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LE JAPON

 

PLAN
JAPON : HISTOIRE
1. Préhistoire et protohistoire
1.1. La période Jomon
1.2. La période Yayoi
1.3. La période des tumulus
1.4. Le Kojiki et le Nihon Shoki
2. La période d'Asuka (milieu du vie s.-début du viiie s.)
3. La période de Nara (710-794)
4. La période de Heian (794-1185/1192)
5. La période de Kamakura (1185/1192-1333)
6. La période Ashikaga ou de Muromachi (1333-1582)
7. L'ère des dictateurs (1582-1616)
8. La période d'Edo ou des Tokugawa (1616-1868)
9. L'ère Meiji (1868-1912)
10. Les suites de l'ère Meiji (1912-1927)
11. La montée du militarisme (1927-1937)
12. La seconde guerre sino-japonaise : 1937-1945
12.1. L'entrée en guerre
12.2. L'offensive générale
12.3. La capitulation
Voir plus
Japon : histoire
Meiji Tenno
Multimillénaire, l'histoire du Japon est jalonnée de ruptures. Après l'intrusion plus ou moins brutale de tribus continentales au iiie s. avant notre ère, la naissance, neuf siècles plus tard, d'un État unifié sous l'égide d'un dynastie impériale aux origines obscures, constitue la deuxième rupture. Aux alentours de l'an 1000, cet État s'effondre dans les guerres incessantes que se livrent les clans des Minamoto et des Taira ; à l'État centralisé succède la féodalité. L'affaiblissement du pouvoir shogunal plonge l'empire dans deux siècles d'anarchie sanglante (xve s.-xvie s. et marque la quatrième rupture. Les Tokugawa pacifient le pays et forgent un État centralisé et moderne, dans lequel se constituent de puissantes dynasties marchandes ; le pays est fermé au monde ; cette nouvelle rupture ouvre la période d'Edo (1616-1868), souvent considérée comme la « matrice du Japon moderne ». L'avènement de l'empereur Mutsuhito ouvre l'ère Meiji (1868-1912), caractérisée par un processus de modernisation économique et politique qui transforme un archipel replié sur lui-même en un empire agressif et expansionniste : guerre sino-japonaise (1894-1895), guerre russo-japonaise (1904-1905), annexion de la Corée (1910). Contraint par les Occidentaux à limiter son expansion coloniale (traité de Washington, 1921-1922), atteint par la crise de 1929, alors que la pression démographique devient insoutenable, le Japon connnaît une nouvelle rupture avec la montée du militarisme (1930-1945). Au lendemain de sa défaite en 1945, le Japon impérial entame sa mue en une démocratie officiellement pacifiste et transpose sur le plan économique son énergie et son appétit d'expansion.
1. Préhistoire et protohistoire

La conquête de l'archipel par les JaponaisLa conquête de l'archipel par les Japonais
Les îles du Japon sont peuplées, dès avant le VIIIe millénaire avant notre ère, par des populations provenant probablement du continent nord-asiatique et qui étaient au stade du paléolithique supérieur (ou tout au moins mésolithique). On distingue dans la préhistoire du Japon plusieurs phases, la plus ancienne étant qualifiée de pré-Jomon ou précéramique. Lui succède une culture céramique de type particulier (à impressions de cordes, d'où son nom de Jomon), qui durera jusqu'au iiie s. avant notre ère dans le sud du Japon, mais se continuera parfois jusqu'au xe s. dans le Nord.
1.1. La période Jomon

Cette longue période de « mésolithique attardé », au développement assez lent, est caractérisée par des poteries à fond plat ou pointu, décorées de reliefs sur leurs bords, et par l'utilisation d'un outillage de pierre. Ces objets appartiennent à des populations clairsemées de chasseurs-ramasseurs et de pêcheurs au harpon, demeurant dans des cabanes de bois à demi enterrées, rectangulaires ou rondes. Vers le milieu de la période (Ve-IVe millénaire avant notre ère), les poteries commencent de s'orner de décors fantastiques en relief et de figures anthropomorphes. La pierre polie se substitue progressivement à la pierre taillée, sans toutefois la supplanter complètement. Vers la fin de la période, la poterie se simplifie et apparaissent des mortiers plats en pierre, servant à broyer les graines alimentaires. On peut déjà discerner des éléments de cultes du foyer. Les techniques de chasse et de pêche se perfectionnent et des filets sont utilisés pour attraper le poisson. .
Pour en savoir plus, voir l'article Jomon.
1.2. La période Yayoi

Vers le iiie s. avant J.-C., dans le nord du Kyushu, apparaît un nouveau peuple en provenance du sud de la Chine. Ces Yayoi (du nom d'un quartier de Tokyo où, en 1884, ont été découvertes les premières poteries : yayoishiki) apportent avec eux la technique de la culture du riz. Leur céramique, montée au tour et cuite à une température plus élevée, a des formes inspirées de la poterie des Han et de la Corée. Dans le même temps apparaissent, dans l'extrême nord des îles, des populations venues de Sibérie, apparentées aux Caucasoïdes, les Aïnous, qui se mélangent aux peuples Jomon attardés. Dans le reste des îles, les populations Jomon sont progressivement refoulées dans les montagnes par les néolithiques Yayoi, qui utilisent de nouvelles techniques : métallurgie du fer et du bronze, tissage, tour de potier, etc. Parmi les objets métalliques, on distingue des armes rituelles, des miroirs et des dotaku.

Dotaku

Mot japonais désignant des cloches de bronze sans battant de l'époque Yayoi (IIe siecle av J.C.-IIIe siecle apr. J.-C.), de forme semi-cylindrique et souvent ornées d'un décor en léger relief.

Les paysans Yayoi sont organisés en petites communautés ou chefferies, dont le roi est en même temps le grand prêtre. Ils construisent des maisons d'un type nouveau inspiré de celles, sur pilotis, du sud de la Chine et enterrent leurs morts dans des cistes ou des urnes. De cette époque date probablement la « mongolisation » de la population, une certaine sinisation des mœurs et une organisation religieuse et politique particulière.
Pour en savoir plus, voir l'article Yayoi.
1.3. La période des tumulus

Haniwa
Vers le milieu du iiie s. de notre ère, des groupes de cavaliers-guerriers venus de Corée pénètrent dans le Japon méridional et s'installent en maîtres. Ces familles « aristocratiques » s'imposent facilement aux paysans Yayoi et entrent en lutte contre les populations de « sauvages » réfugiées dans les montagnes et le nord des îles. Ces cavaliers-archers d'origine altaïque, bardés de fer et montés sur de grands chevaux, deviennent les chefs des communautés villageoises et les organisent en « États ». Ils se font inhumer dans des tumulus de très grandes dimensions appelés kofun, sous lesquels sont ménagées des chambres funéraires, dont certaines ont un plan en « entrée de serrure », qui semble particulier au Japon. Autour des tumulus sont rangés des cylindres de terre cuite (haniwa), parfois surmontés de représentations humaines ou animales. Ces guerriers apportent également aux paysans Yayoi de nouvelles croyances (chamanisme sibérien), des mythes et un schéma d'organisation sociale en clans. Ceux-ci, en se groupant, forment des sortes de royaumes qui ne tardent pas à entrer en lutte les uns contre les autres. Il n'y a pas alors de distinction politique entre les îles du Japon et le sud de la Corée : celle-ci ne se fera que plus tard, alors qu'à la suite des luttes internes un groupe de clans arrivera à dominer tous les autres dans les îles.
1.4. Le Kojiki et le Nihon Shoki

Le clan souverain du Yamato (région du sud de Kyoto), une fois sa position solidement établie, va prétendre à l'empire, et son roi (miyatsuko) prendra aussitôt le titre chinois d'empereur (tenno). Assez tardivement (en 712 et 720), les nouveaux empereurs, afin de légitimer leur emprise, font rédiger une « histoire » du Japon, faisant descendre leur lignée de la déesse du Soleil, Amaterasu. Les deux ouvrages ainsi rédigés à la gloire des tenno, le Kojiki et le Nihon Shoki, sont les seules sources (ou à peu près) que nous ayons pour établir une histoire du Japon avant l'arrivée du bouddhisme (venu de Corée vers 538). On y apprend qu'un empereur Jimmu, petit-fils d'Amaterasu, aurait fondé l'empire, que des guerres auraient opposé le Mimana (sud de la Corée) au Yamatai (nord de Kyushu ?), dans lesquelles se seraient illustrés l'« impératrice » Jingu et son fils Ojin. Le sud de Kyushu fut à son tour conquis sur les autochtones. Ces luttes provoquèrent un afflux considérable de Coréens au Japon, qui y apportèrent leurs mythes et croyances, ainsi que de nombreuses techniques nouvelles héritées des Chinois : tissage de la soie, écriture, poterie vernissée, architecture, doctrines confucéenne et taoïque, ainsi que des rudiments de culture chinoise. On date généralement de 538 (introduction officielle du bouddhisme coréen) le début de la période historique du Japon.
Pour en savoir plus, voir les articles bouddhisme, Confucius, confucianisme.
2. La période d'Asuka (milieu du vie s.-début du viiie s.)

