallu attendre les années 1990 et la mise au point de nouvelles techniques physiologiques permettant de maintenir en vie un système nerveux isolé (une fois prélevée, la moelle « meurt » en quelques dizaines de secondes) pour confirmer la présence de ce réseau de neurones dans la moelle épinière des mammifères et en comprendre le fonctionnement.

Camille QUILGARD, Sandrine BERTRAND/INCIA
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« Nous avons désormais bien identifié le générateur central du patron moteur (CPG, en anglais, pour Central Pattern Generator), c’est-à-dire le mécanisme qui est capable de produire une activité locomotrice en l’absence du cerveau, indique Frédéric Brocard, directeur de recherche à l’Institut de neurosciences de La Timone2 (INT), à Marseille. On sait aussi que ce réseau est localisé dans le bas du dos, et qu’il génère l’alternance droite-gauche des mouvements locomoteurs lors de la marche, ainsi que son rythme. » Le cerveau se contente, si l’on peut dire, de commander le début du mouvement ou de le stopper, et cela aussi souvent qu’un obstacle se présente ou qu’un changement de direction est nécessaire.
Une fois le mouvement initié, ce sont les neurones situés dans la moelle épinière qui déclenchent la marche basique en toute autonomie. En plus des motoneurones, qui commandent la contraction des muscles, les avancées en génie génétique ont permis d’identifier la nature des neurones du CPG locomoteur, appelés « interneurones ». Parmi eux, les interneurones « excitateurs » impriment le rythme de la marche et les interneurones « inhibiteurs » assurent le maintien de l’alternance droite-gauche. « Une autre singularité des interneurones est qu’ils possèdent une activité rythmique autonome, ajoute Frédéric Brocard, à l’instar de celle qui, au sein de notre cœur, impulse le rythme cardiaque. »

Des modèles mathématiques précis
D’autres avancées, plus technologiques, réalisées dans la capture et l’analyse du mouvement, ont contribué à mieux comprendre les mécanismes de la marche. Le pionnier est français et s’appelle Étienne-Jules Marey, un physiologiste. Il a mis au point en 1892 la chronophotographie, un procédé photographique qui décompose les mouvements de la marche, de la course ou du vol des oiseaux et qui a notamment permis de comprendre le galop chez le cheval. La biomécanique, qui étudie la physique de la locomotion, n’est pourtant qu’une discipline toute récente. « Le terme n’est apparu que dans les années 1970, et encore de manière confidentielle, raconte Frédéric Marin, enseignant-chercheur à l’Université de technologie de Compiègne. C’est surtout l’essor technologique et numérique de la fin du XXe siècle qui a ouvert les possibilités de capter et de mesurer les mouvements humains de façon précise. » Notamment grâce aux caméras numériques associées à des algorithmes de reconstruction 3D et aux centrales inertielles qui détectent l’accélération et la vitesse angulaire, comme celles qui orientent l’écran des téléphones portables.

Grâce aux caméras numériques et aux algorithmes de reconstruction 3D, on peut modéliser précisément le système musculaire et squelettique impliqué dans la marche bipède.

De quoi dresser un modèle mathématique précis du système squelettique et musculaire impliqué dans la marche bipède. Le pas est décomposé en différentes phases, dont les principales sont : le démarrage, quand le pied décolle, puis l’oscillation, c’est-à-dire le moment où il est en suspens, la réception, lorsque le talon entre en contact avec le sol et, enfin, l’appui, lorsque tout le poids du corps repose sur une jambe. L’oscillation, par exemple, a lieu en moyenne aux deux tiers du mouvement global. À l’intérieur de ce schéma temporel, le modèle décrit à la milliseconde près les angles de rotation et de flexion des articulations (hanche, genou, cheville, pied), les forces qui s’exercent sur elles, l’activité électrique des muscles, etc.
« Comme la marche présente cet avantage d’être une activité cyclique et régulière, stéréotypée et reproductible, commente Frédéric Marin, on dispose, grâce à ces mesures, d’un tableau musculo-squelettique assez complet de l’être humain adulte qui permet de déduire son état de santé. » Il y a certes des paramètres spécifiques, ne serait-ce déjà qu’entre les femmes et les hommes, ou évolutifs avec l’âge, et il reste quelques zones d’ombre, notamment dans la compréhension des articulations du genou et du pied, plus complexes que celle de la hanche. Mais ces modèles d’un fonctionnement normal de la marche sont suffisamment précis pour servir de référence dans le cadre d’observations cliniques.

IDF INNOV (Financeur du projet)
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Un révélateur de l’état de santé
Car les perspectives thérapeutiques ouvertes par ces connaissances justifient en grande partie l’intérêt que les laboratoires portent à la marche, et le monde médical y participe d’ailleurs activement. Du fait qu’elle est un système complexe, qui met en jeu à la fois le squelette, les muscles et le système nerveux, elle est un bon indicateur de l’état de santé général et se révèle utile dans la détection, le traitement ou le suivi de pathologies. « Dans le cas d’une rééducation après un accident ou le remplacement des ligaments du genou, par exemple, on peut suivre comment évoluent les paramètres de marche du patient, explique Frédéric Marin. Et cela aussi bien sur le plan purement cinématique, c’est-à-dire en observant uniquement les mouvements, que d’un point de vue dynamique, en regardant les forces qui provoquent ce mouvement. » En mesurant les temps d’appui ou leur puissance, la symétrie des pas ou leur asymétrie (comme quand on dit de quelqu’un qu’il a le pas lourd), on peut vérifier l’efficacité d’un traitement, mais aussi évaluer celle de certains équipements, comme les semelles orthopédiques.
La seule observation de la marche aide à détecter précocement les troubles neurologiques, comme les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson, qui entraînent des dysfonctionnements de la locomotion. Identifier et quantifier ces dysfonctionnements, ainsi que leur fréquence et leur amplitude donne des indications sur le degré de la pathologie et de son évolution. Le freezing gait (le « pas suspendu »), ce moment où le patient s’arrête brutalement, comme s’il avait perdu l’automatisme de la marche, est un bon indicateur de la maladie de Parkinson. Des pathologies directement liées à la locomotion trouvent également leur explication. C’est le cas des phénomènes de spasticité, ces contractions musculaires très fortes et douloureuses, qui entravent gravement la mobilité des personnes. « Pour que la moelle épinière fonctionne normalement, il faut qu’il y ait un équilibre entre excitation et inhibition, explique Frédéric Brocard. Si cet équilibre est rompu à cause d’une lésion, les interneurones excitateurs deviennent hyperactifs, les inhibiteurs beaucoup moins, ce qui entraîne une hyperexcitabilité de la moelle, qu’elle va transmettre aux muscles, via les motoneurones. »

La seule observation de la marche aide à détecter précocément les troubles neurologiques, comme Alzheimer et Parkinson.
On a longtemps cru que le problème venait des muscles. On sait maintenant qu’il est lié au système nerveux autonome situé au niveau de la moelle épinière, et plus précisément encore, qu’il provient du dérèglement d’un petit canal transmettant du sodium aux motoneurones. Il pourrait être corrigé grâce à une molécule utilisée dans le traitement de la maladie de Charcot. Mais ce n’est là qu’un des mécanismes parmi une myriade d’autres encore à identifier.
 
Le seul fait d’avoir localisé précisément le CPG, « siège » des interneurones responsables du rythme locomoteur, ouvre déjà la porte à des améliorations notoires de la mobilité chez des personnes paraplégiques. « Aux États-Unis, raconte Jean-René Cazalets, on a glissé des électrodes entre leur vertèbre L2 et la moelle épinière, à hauteur du CPG. Si on les stimule, on observe des mouvements plus réguliers que les mouvements chaotiques habituels chez ces patients. En combinant ce dispositif avec de l’entraînement sur tapis roulant, il semble qu’e l’on puisse restaurer au moins en partie la fonction de locomotion, même si cela reste encore débattu parmi les chercheurs. »
En France, l’un des laboratoires de neurosciences et de neurophysiologie les plus engagés dans la collaboration avec le monde médical est celui que dirige Pierre-Paul Vidal : Cognac-G3 (pour Cognition and Action Group). Il inclut des médecins du service de santé des Armées et des hôpitaux de Paris, des neurophysiologistes et des ingénieurs du CNRS, qui travaillent en lien étroit avec le Centre de mathématiques et de leurs applications (CMLA)4 de l’École normale supérieure de Paris-Saclay. « L’un de nos objectifs est de récupérer le plus de données possible auprès de tous les services qui travaillent avec nous, explique Laurent Oudre, l’un des mathématiciens du groupe, afin de constituer une base de données la plus riche possible sur les maladies du système nerveux et les troubles de la locomotion associés. »