538-587 : la royauté étant établie en Yamato, des ambassades commencent de s'échanger avec les cours coréenne et chinoise. Des Japonais vont étudier en Chine et des moines bouddhistes coréens s'installent à la cour, ce qui provoque une guerre civile entre les clans Soga (partisans de l'adoption du bouddhisme et de la civilisation chinoise) et Mononobe (partisans des cultes indigènes, appelés shinto, et de l'isolement politique du Yamato). Les Soga finissent par l'emporter ; ils font élever un temple de type coréen à Asuka, alors résidence temporaire de la cour.
628 : après la mort du prince Shotoku (en 622), neveu de l'impératrice Suiko (593-628), un code de lois en 17 articles est promulgué. Shotoku a fait construire de nombreux temples bouddhiques. Textes chinois, bouddhiques et confucéens, techniques, idées politiques affluent au Japon.
645 : le clan Nakatomi réussit à éliminer celui des Soga, alors tout-puissant, et établit un système de gouvernement calqué sur celui de la Chine des Tang (code de l'ère Taika), un système d'« ères », et préconise une distribution idéale des terres aux paysans, assiette d'un système d'impôts inspiré de celui alors en vigueur en Chine.
663 : défaite des troupes japonaises en Corée ; les liens politiques sont rompus avec le continent, mais de très nombreux Coréens accompagnent les Japonais dans leur retraite et s'établissent dans les îles.
672 : l'empereur Temmu fait appliquer plus strictement le code Taika et entreprend de faire rédiger un code plus complet, celui de l'ère Taiho (701).
3. La période de Nara (710-794)

Six sectes bouddhiques, installées près de Nara et de la cour d'Asuka, imposent leurs conceptions, mais le peuple n'y a point de part.
Petit lexique du Japon féodal
PETIT LEXIQUE DU JAPON FÉODAL

bakufu
Gouvernement militaire.
daimyo
Seigneur local.
fudai
Samouraï vassal dépendant directement de Tokugawa Ieyasu et qui avait combattu à ses côtés à Sekigahara (1600).
hatamoto
Samouraï placé sous la vassalité directe du shogun et non d'un daimyo. Sous les Tokugaya, les hatamoto furent au nombre de 80 000.
kampaku
Titre d'une fonction équivalent à celle de régent. Les Fujiwara, les premiers à l'assumer, exercèrent en fait une véritable dictature du Xe au XIIesiecle
ronin
Samouraï qui, volontairement ou non, quittait le service de son maître et se mettait à parcourir le pays en quête d'aventures.
samouraï
Guerrier placé au service d'un daimyo. Les samouraïs développèrent un idéal d'honneur et de fidèlité exacerbé.
shikken
Lieutenant d'un shogun. La fonction fut créée par les premiers shogun de Kamakura (XIIesiecle). En 1199, cette charge échut à la famille des Hojo, qui la rendirent héréditaire, puis gouvernèrent sous ce titre à la place des shogun de Kamakura.
shogun
1. À l'origine, chef militaire japonais en campagne contre les Aïnous.
2. Dictateur militaire du Japon de 1192 à 1867.
tandai
Titre donné, sous le shogunat de Kamakura (1192-1333), aux gouverneurs militaires de certaines régions, principalement Kyoto et le Kanto.
tozama
Nom donné aux daimyo qui ne se soumirent au shogun Tokugawa Ieyasu qu'après la bataille de Sekigahara (1600) et la chute du château d'Osaka (1615). Ils bénéficiaient d'une plus grande indépendance de fait que les fidèles de Ieyasu, appelés fudai.
710 : achèvement du code de l'ère Taiho, promulguant une nouvelle distribution des terres, précisant les droits et devoirs de chacun et instituant un système militaire et social nouveau.
712 : rédaction officielle du Kojiki. La cour s'établit définitivement à Nara, abandonnant l'habitude de changer de lieu de résidence à la mort de chaque souverain. Les paysans, trop imposés, s'évadent des terres impériales pour se réfugier sur celles des seigneurs ou des monastères, ce qui affaiblit le pouvoir impérial au profit des chefs de clans et des communautés religieuses.
741 : l'empereur Shomu fait construire des temples bouddhiques dans toutes les provinces, afin de prier pour la prospérité, ce qui affaiblit financièrement les chefs de clans obligés de participer à la dépense.
743 : l'empereur permet la possession individuelle des terres nouvellement défrichées ; c'est l'origine des grands domaines féodaux. Épidémie de variole : pour apaiser les divinités, on élève un grand temple, le Todai-ji, à Nara (alors appelée Heijokyo) et on y installe une grande effigie du Bouddha en bronze, en 749.
751 : première anthologie officielle de poèmes, le Kaifuso, rédigée en chinois.
754 : le moine bouddhiste Ganjin arrive de Chine avec des élèves et de nombreux techniciens.
756 : l'impératrice douairière Komyo fonde un musée (le Shosoin), encore intact de nos jours.
770 : à la mort de l'impératrice Shotoku, le moine Dokyo, qui avait usurpé tous les pouvoirs, est chassé, et les ministres refusent désormais de laisser le trône à des femmes.
784 : l'empereur Kammu, afin de se libérer de l'emprise des moines bouddhistes de Nara, fonde une nouvelle capitale à Nagaoka, puis, dix ans plus tard, une autre à Heiankyo (Kyoto), qu'il fait édifier sur le plan en damier de la capitale des Tang, Changan (aujourd'hui Xi’an). Cette nouvelle cité, inaugurée en 794, demeurera la capitale du Japon jusqu'en 1868.
Pour en savoir plus, voir l'article Nara.
4. La période de Heian (794-1185/1192)