Une tablette d’aide au diagnostic
En parallèle, les informaticiens et les mathématiciens ont travaillé, ces trois dernières années, à la conception d’une tablette électronique, très simple à l’usage, destinée aux médecins comme aide au diagnostic. Les premiers prototypes, programmés pour la détection de la sclérose en plaques, circulent dans le monde médical depuis quelques mois. « La tablette, des capteurs sans fil et un couloir de 10 mètres pour faire marcher la personne suffisent, raconte le mathématicien. Les algorithmes font le reste. » Des algorithmes qu’il a fallu coder, quand les chercheurs se sont aperçus que ceux utilisés dans les Smartphones pour calculer le nombre de pas ou les performances des joggeurs, par exemple, étaient inutilisables dans le cas de certaines pathologies. Des patients qui viennent de subir un accident vasculaire cérébral ou les personnes très âgées avancent, en effet, de manière très précautionneuse ; certains même glissent le pied pour avancer au lieu de soulever la jambe. Or les applications classiques n’enregistrent le signal que grâce à la secousse que fait le pied en touchant le sol. « On a passé du temps avec les médecins pour observer les mouvements du pied et de la jambe, ce qui nous a conduits à remettre pas mal de choses en cause sur la description de la marche », indique Laurent Oudre.
Car le travail d’analyse de la marche est loin d’être fini pour les chercheurs, qui se sont surtout concentrés sur les membres inférieurs ces dernières années. Or marcher ne mobilise pas que nos jambes. « Regardez ces pauvres robots, tellement piètres marcheurs, parce que leur tronc se limite à une boîte portée par deux jambes », explique Jean-René Cazalets, à Bordeaux. Celui-ci a filmé sa fille alors qu’elle était en plein apprentissage de la marche : l’enfant démarre en lançant une jambe vers l’avant, mais le tronc reste en arrière et manque de la déséquilibrer. « La marche, c’est une posture dynamique qui coordonne le tronc et les jambes », insiste-t-il. Le chercheur a donc décidé de s’intéresser à l’ensemble des muscles et à la colonne vertébrale. « Quand on demande au sujet de marcher, décrit-il, on observe une propagation, comme une vague, qui part du haut du dos et se propage le long des vertèbres : il ne s’agit pas d’un simple mouvement mécanique passif, c’est le résultat, là encore, du déroulement du programme moteur généré par les réseaux d’interneurones. »


La marche n’implique pas que les membres inférieurs. Des marqueurs réfléchissants pour le motion capture permettent de reconstruire la cinétique de la locomotion : on voit le mouvement se propager le long de la colonne vertébrale.

Loïc GRATTIER/INCIA ; Jean-René CAZALETS/Christophe HALGAND/CNRS Photothèque
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Cela n’est pas sans lui rappeler le système de locomotion de la lamproie ou de l’anguille : ces poissons prennent appui sur l’eau, puis utilisent leur tronc pour se propulser. Si notre tronc d’humains bipèdes ne nous sert pas à la propulsion, il continue de participer au mouvement. « On peut imaginer que, quand les membres postérieurs sont apparus, ils ont pris le contrôle sur l’ensemble de la motricité, avance le chercheur, mais la nature n’a pas réinventé l’ensemble du mécanisme. » Une hypothèse à confirmer, qui suggère que la marche peut nous conduire encore très loin vers d’autres révélations. ♦  
 
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La biomécanique pour comprendre l'évolution
La question taraude tous les spécialistes de la marche : pourquoi l’homme est-il la seule espèce animale à pratiquer la bipédie de manière permanente ? Les outils qu’ils ont développés aident aujourd’hui leurs collègues paléoanthropologues, qui étudient la locomotion de nos lointains ancêtres, à répondre à cette vaste question. « Les os fossilisés et les empreintes dont nous disposons sont trop fragmentaires pour tirer des conclusions définitives sur le mode de locomotion des premiers hominidés, raconte Gilles Berillon, paléoanthropologue au laboratoire Histoire naturelle de l’homme préhistorique5. Grâce aux outils de modélisation utilisés par les biomécaniciens et les spécialistes de la simulation du mouvement6, nous pensons proposer des types plausibles de locomotion pour chaque espèce en fonction de la configuration de leurs pelvis, genoux… » Afin d’élargir le modèle anatomique de référence, paléoanthropologues et biomécaniciens ont décidé d’y intégrer, en plus de l’homme, nos cousins primates qui pratiquent la bipédie de façon occasionnelle… Ils font ainsi marcher des babouins équipés de capteurs sur des tapis roulants !
Objectif, à terme : reconstituer au mieux le type de bipédie que pratiquaient Lucy, il y a 3,2 millions d’années, Orrorin, 3 millions d’années plus tôt ou Néandertal, moins de 100 000 ans avant nous. Car, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, l’évolution de la bipédie ne se serait pas faite de manière linéaire, d’une marche chaotique vers une marche de plus en plus efficace. Toutes les espèces d’hominidés ont testé différents mécanismes de bipédie (rééquilibrage avec le mouvement alterné des bras, voussure du pied, genoux écartés ou non, fléchis ou non…) avec plus ou moins d’efficacité. Le fémur d’Orrorin, de 6,5 millions d’années, est par certains aspects de sa morphologie plus proche du nôtre que ne l’est celui de Lucy, et son aptitude à la bipédie ne fait plus aucun doute. Quant au pied d’Ardipithecus ramidus, de 4,5 millions d’années, il semble déjà capable de propulsion et pas seulement adapté au grimper ou à la saisie d’objets. ♦
 
Notes
*         1.
Unité CNRS/École pratique des hautes études/Université de Bordeaux.
*         2.
Unité CNRS/Aix-Marseille Université.
*         3.
Unité CNRS/Université Paris-Descartes/ministère des Armées/École normale supérieure Paris-Saclay.
*         4.
Unité CNRS/École normale supérieure Paris-Saclay.
*         5.
Unité CNRS/Muséum national d’histoire naturelle/Univ. Perpignan Via Domitia).
*         6.
Laboratoire Mouvement sport santé (M2S), à Rennes, et Laas, à Toulouse.

 

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Découverte du mécanisme cérébral impliqué dans la réponse face au danger

 

     

 

 

 

 

 

Découverte du mécanisme cérébral impliqué dans la réponse face au danger

COMMUNIQUÉ | 29 JUIL. 2021 - 10H00 | PAR INSERM (SALLE DE PRESSE)

NEUROSCIENCES, SCIENCES COGNITIVES, NEUROLOGIE, PSYCHIATRIE

Cellules neuronales/ Onimate © Adobe Stock


Chez l’humain et l’animal, la réponse défensive est un mécanisme de notre cerveau qui nous permet de réagir efficacement face à un danger. L’une des principales réponse défensive est l’évitement. Mais l’évitement excessif en l’absence de menace réelle est un marqueur de pathologies liées à l’anxiété, et les mécanismes neuronaux qui en sont à l’origine sont encore mal compris. Une équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Bordeaux au Neurocentre Magendie a récemment révélé l’interdépendance de deux régions du cerveau, l’amygdale basolatérale et le cortex préfrontal dorsomédial, dans ce mécanisme. Ces nouvelles données, publiées dans la revue Nature, permettent d’ouvrir de nouvelles pistes pour traiter les patients atteints de troubles de l’anxiété, en ciblant directement les régions du cerveau qui en sont à l’origine.

Lorsqu’un danger est proche, on retrouve chez l’humain et l’animal un mécanisme d’évitement, qui lui permet de prendre la fuite pour se protéger. Chez certaines personnes, cette réponse défensive est disproportionnée, se produit en dehors de tout danger et est symptomatique d’un trouble de l’anxiété.  Connaître les mécanismes du cerveau qui sont à l’origine de cette réaction est crucial pour ouvrir des pistes thérapeutiques durables et efficaces sur les patients atteints de ces troubles.