800-803 : le général Sakanoue no Tamuramaro refoule vers l'extrême nord les populations Jomon et Aïnous, qui se faisaient menaçantes ; sur les terres ainsi conquises viennent s'installer des colons guerriers qui s'érigent en clans.
805-806 : deux moines bouddhistes japonais reviennent de Chine, Saicho (Dengyo Daishi) et Kukai (Kobo Daishi), et en rapportent de nouvelles doctrines bouddhiques ainsi que des formes d'art nouvelles. Ils fondent de grands monastères. Une nouvelle écriture syllabique est créée pour transcrire les désinences purement japonaises et permettre aux femmes (lesquelles n'ont pas accès à la culture chinoise) d'écrire. Des académies se créent. Les nouvelles doctrines bouddhiques tentent de concilier les croyances autochtones, les concepts confucéens et taoïques avec les doctrines du bouddhisme.
838 : le Japon tente de se libérer de l'emprise culturelle chinoise et cesse d'envoyer des ambassades, bien que les contacts individuels (moines surtout) continuent. Des réformes sont entreprises pour transformer la société et l'organiser sur des bases bouddhiques.
858 : un ministre du clan Fujiwara, ayant épousé la fille de l'empereur Saga, prend le titre de régent (kampaku). Sa famille détiendra en fait les rênes du pouvoir jusqu'au milieu du xiie s.. Les Fujiwara instaurent une ère de paix et de développement culturel qui fera de leur période l'ère « classique » du Japon.
903 : un adversaire politique des Fujiwara, le ministre Sugawara no Michizane, est exilé et meurt à Kyushu. Le peuple le divinisera sous la forme chinoise du « dieu de la Littérature et de la Calligraphie ». Les Fujiwara et les seigneurs des grands domaines (shoen) lèvent des troupes personnelles parmi les clans de colons guerriers du Nord et de l'Est afin de faire la police et de se protéger contre le banditisme. Le Japon se morcelle en un grand nombre de « grandes propriétés », tandis que la cour, oisive, mène une vie luxueuse et pieuse.
940 : un seigneur du clan des Taira se révolte dans l'Est et ose se proclamer empereur. Les Fujiwara envoient contre lui des troupes empruntées à un autre clan guerrier de l'Est, celui des Minamoto. Les clans des Taira et des Minamoto tentent alors de supplanter les Fujiwara, commencent de se livrer à des guerres de conquête afin d'affirmer leur pouvoir, et organisent leurs provinces comme de véritables États.
Vers 1000 : les femmes de la cour écrivent des romans, et la nouvelle secte bouddhique d'Amida, prônant une sorte de piétisme populaire, diffuse le bouddhisme dans le peuple. Dans l'Est, les clans guerriers se fortifient et, à la cour, les intrigues se font de plus en plus nombreuses, visant à éliminer le clan tout-puissant des Fujiwara.
1068 : pour la première fois depuis plus d'un siècle, un empereur accède au pouvoir sans qu'il soit apparenté aux Fujiwara et tente de réaliser des réformes. Pour avoir les mains plus libres, il abdique en 1072 au profit de son fils et forme un gouvernement « parallèle », inaugurant ainsi une coutume qui se prolongera pendant plus d'un siècle. Le clan Fujiwara ne tarde pas à se diviser en factions ennemies. Ces dissensions font le jeu des chefs des clans guerriers, qui bientôt obtiendront de hautes charges à la cour, soutenus par de nombreux petits seigneurs et les grands monastères bouddhiques qui se sentent menacés dans leurs possessions. Le pays se divise de plus en plus, sous l'égide des deux clans les plus puissants militairement, les Minamoto et les Taira. Tour à tour ceux-ci prendront le parti de l'empereur contre les Fujiwara et les remplaceront aux postes clés. Mais les deux clans rivaux ne tardent pas à s'affronter pour la suprématie.
1159-1160 : le chef du clan des Taira, Kiyomori, est dépossédé par les Minamoto, qui déposent l'empereur. Les Taira attaquent et battent les Minamoto dans la ville de Kyoto.
1167 : Taira no Kiyomori devient chancelier de l'Empire, mais sa dureté lui aliène la sympathie de la population, qui se tourne vers les Minamoto.
1180 : des batailles opposent sans cesse les Taira et les Minamoto, à Kyoto et Uji. Les troubles politiques favorisent le banditisme. Des famines s'installent dans le centre et l'est de l'île de Honshu, affaiblissant principalement le clan des Taira. Dès 1183, les Minamoto attaquent ces derniers et, en 1185, détruisent la flotte Taira près de Shimonoseki, à Dan-no-Ura. Le jeune empereur Antoku est noyé dans la bataille. Le chef du clan Minamoto, Yoritomo (1147-1199) et son frère, le général Minamoto no Yoshitsune, éliminent le clan des Taira.
1189 : les Minamoto se retournent alors contre les Fujiwara et conquièrent leurs territoires du nord du Honshu.
Pour en savoir plus, voir les articles confucianisme, taoïsme.
5. La période de Kamakura (1185/1192-1333)

Après avoir confisqué « au nom de l'empereur » les terres de nombreux seigneurs qui lui étaient hostiles, Minamoto no Yoritomo a constitué un gouvernement parallèle à celui de l'empereur, mais sur des bases différentes, instaurant une société quasi féodale fondée sur les relations d'assistance et de fidélité existant entre Yoritomo lui-même, ses vassaux et les vassaux de ceux-ci. Il lève des troupes, libère quelque peu la paysannerie des règles qui la régissaient jusque-là, lui donnant les terres qu'elle cultive, mais lui conférant un statut inférieur à celui des guerriers (samouraïs). Des intendants représentent Yoritomo dans chaque État vassal, et, à partir de 1192, un représentant personnel du shogun, le tandai, est placé auprès de la cour à Kyoto. Yoritomo a imposé un kampaku de son choix à la cour et repris à son compte la politique matrimoniale instaurée par les Fujiwara au ixe s.
1192 : devenu le seigneur le plus puissant du Japon, Yoritomo se fait nommer shogun par l'empereur, qui, à Kyoto, ne possède plus aucune autorité. Yoritomo, ayant établi son bakufu à Kamakura, dicte ses ordres au pays tout entier. Le pays, ruiné, affamé, se rallie à lui. Yoritomo met fin au régime des « empereurs retirés » et règne en maître sur tout le Japon.
1195 : Minamoto no Yoritomo fait une impressionnante démonstration de force à Kyoto, mais les intrigues continuent.
1199 : à la mort de Yoritomo, un seigneur Hojo (apparenté aux Taira) prend la régence (shikken) du bakufu, avec l'aide de sa fille Masako, veuve de Yoritomo. Yoriie, fils de Yoritomo, prend le titre de shogun.
1203 : Yoriie, incapable, abdique au profit de son frère Sanetomo et est assassiné. Hojo Tokimasa est cependant obligé de démissionner de sa charge de shikken en 1205, Masako s'étant opposée à Makiko son épouse. Son fils Hojo Yoshitoki lui succède en tant que shikken.
1219 : Sanetomo ayant été assassiné, l'empereur Go-Toba déclare (en 1221) le bakufu rebelle et tente de reprendre le pouvoir. Hojo Yoshitoki bat les troupes de l'empereur à Uji et l'exile. Les shikken Hojo ont désormais tous les pouvoirs et nomment à leur gré les empereurs.
1222 : le bakufu fait faire un recensement général.
1232 : promulgation d'un nouveau code de lois en 51 articles, le Joei Shikimoku, rédigé en japonais. Il recevra par la suite, en 1243 et 1286, des additions. Ce « code national » restera en vigueur jusqu'en 1868.
1247 : à la suite de la révolte de quelques seigneurs non inféodés au bakufu et après la victoire de ce dernier, leurs domaines sont confisqués. Bien que le shogun soit désormais choisi dans la famille impériale, le véritable pouvoir demeure aux mains des shikken Hojo. Le bakufu s'aristocratise et se stabilise.
1266-1268 : Kubilay Khan, alors empereur de Chine, prétend conquérir le Japon. Le bakufu, alarmé, fait renforcer les défenses du nord de l'île de Kyushu et mobilise tous les samouraïs. En 1271, une autre ambassade chinoise (mongole) est renvoyée.
1274 : attaque du nord de Kyushu par une grande flotte mongole et coréenne (30 000 hommes) qui, inexplicablement, se retire la nuit suivante. La cour offre des prières aux divinités.
1275 : des envoyés du khan demandant la soumission du Japon à la Chine sont exécutés. Le bakufu se dote d'une flotte puissante et fait construire un long mur en pierre le long des côtes du nord de Kyushu.
1281 : deux flottes mongole et coréenne (environ 140 000 hommes) débarquent en deux points de la côte nord de Kyushu. Les Mongols sont sur le point de vaincre, lorsque, le 14 août, un typhon providentiel détruit une partie de la flotte d'invasion et force les guerriers mongols et coréens à se rembarquer en toute hâte ; ceux qui sont restés à terre sont impitoyablement massacrés par les samouraïs.
1294 : mort de Kubilay Khan. Le Japon est provisoirement sauvé de l'envahisseur chinois, mais les shikken préfèrent garder sous les armes les samouraïs afin de prévenir un retour offensif des Mongols. Ces guerriers, une fois démobilisés, se trouvent ruinés. Certains sont alors obligés, en contrevenant à la loi, de vendre des parties de leurs domaines à des marchands, qui, seuls, ont profité de la guerre en fournissant armements et vivres…
1297 : le bakufu renforce les lois interdisant la vente des fiefs. Mais les seigneurs dépossédés n'obéissent déjà plus au gouvernement de Kamakura. L'empereur les soutient dans leur révolte.
1326 : l'empereur Daigo II refuse d'abdiquer comme le lui demande le shikken, et, soutenu par les nobles, désigne son fils comme héritier.
1331 : Daigo II est battu par les troupes du shikken et exilé dans l'île d'Oki.
1333 : grâce à la complicité d'un Minamoto dissident, Ashikaga Takauji, Daigo II s'enfuit, réunit des troupes et rentre à Kyoto. Soulèvement général des seigneurs contre le bakufu. La ville de Kamakura est prise et incendiée. Daigo II restaure le pouvoir impérial.
Pour en savoir plus, voir l'article Mongols.
6. La période Ashikaga ou de Muromachi (1333-1582)

1336 : Ashikaga Takauji , devenu le seigneur le plus puissant du Japon, se retourne contre l'empereur et établit à son tour un bakufu à Kyoto même. En 1338, il se fait nommer shogun par l'empereur qu'il a mis sur le trône. L'empereur légitime se réfugie dans les montagnes du Yamato avec ses partisans, inaugurant la période dite des « deux cours », pendant laquelle la guerre civile va ensanglanter le pays jusqu'en 1392. La lutte sera épisodique mais acharnée. La ville de Kyoto sera prise et reprise quatre fois, et chaque fois détruite. Dans les provinces, les seigneurs, espérant conquérir la suprématie, se battent, plongeant le pays dans la guerre civile.
1383 : bien qu'Ashikaga Takauji soit mort en 1358, la situation demeure la même sous ses successeurs et ceux de Daigo II. L'île de Kyushu reste acquise aux loyalistes, mais, dans le Nord, nombre de seigneurs se sont rendus indépendants.
1392 : reconquête de Kuyshu par les Ashikaga. L'empereur légitime Go-Kameyama accepte d'abdiquer, et la guerre des deux cours se termine. Mais le pays est ensanglanté et la ville de Kyoto presque totalement détruite. Sous l'autorité des shogun Ashikaga, l'organisation administrative a été refondue et le pays divisé en trois grandes régions dirigées par un kanrei (grand délégué) sous l'autorité du shogun.
1400-1401 : le shogun tente de réduire les pirates Wako, qui écumaient les côtes japonaises, coréennes et chinoises et renoue des relations amicales avec la Chine des Ming.
1419 : les Wako de l'île de Tsushima sont détruits par les Coréens.
1428 : révolte des paysans des provinces à la suite d'épidémies et de famines. Ils forment des ligues de défense contre les bandes de samouraïs-brigands.
1456 : le shogun Ashikaga Yoshimasa doit reconnaître les droits de propriété des paysans et réduire leurs dettes.
1457 : grande famine et épidémies. Le gouvernement central ne fait rien. Les grands seigneurs lèvent des barrières d'octroi qui entravent le commerce et aggravent les famines. Les paysans, à bout de ressources, s'engagent comme soldats à pied (ashigaru) dans les rangs des armées seigneuriales, et se livrent au brigandage.
1467-1477 : une nouvelle guerre civile est déclenchée entre les seigneurs au sujet de la succession du shogun Yoshimasa. 160 000 hommes s'affrontent dans la ville de Kyoto, qui est la proie des flammes. Cette guerre civile, dite de l'ère Onin, est une guerre « pour le plaisir » faite par les daimyo pour leur gloire. Elle s'étend jusque dans les provinces, où les guerriers s'affrontent sans savoir pourquoi.
1486 : grande révolte paysanne contre les excès des guerriers. Les paysans demandent le départ des troupes et veulent rentrer en possession de leurs terres.
1489 : le shogun Ashikaga Yoshihisa est assassiné et sa succession fait s'affronter les daimyo. Ceux-ci s'opposent entre eux ou au bakufu de Muromachi, rendant tout gouvernement central impossible. Des comités de paysans, de commerçants, d'artisans se créent afin de constituer des gouvernements locaux. La cour, oisive et ruinée, protégée par l'un ou l'autre des daimyo, se désintéresse de la situation. Le Japon est alors partagé de fait entre une trentaine de grands daimyo et une centaine de plus petits seigneurs qui se combattent sans répit, aidés par des bandes de paysans-guerriers n'observant aucune des lois de la chevalerie des samouraïs.
1542 : des marchands portugais échoués sur la petite île de Tanegashima (sud de Kyushu) importent les premiers mousquets. Très vite l'usage de cette arme nouvelle se répand dans tout le Japon.
1549 : François Xavier commence l'évangélisation du pays. Bateaux portugais, hollandais et espagnols accostent et font du commerce avec les Japonais des côtes.
1568 : un petit seigneur du Nord, Oda Nobunaga (1534-1582), réussit à vaincre tous ses adversaires, entre à Kyoto en vainqueur et se fait nommer shogun, ayant abattu la puissance déclinante des Ashikaga. Il organise à son profit les provinces centrales.
1574 : les sectes religieuses, qui s'étaient armées, représentent désormais une puissance avec laquelle le gouvernement doit compter. La secte Ikko (créée par le moine Shinran) se révolte et soulève les campagnes.
1576 : Oda Nobunaga se fait construire un château sur les bords du lac Biwa, prototype de tous les châteaux japonais, et le fait luxueusement décorer par les meilleurs artistes de son temps. En 1571, il a détruit les monastères rebelles du mont Hiei, près de Kyoto, et fait massacrer leurs moines. En 1574, il a attaqué et mis en fuite le dernier Ashikaga, Yoshiaki. En 1580, il abat la puissance de la secte Ikko et prend son château d'Osaka. Avec l'aide de ses généraux Tokugawa Ieyasu et Toyotomi Hideyoshi, il vient finalement à bout de tous ses adversaires et unifie le centre du Japon sous son autorité.
1582 : Oda Nobunaga, devenu dictateur des provinces centrales, est attaqué par un de ses généraux, et obligé de se suicider. Treize jours après, le félon est attaqué et tué par Toyotomi Hideyoshi, qui prend la succession de son maître.
7. L'ère des dictateurs (1582-1616)

Tokugawa IeyasuTokugawa Ieyasu
1584 : Hideyoshi fait élire le fils d'Oda Nobunaga comme shogun, mais garde le pouvoir. Il continue alors la guerre contre les seigneurs non encore ralliés, surtout ceux de Kyushu, et transfère le siège de son gouvernement à Osaka, où il oblige les grands daimyo à lui construire un immense château. Il fait en même temps démolir ceux des seigneurs rebelles. Il fait établir un recensement général des terres, rend les paysans propriétaires et solidaires de leurs terres et interdit le port des armes aux non-samouraïs. Il établit le principe (d'origine chinoise) de la responsabilité collective et fixe l'impôt entre 40 et 50 % de la récolte. Les daimyo sont classés selon leur revenu annuel en koku (180 litres) de riz. Le plus puissant d'entre eux, Tokugawa Ieyasu, en possède 2 500 000, les moins puissants seulement 10 000.
1585 : Hideyoshi fait frapper sa propre monnaie et favorise le développement des mines d'or et d'argent. Homme le plus riche du Japon, il subventionne la cour impériale, ordonne un grandiose programme de constructions, donne des fêtes splendides et patronne arts et lettres. Il est nommé dajo daijin (Premier ministre) par l'empereur.
1586 : Hideyoshi réunit une immense armée afin de soumettre les grands daimyo encore indépendants (sauf cependant Tokugawa Ieyasu, avec qui il est allié et qui demeure dans son fief du Kanto [région de Tokyo]).
1590 : le dernier des daimyo Hojo est vaincu en son château d'Odawara.
1592 : afin d'occuper ses guerriers, Hideyoshi les lance à la conquête de la Corée. Ses troupes entrent à Séoul. Il décide alors de s'attaquer à la Chine.
1593 : les Chinois étant venus au secours des Coréens, les Japonais perdent Séoul. Un fils naît à Hideyoshi. Le neveu de Hideyoshi, Hidetsugu, nommé son successeur, se révèle débauché et cruel.
1595-1597 : les troupes japonaises en Corée subissent revers sur revers. Hideyoshi, qui montre des signes d'aliénation mentale, contraint son neveu au suicide. En 1596, il nomme son fils (âgé de trois ans) kampaku. L'amiral coréen Li Sunshin, qui a inventé un bateau cuirassé, détruit la flotte japonaise. Hideyoshi réorganise alors sa flotte et envoie en 1597 100 000 hommes en renfort en Corée pour soutenir l'armée commandée par Konishi Yukinaga.
1598 : les Sino-Coréens refoulent les armées japonaises. Mort de Hideyoshi. Konishi traite avec les Chinois et abandonne la Corée. Tokugawa Ieyasu se pose en protecteur du jeune Hideyori, mais se voit confronté aux ambitions des autres seigneurs.
1600 : affrontement général entre les troupes fidèles à Tokugawa Ieyasu et les autres daimyo. À Sekigahara, Tokugawa Ieyasu est vainqueur. Il fait exécuter les principaux chefs des armées adverses (parmi lesquels Konishi) et prend le pouvoir.
1601 : Ieyasu confisque les mines d'or, fait battre monnaie et oblige les villes à lui céder leurs privilèges.