Le rôle clé de l’amygdale et du cortex préfrontal dans la réponse d’évitement
Il existe deux principales réactions défensives : l’immobilité lorsque le danger est éloigné, et l’évitement lorsqu’il est proche. Si les mécanismes de la première sont bien connus des scientifiques car plus faciles à étudier (il est en effet plus simple d’observer les modifications neuronales sur un animal immobile) ceux de la seconde demeurent mal connus. Depuis ces dix dernières années, les scientifiques savaient que deux régions du cerveau, l’amygdale basolatérale et le cortex préfrontal dorsomédial, étaient impliquées mais ignoraient dans quelle mesure elles travaillaient ensemble pour déclencher cette réaction d’évitement.
 L’équipe de Cyril Herry au Neurocentre Magendie a observé chez les souris les mécanismes neuronaux-sous-jacent à l’origine de l’évitement. Pour cela, les chercheurs ont placé des souris dans un labyrinthe composé de deux compartiments. Dans l’un d’eux, un son désagréable était émis, associé à une menace. La souris avait alors la possibilité de fuir dans l’autre compartiment, arrêtant ainsi le son associé à un danger.

Pour comprendre le rôle de l’amygdale et du cortex préfrontal dans cette stratégie d’évitement, les chercheurs ont désactivé temporairement ces deux régions chez les souris pendant l’expérience. Ils ont ensuite utilisé les approches optogénétique[1] couplées à des enregistrements de l’activité électrique des neurones, afin de manipuler et d’observer en temps réel au niveau neuronal les modifications comportementales qui se produisaient. Le résultat est significatif : au moment où la souris reçoit le stimulus auditif, quelle que soit la région désactivée (amygdale ou cortex préfrontal), la réponse d’évitement est fortement perturbée. Cela démontre le rôle clé de ces deux régions du cerveau, à la fois dans la reconnaissance d’une menace, et dans la réponse d’évitement.
En outre, les chercheurs ont découvert que le cortex préfrontal associe non seulement le son à une menace, mais contrôle l’action à venir. En effet, une seconde avant que la décision de fuir ne soit prise chez la souris, les chercheurs ont constaté une activation des neurones dans le cortex préfrontal. L’amygdale intervient ensuite pour faire persister au sein du cortex préfrontal cette association entre le son désagréable et la prise de décision de l’animal. Le maintien de cette information dans le cortex préfrontal grâce à l’amygdale est ce qui permet in fine à l’animal de prendre la décision de fuir.

 Le mécanisme d’évitement est donc conditionné par l’interaction entre l’amygdale et le cortex préfrontal.


Une avancée prometteuse pour traiter les troubles de l’anxiété grâce à l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle permet de prédire le comportement de l’animal à partir de schémas de l’activité neuronale passée. Néanmoins cette technique avait rarement été appliquée dans les recherches liées aux comportements émotionnels.

Dans cette étude, l’IA a été mobilisée pour prédire le comportement de l’animal en présence d’une menace, et cette technique est tout-à-fait applicable à l’humain.

Bien que cette méthode n’aie encore jamais été testée chez l’homme, « il serait possible avec l’intelligence artificielle de prédire ,en fonction d’un enregistrement en temps réel de l’activité du cerveau, quel va être le comportement de tel ou tel individu dans une situation émotionnelle négative et éventuellement de développer des outils qui permettent réguler en temps réel les modifications neuronales qui y sont associées » souligne Cyril Herry, co-auteur de l’étude. Il s’agit d’une avancée importante pour les patients atteints de stress post-traumatique ou d’anxiété généralisée, qui ont une réaction d’évitement excessive en l’absence de menace réelle. Pouvoir prédire les modifications neuronales associées à cette anxiété permettra de traiter les symptômes en temps réel, et d’en cibler les causes physiologiques profondes.

 
[1]L’optogénétique consiste à modifier génétiquement certaines cellules neuronales pour les rendre sensibles à la lumière. Cela permet par exemple d’activer ou d’inhiber certains neurones bien ciblés grâce à un rayon de lumière, sans toutefois affecter les neurones voisins. Ainsi, cette technique permet de trouver des liens de causalité entre des activités neuronales et des manifestations comportementales.

 

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