Tokugawa Ieyasu
1603 : Tokugawa Ieyasu établit son bakufu au centre de ses domaines, à Edo (aujourd'hui Tokyo), et s'y fait construire un château. Il monopolise le commerce de la soie et acquiert une fortune considérable. Il s'adjoint des hommes habiles : le confucéen Hayashi Razan (1583-1657), le navigateur anglais William Adams, dit Anjin (qui s'était échoué sur les côtes du Japon et que Ieyasu avait pris à son service afin qu'il créât une marine moderne), des marchands influents… Il divise ses vassaux en trois classes : les fudai, dépendant directement de lui et qui avaient combattu à ses côtés à Sekigahara, les hatamoto ou vassaux mineurs, dépendant aussi directement de lui, enfin les tozama ou « daimyo extérieurs », très surveillés et obligés de venir vivre à Edo pendant une partie de l'année. Le code de réglementation instauré par Hideyoshi est strictement appliqué.
1614-1615 : les seigneurs mécontents se regroupent autour d'Hideyori dans le château d'Osaka. Deux sièges permettent à Tokugawa Ieyasu d'abattre les rebelles. La forteresse est rasée et Hideyori contraint au suicide, ainsi que les principaux chefs des rebelles.
1616 : Ieyasu, blessé au cours du siège d'Osaka, meurt. Son fils, Tokugawa Hidetada, déjà intronisé shogun depuis 1605, lui succède. L'œuvre de Ieyasu a été immense et durable : il a unifié le pays et donné à celui-ci un gouvernement stable ; il a renoué des relations amicales avec la Chine des Qing, amélioré sa flotte de commerce et noué de fructueuses relations avec les pays du Sud-Est asiatique, et même l'Europe. Ayant tout d'abord favorablement accueilli les prêtres étrangers, il s'est vite aperçu de la collusion de ceux-ci avec les puissances militaires d'Europe, et il a interdit prosélytisme et construction d'églises, sans toutefois recourir à la persécution, comme l'avait fait Hideyoshi sur la fin de sa vie.
8. La période d'Edo ou des Tokugawa (1616-1868)

Deux samouraïs.
1623-1624 : après avoir consolidé la position du bakufu, Hidetada laisse sa charge de shogun à son fils Iemitsu. Mais celui-ci renforce les interdits relatifs aux étrangers déjà promulgués par son père en 1616 : tous les ports japonais sont fermés aux navires européens, sauf ceux de Hirado et Nagasaki. Cependant, l'activité missionnaire reprenant dans l'île de Kyushu, Iemitsu recourt à la persécution, dès 1622. En 1624, les marchands portugais quittent le pays et les Anglais ferment leur comptoir à Hirado.
1637 : grande rébellion chrétienne et paysanne à Shimabara. Le bakufu réagit violemment, massacre les chrétiens de Shimabara et interdit aux navires portugais et espagnols d'aborder au Japon.
1639 : le pays est fermé aux étrangers, sauf aux Chinois et aux Hollandais, qui ont permission de rallier une partie du port de Nagasaki, Dejima (Deshima). Les bateaux japonais doivent être munis d'une autorisation spéciale pour aller en Chine, aux îles Ryukyu, en Corée ou dans le Sud-Est asiatique. Création de grandes routes (Tokaido). Le christianisme est pourchassé.
1651 : mort de Tokugawa Iemitsu. Tentative de coup d'État avortée. De nombreux hatamoto, appauvris, vivent de brigandage.
1657 : un incendie catastrophique détruit la ville d'Edo, faisant plus de 100 000 morts. La capitale est reconstruite sur un plan nouveau. Troubles chez les tozama, qui sont rapidement remis à la raison.
1680 : sous le shogun Tokugawa Tsunayoshi, la classe de marchands commence à prendre une très grande importance. Les daimyo sont parfois obligés de leur emprunter de quoi subvenir à leurs fastueuses dépenses.
1703 : incident de la « vengeance des 47 ronin » (samouraïs ayant quitté le service de leur maître et parcourant le pays en quête d'aventures) : le shogun les condamne à se suicider, mais cet événement va défrayer la chronique et inspirer d'innombrables récits et pièces de théâtre.
1709 : Arai Hakuseki, conseiller confucéen du shogun Ienobu, complète la « Règle des maisons guerrières » instaurée par Tokugawa Ieyasu et adoucit la justice pénale. Les villes connaissent une grande prospérité et la classe des chonin (citadins) se développe.
1716 : plusieurs années de disette ont fait monter les prix et la situation économique est précaire. Le shogun Yoshimune tente des réformes agraires, fait irriguer de nouvelles terres et interdit les dépenses excessives.
1735 : Yoshimune fixe le prix du riz, mais les paysans, accablés par les impôts, se révoltent.
1764, 1765, 1773 : nouvelles et sanglantes révoltes paysannes.
1787 : le conseiller du shogun Ienari, pour rétablir la situation, chasse les fonctionnaires corrompus, assainit les finances et tente de repeupler les campagnes.
1792 : apparition de bateaux russes sur les côtes d'Hokkaido. La prospérité est revenue et les citadins jouissent d'une vie facile baptisée ukiyo (« monde flottant »).
1804 : l'amiral russe N. P. Rezanov mouille dans le port de Nagasaki et y reste pendant six mois. Il ne reçoit pas l'autorisation de se rendre à Edo.
1808 : un navire anglais menace de bombarder Nagasaki si on lui refuse l'approvisionnement en eau et en vivres.
1825 : le shogun Ienari ordonne de détruire tout navire étranger mouillant dans un port japonais.
1832-1836 : série de famines suivies de révoltes paysannes.
1844 : le gouvernement hollandais demande au bakufu de cesser sa politique d'isolement.
1845-1846 : un navire anglais est bien accueilli à Nagasaki ; deux navires de guerre américains mouillent en rade d'Edo, mais ne peuvent entreprendre de pourparlers avec le bakufu.
1853 : l'Américain Matthew Calbraith Perry vient avec quatre bateaux de guerre apporter une lettre du président des États-Unis et annonce son intention de revenir l'année suivante chercher la réponse. Le pays se divise en anti-Occidentaux et pro-Occidentaux.
1854 : retour de l'amiral Perry. Le bakufu, effrayé, consent à ouvrir deux ports, Shimoda et Hakodate, et à recevoir un consul américain. Il doit signer des accords semblables avec la Grande-Bretagne, la Russie et la Hollande.
1856 : arrivée du consul américain Harris, qui est reçu en 1857 par le shogun Iesada.
1858 : une partie du pays se soulève, indignée des accords signés par le shogun avec les « barbares ».
1860 : li Naosuke, conseiller du shogun et partisan de l'ouverture du Japon, est assassiné. Le shogun demande conseil à l'empereur, aux côtés duquel se rangent les ennemis du bakufu.
1862-1863 : après l'assassinat d'un Anglais, la flotte britannique bombarde le port de Kagoshima.
1863 : un bateau américain ayant été attaqué par les canons du port de Shimonoseki, une escadre internationale prend la ville et oblige le daimyo du Choshu à payer une forte indemnité.
1864 : les partisans de l'empereur se révoltent à Kyoto et battent les troupes envoyées par le bakufu. Le shogun Yoshinobu offre sa démission à l'empereur en 1867. Un gouvernement provisoire est mis en place. Les partisans des Tokugawa tentent de résister, mais un soulèvement populaire abat leur résistance. Mutsuhito monte sur le trône et assume le pouvoir.
1868 : Mutsuhito transfère son gouvernement à Edo, rebaptisée en Tokyo. Une ère nouvelle commence, appelée Meiji ou « Époque éclairée ».
9. L'ère Meiji (1868-1912)

Le Japon, 1868-1939

1868-1874 : l'empereur Mutsuhito procède à de profonds remaniements. Le pays est divisé administrativement en arrondissements, le peuple est organisé en nouvelles classes, enfin le droit au sabre est refusé aux samouraïs. La loi donne la propriété des terres aux paysans (1868), rétablit la liberté d'achat et de vente de celles-ci (1871), ainsi que la liberté du commerce intérieur et extérieur (1872-1873). L'impôt foncier est réformé (1872), des universités sont créées et le gouvernement est modernisé.
1874-1877 : Saigo Takamori et Eto Shimpei groupent les mécontents et se révoltent. L'armée impériale (créée en 1871) mettra trois ans à réduire les rebelles.
1885 : Mutsuhito supprime le Conseil impérial des Taira et institue un cabinet parlementaire de style occidental présidé par Ito Hirobumi.

Modernisation des moyens de transportModernisation des moyens de transport
1889 : le 11 février, l'empereur promulgue une Constitution, mais les partisans de l'ancien régime sont encore nombreux et les assassinats politiques se succèdent. La Constitution donne des pouvoirs étendus à l'empereur, crée deux chambres législatives (diète), la Chambre des pairs, aux membres désignés par l'empereur, et la Chambre des représentants élus. Cette dernière assemblée sera réorganisée en 1900 et 1902. La justice est refondue sur des modèles français et allemands. L'armée et la marine sont modernisées, le service militaire obligatoire institué. De nombreuses lois accélèrent le processus d'occidentalisation du Japon. Des lignes de chemin de fer sont inaugurées entre les plus grandes villes, à partir de 1870. La population japonaise augmente rapidement.
1894 : à la suite d'un différend au sujet de la Corée, les forces japonaises débarquent en Chine. Elles l'emportent sur mer comme sur terre. Les Japonais envahissent Formose (Taïwan). La Chine signe le traité de Shimonoseki en 1895, qui consacre la victoire du Japon et, malgré la diplomatie occidentale, l'influence prépondérante de celui-ci en Corée.
1902 : le Japon, après avoir aidé les puissances occidentales contre la révolte des Boxeurs en Chine en 1900, conclut une alliance militaire avec l'Angleterre, alliance destinée à contenir les visées russes sur la Corée. Le tsar Nicolas II envoie 100 000 hommes en Mandchourie.
1904 : le Japon attaque la marine russe basée à Port-Arthur et débarque une armée en Corée et dans le Liaodong.
1905 : après d'âpres combats, le général russe Stoessel, qui commande Port-Arthur, est obligé de capituler. Les troupes japonaises avancent en Mandchourie. La flotte russe de la Baltique, envoyée en renfort, est détruite dans le détroit de Tsushima par les forces de l'amiral Togo. La Russie est obligée de concéder le droit de s'installer en Mandchourie et en Corée aux Japonais, et leur cède la moitié sud de l'île de Sakhaline. Ito Hirobumi est nommé résident en Corée et commence de « japoniser » ce pays. Au Japon même, où l'économie a fait un bond en avant énorme grâce aux deux guerres victorieuses, le jeu des partis s'installe au gouvernement, faisant alterner au pouvoir libéraux et conservateurs. Militaristes et libéraux s'affrontent, mais, en 1911, les militaristes finiront par l'emporter sur le cabinet temporisateur de Saionji.
Pour en savoir plus, voir les articles bataille de Tsushima, guerres sino-japonaises, guerre russo-japonaise.
10. Les suites de l'ère Meiji (1912-1927)

1912 : mort de Mutsuhito, désormais appelé Meiji tenno. Son fils, Yoshibito, âgé de 33 ans, accède au trône. Sous son règne, le jeu des partis continue. Katsura Taro (1847-1913) tentera d'imposer un pouvoir autoritaire. À sa mort, c'est l'amiral Yamamoto qui est chargé de former le nouveau gouvernement.
1914 : le Japon entre en guerre contre l'Allemagne et soutient les Alliés, de manière à avoir les mains libres en Chine.
1915 : le Japon envoie au dictateur chinois Yuan Shikai un ultimatum en 21 points. La Chine est obligée de céder, et la caste militaire triomphe.
1917 : le gouvernement provisoire russe ne reconnaît pas les accords passés avec le tsar. La Chine entre en guerre aux côtés des Alliés, ce qui met le Japon dans une situation délicate.
1918 : les Japonais pénètrent en Sibérie soviétique et s'opposent aux « rouges ». À la conférence de la paix de Versailles, le Japon obtient toutes les possessions allemandes du Pacifique au nord de l'équateur.
1919 : mort de l'ancien empereur de Corée. Les nationalistes coréens conduits par Syngman Rhee (Lee Sung-man) réclament le départ des Japonais et la liberté. La révolte est noyée dans le sang par les militaires japonais. Au Japon, les libéraux reprennent le pouvoir en alternance avec les militaristes.
1923 : un terrible tremblement de terre détruit entièrement Tokyo et Yokohama. L'empereur, de santé chancelante, a déjà nommé son fils, Hirohito régent depuis deux ans. La loi martiale est proclamée. Mouvement de retour aux traditions et à la xénophobie.
1926 : mort de l'empereur Yoshihito, dont le nom devient Taisho tenno. Son fils Hirohito lui succède et nomme son règne « ère Showa » (« La Paix lumineuse »).
11. La montée du militarisme (1927-1937)

HirohitoHirohito
En signant les traités de Washington (1921-1922), qui entérinaient le statu quo entre les grandes puissances en Asie et dans le Pacifique et gelaient les armements navals pour dix ans, les politiciens japonais renonçaient à l'expansion coloniale. L'armée avait vu diminuer son influence de même que son budget. Mais, à la fin de l'ère Taisho, le Japon rentre dans une période de tourmente : corruption politique, poussée des « partis prolétariens », misère et violences rurales provoquées par la concentration des terres. En 1927, les militaires proposent comme solution de reprendre l'expansion coloniale (« mémoire Tanaka »). La crise de 1929 les convainc de passer à l'action. En novembre 1930, ils abattent le Premier ministre Hamaguchi, qui vient d'accepter la prolongation du gel des armements navals (traité de Londres). En septembre 1931, l'armée force la main du gouvernement en occupant la Mandchourie, en violation du système de Washington. Comme le monde des affaires refuse de souscrire un emprunt de défense nationale, le directeur général de Mitsui est assassiné en mars 1932 ; en mai, c'est le Premier ministre Inukai. Terrorisées, les élites civiles abandonnent de facto le pouvoir aux militaires ; la Constitution n'est pas violée. La Diète siège, et les élections se déroulent normalement. Mais l'empereur ne désigne plus que des Premiers ministres soumis aux militaires, qui forment des cabinets extraparlementaires que la Diète n'ose pas renverser. La question qui suscite de vives controverses est de savoir si l'empereur Hirohito est alors le complice actif des militaires ou leur otage.
Les militaires imposent au Japon une organisation de type totalitaire : fusion « volontaire » de tous les partis politiques dans l'Association pour le service du trône (1940), organisation corporatiste de l'économie, encadrement de la population par les 1 120 000 tonarigumi (groupes de voisinage), endoctrinement et répression de toute dissidence par la police secrète Kempeïtaï. L'idéologie repose sur le kokutai et sa vision d'une nation organique, pure, homogène et supérieure – mais sans la volonté systématique d'éliminer les races dites « inférieures » qu'on trouve dans le nazisme. La propagande puise pêle-mêle dans la mythologie shinto, l'éthique samouraï et le confucianisme.
L'empereur est placé au centre de tout. La survie du kokutai est indissociable de celle de sa lignée divine. La nation n'agit que par lui (il légitime le pouvoir exercé en son nom) et pour lui (tous ses sujets lui doivent dévouement jusqu'à la mort). Le tennosei (système impérial) est ainsi le principe actif du totalitarisme japonais. Mais, en même temps, son existence préserve, au cœur même du système, un espace sur lequel l'emprise totalitaire ne s'exerce pas, puisqu'un ordre impérial ne peut pas être contesté. Hirohito, quelle que soit son implication dans les agissements de l'armée, l'utilise pour protéger une « faction de la paix », qui s'organise au palais à partir de 1942, et, tout à la fin, pour mettre un terme à la guerre.
Comme les nazis à leurs débuts, les militaires dénoncent aussi le caractère « antinational » des grands groupes capitalistes (les zaibatsu). Mais, malgré les velléités de l'armée de promouvoir de nouveaux groupes (Nissan, Hitachi), les quatre grands zaibatsu ne feront qu'accroître leur emprise sur l'économie pendant la guerre.
12. La seconde guerre sino-japonaise : 1937-1945

12.1. L'entrée en guerre

Dès 1932, les Japonais ont fait de la Mandchourie l'État fantoche du Mandchoukouo, que la SDN et la Chine refusent de reconnaître. Le Japon quitte alors la SDN, et ses troupes entrent en Chine du Nord (1933). L'armée est divisée sur la stratégie à adopter ; une opération sur Shanghai tourne court (1934). Le 6 février 1936, les généraux proches du palais (faction du Contrôle) éliminent les jeunes officiers extrémistes de la faction de la Voie Impériale. La cohésion de l'armée et ses liens avec les élites civiles sont renforcés. Le 7 juillet 1937, l'offensive générale est lancée contre la Chine.
12.2. L'offensive générale

Bombardement de Pearl Harbor

C'est le début d'une fuite en avant. Les Japonais s'emparent des régions côtières et établissent à Nankin un gouvernement chinois à leur dévotion. Ils mènent une guerre de terreur (massacre d'au moins 200 000 civils à Nankin, en 1937). Mais Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) résiste dans l'intérieur du pays avec l'aide des communistes de Mao Zedong. Les Occidentaux, alarmés par la poussée japonaise vers leurs colonies, l'approvisionnent par la route de Birmanie. Les Japonais s'enlisent, mais la guerre en Europe et la défaite de la France (juin 1940) leur permettent d'envisager d'attaquer Jiang Jieshi par le sud. Ils se rapprochent de l'Axe (pacte tripartite de septembre 1940) et, sous la menace, obtiennent le droit de passer par l'Indochine française et d'en utiliser les ressources (riz, caoutchouc). Les États-Unis s'interposent alors et prennent des sanctions : gel des avoirs japonais, embargo sur le fer et le pétrole. Le Japon se prémunit contre une guerre sur deux fronts en signant un pacte de neutralité avec l'URSS (avril 1941). Le prince Konoe, Premier ministre, tente d'obtenir que Washington reconnaisse les acquis japonais. En octobre 1941, il est remplacé par le commandant en chef de l'armée, le général Tojo Hideki. Le 7 décembre, l'aéronavale japonaise détruit une partie de la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor.
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.
12.3. La capitulation

Après cette victoire, le Japon compte sur sa supériorité aéronavale pour s'emparer de l'Asie du Sud-Est et de ses matières premières, couper la route de Birmanie et s'établir dans les archipels au milieu du Pacifique afin de pouvoir ensuite discuter en position de force. Mais, après six mois de succès, durant lesquelles ses forces parviennent jusqu'aux portes de l'Inde et de l'Australie, il est mis en échec sur mer (îles Midway, juin 1942) et sur terre, à Guadalcanal.
En 1943, les Américains contre-attaquent. La prise de Saipan (juillet 1944) leur permet de bombarder l'archipel qu'ils coupent de l'Asie du Sud-Est en reprenant les Philippines (octobre). Le 1er avril 1945, ils débarquent en terre japonaise, à Okinawa, et prennent l'île au terme de furieux combats (49 000 soldats américains, 110 000 soldats et 150 000 civils japonais tués), marqués par l'utilisation massive des kamikazes.

Harry Truman, Hiroshima, le 6 août 1945Harry Truman, Hiroshima, le 6 août 1945
Le Japon est à bout de forces. Tojo a quitté le gouvernement après la perte de Saipan. Tokyo essaye de négocier une reddition sans occupation ni représailles. Il faut la bombe atomique (Hiroshima, 6 août ; Nagasaki, 9 août) et l'entrée en guerre de l'URSS (8 août) pour que l'empereur impose la capitulation aux ultras et l'annonce à la nation (15 août). Le 30 août, le général Douglas MacArthur atterrit à la tête des unités d'occupation. Hirohito, que les Américains ont préféré maintenir en place, tirera lui-même un trait sur l'idéologie militariste en dénonçant à la radio « l'idée erronée selon laquelle l'empereur est divin et le peuple japonais supérieur aux autres » (1er janvier 1946).
Deux millions de soldats et près de 700 000 civils ont péri. Les grandes villes (sauf Kyoto) sont presque anéanties. La production industrielle est à 10 % de son niveau de 1940. Six millions de soldats et de colons sont rapatriés en désordre. Le pays est à reconstruire.


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NEW YORK

 

New York

Ville des États-Unis, dans l'État de New York, sur l'océan Atlantique, à l'embouchure de l'Hudson.

Population pour l'agglomération : 20 351 730 hab. (estimation pour 2011)
La ville a été fondée à la pointe sud de l'île de Manhattan, où s'étend le quartier des affaires (Wall Street). Elle s'est développée au XIXe siècle au Nord (Bronx, au-delà du quartier noir de Harlem), débordant sur le New Jersey au-delà de l'Hudson et sur les îles voisines : Long Island (quartiers de Brooklyn et de Queens, au-delà de l'East River) et Staten Island (Richmond). New York est un très grand port, un nœud aérien et ferroviaire, un centre industriel et surtout tertiaire (commerces, administrations, tourisme).
Cité cosmopolite, New York constitue l'une des grandes métropoles du monde par son poids démographique, le volume et la variété de sa production industrielle, surtout peut-être par sa puissance financière (dont Wall Street est un symbole) et son rayonnement culturel. La ville est le siège de l'Organisation des Nations unies (ONU) depuis 1946.
GÉOGRAPHIE

New York
Le site de New York comprend l'île de Manhattan (lieu du premier établissement hollandais au xviie siècle), la partie ouest de Long Island (Brooklyn et Queens), l'isthme entre l'Hudson et l'East River (Bronx) et Richmond (Staten Island). Au-delà de ces cinq « boroughs », l'agglomération s'est étendue dans l'État voisin du New Jersey, dans le centre de Long Island, sur la rive nord du détroit de Long Island et le long de l'Hudson vers l'amont.
La fonction portuaire et l'importance du nœud ferroviaire, à la base de la croissance de l'agglomération, demeurent. La ville est également un centre autoroutier, et trois aéroports (J. F. Kennedy, Newark, La Guardia) accueillent des dizaines de millions de passagers. Parmi les branches industrielles émergent les constructions électriques, la chimie, l'édition et toujours la confection. Mais le tertiaire assure la majeure partie des emplois : commerce (de transit, de gros et de détail), administration (institutions nationales et internationales [siège de l'Organisation des Nations unies (ONU)]), enseignement et activités culturelles et aussi touristiques, la ville demeure, et de loin, la première place financière du monde. Ce poids n'est pas sans contrepartie : difficultés de circulation, d'alimentation en eau, problèmes de pollution, délinquance et tensions sociales et raciales liées au chômage, à la constitution de ghettos ethniques (Noirs, Portoricains).
1. Le site portuaire

New York
Le site portuaire est un des éléments fondamentaux de la localisation et du développement de New York. C’est celui d’une baie abritée (Upper New York Bay), séparée du large par un détroit (The Narrows) et une rade extérieure (Lower New York Bay), elle-même protégée par la pointe de Rockaway et la flèche de Sandy Hook. L’amplitude de la marée y est faible (1,5 m), et les profondeurs suffisantes, du moins au centre, pour les bateaux ne tirant pas plus de 15 m. Le port primitif s’est établi en amont de l’Upper Bay, près des eaux profondes de l’East River (désavantagée cependant par de forts courants de marée) et surtout de l’Hudson : de la Batterie (The Battery) à la 72e rue, la rive du fleuve est restée jusqu’à nos jours une des principales zones portuaires.
À mesure que s’étendait l’agglomération urbaine et que s’accroissait le trafic maritime, d’autres espaces d’eau se sont successivement intégrés au site. Au xixe siècle, les hauts-fonds de l’Upper Bay à l’est (Brooklyn) et à l’ouest (Jersey City, Bayonne) ont été soit dragués, soit remblayés et aménagés en quais et zones d’entrepôts, tandis que sur la rive new-jersaise de l’Hudson la profondeur du fleuve, associée à un terre-plein naturel au pied des Palisades, créait un site favorable à l’installation de piers et de terminaux ferroviaires. Avec l’expansion des industries pétrolières et chimiques, le port a annexé la baie de Newark et le Kill Van Kull, aux eaux suffisamment profondes, puis l’Arthur Kill, qu’il faut constamment draguer. Par suite des progrès des transports par conteneurs et de l’encombrement de certains secteurs portuaires, de nouveaux éléments potentiels du site entrent en jeu : rive ouest de la baie de Newark (espaces aménageables par remblaiement), façade de Staten Island sur les Narrows (eaux profondes de 20 à 30 m), East River entre Queens et Bronx (terrains disponibles sur les rives).
2. Le site urbain

Aux nappes d’eau qui forment le site portuaire sont associés des espaces terrestres, trois éléments morphologiques qui constituent le site urbain :
– l’île de Manhattan, cœur de New York, fait partie du massif précambrien de gneiss et micaschistes bordé par le fleuve Hudson et le détroit de Long Island ;
– Long Island (occupée à l’ouest par Brooklyn et Queens et progressivement incorporée à l’aire urbanisée dont le front progresse vers l’est) et le New Jersey au sud de la baie de la Raritan (banlieue lointaine et frontière industrielle de New York) appartiennent à la Plaine côtière, le détroit de Long Island formant la dépression périphérique ennoyée entre un massif ancien et un bassin sédimentaire ;
– le bassin triasique de Newark, qui constitue une zone basse excavée dans les grès et schistes marneux tendres entre le socle précambrien à l’ouest et la Plaine côtière New Jersey-Long Island à l’est. Le trias contient cependant un filon-couche épais de diabase (300 m) qui forme une falaise (les Palisades) dominant l’Hudson et, localement, l’étroite plaine alluviale mentionnée plus haut (routes et voies ferrées doivent franchir la falaise, qui s’abaisse d’ailleurs vers le sud, par des rampes ou des tunnels). À l’exclusion de la baie de Newark, partiellement surcreusée par les glaciers, la zone basse triasique est occupée par des chenaux peu profonds (Arthur Kill), des rivières au cours paresseux (Passaic, Hackensack) et des marécages qui, après remblaiement, sont le site d’aéroports, de zones industrielles, d’entrepôts à conteneurs.
Aussi importante que le site portuaire et urbain est la situation de New York à l’embouchure de l’Hudson, que les navires de mer peuvent remonter jusqu’à Albany ; de là, suivant son affluent, la Mohawk, en amont de chutes que peut doubler un portage, on atteint les plaines bordant l’Érié et l’Ontario. New York est la seule ville de la côte atlantique bénéficiant d’une telle percée vers l’intérieur. Cet avantage potentiel ne fut exploité qu’après l’élimination de la puissance iroquoise et l’ouverture du canal de l’Érié en 1825 et plus encore avec la construction des voies ferrées. Cette situation est le principal facteur de l’expansion remarquable de New York. Autre avantage, la position centrale de la ville entre les États atlantiques l’aida à s’attribuer une part croissante du commerce transatlantique.
3. La situation de New York aujourd'hui

Aujourd’hui, la situation de New York paraît excentrique par rapport au centre de population et au centre de gravité économique, localisés à l’ouest des Appalaches. Cependant, outre l’effet d’inertie, le poids des avantages acquis, New York bénéficie de sa proximité relative de l’Europe et des rapports étroits qu’elle entretient avec elle. Au temps de la grande immigration, le premier contact des Européens avec le Nouveau Monde se faisait par New York, où un grand nombre d’entre eux se fixèrent, apportant leur travail ou leur savoir. Par suite de l’expansion économique de l’Europe occidentale, les relations anciennes tissées avec celle-ci profitent à New York plus qu’à aucune autre ville américaine : une grande partie des exportations et surtout des importations américaines passe par New York.
4. Quartiers et banlieues de New York

4.1. Manhattan

À l’intérieur d’une agglomération aux aspects fort variés, Manhattan présente le spectacle de la plus grande diversité. Au nord de la 14e rue domine un plan rectangulaire d’avenues orientées N.-N.-E. - S.-S.-O. et de rues orientées O.-N.-O. - E.-S.-E., la 5e avenue séparant les rues ouest et les rues est. Seul le Broadway, ancien chemin indien, coupe indifféremment rues et avenues de l’extrême sud à l’extrême nord. Au sud de Canal Street, le plan de la vieille ville est très irrégulier. Les gratte-ciel font partie du paysage new-yorkais ; la plupart sont situés soit entre les 33e et 53e rues, à proximité de la 5e avenue, par exemple ceux du Rockefeller Center et l’Empire State Building (382 m), soit à l’extrême sud, où se trouvaient les deux tours du World Trade Center (412 m). Ailleurs dominent les immeubles collectifs de taille et d’âge variables : maisons de brique du xixe siècle, à escalier métallique extérieur, hautes de trois ou quatre étages, comme on en voit encore beaucoup ici et là dans un état fort délabré ; grandes bâtisses du début du xxe siècle, à quatre ou cinq étages, abritant ateliers, entrepôts ou magasins ; blocs locatifs construits entre les deux guerres près de l’East River et au nord de la 86e rue.
On peut diviser Manhattan en trois parties séparées par les 14e et 59e rues. L’extrême sud de l’île, Downtown, renferme le Financial District (Wall Street, Chase Manhattan Bank Building), qui a annexé le Lower Broadway et s’étend maintenant jusqu’à West Houston Street, et le Civic Center (hôtel de ville, police, tribunaux). Ce dernier confine à trois quartiers pittoresques : Chinatown, Little Italy et le Bowery. Entre ces derniers et les blocs des grands lotissements bordant l’East River (Government Smith Houses, Baruch Houses), le Lower East Side, héritier de l’ancien quartier juif, plus ou moins transformé en taudis, abrite encore quelques Juifs et des Portoricains. Plus au nord se trouve Greenwich Village, sorte de Saint-Germain-des-Prés, où habitent des artistes et où se maintient une des colonies italiennes de la ville. Washington Square est un quartier de résidences aisées et de bâtiments universitaires (université de New York).
Midtown

Midtown est le quartier de prestige de Manhattan avec ses gratte-ciel anciens (Empire State Building, Chrysler Building) ou nouveaux (Park Avenue), ses grands magasins, ses boutiques de luxe, ses théâtres, le siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), la cathédrale Saint Patrick. Broadway, les 34e et 42e rues, la 5e avenue, les avenues Park, Madison, des Amériques, Times Square sont les lieux les plus animés ou les plus élégants. Ici et là subsistent des ateliers de confection (Garment Center entre les 34e et 42e rues).
Uptown
Uptown commence à la 59e rue, comme Central Park, qui se poursuit, jusqu’à la 110e rue, entre les 5e et 8e avenues, séparant ainsi un West Side et un East Side. Dans le West Side, près de Broadway, le Lincoln Center rassemble tout ce qui concerne les arts (Philharmonie, Metropolitan Opera) ; plus au nord se situent des quartiers d’habitation en blocs collectifs, l’université Columbia, puis Washington Heights avec ses résidences luxueuses. Au-delà de l’avenue des millionnaires (la 5e avenue en bordure de Central Park jusqu’à la 81e rue), l’East Side garde la trace d’anciens quartiers ethniques (allemand, mais rapidement assimilé à Yorkville, hongrois vers la 95e rue, italien vers la 102e) et en abrite de nouveaux (noir à Harlem entre la 110e rue et la rivière d’Harlem, portoricain à East Harlem). Manhattan, qui a compté plus de 2 millions d’habitants en 1910 (soit 39 000 hab. au km2), n’en a plus qu’un million et demi.
4.2. Brooklyn

Brooklyn (2 504 000 hab.) est également en régression. Il est caractérisé par une grande diversité ethnique et sociale et une immensité qui, associée à son plan régulier (deux types de damiers), le rend inhumain. Une partie des Brooklyn Heights a gardé son cachet vieillot et bourgeois, mais elle est cernée par des secteurs en voie de transformation en taudis (South Brooklyn, Green Point, Williamsburg) et les installations de l’US Navy. Il y a des quartiers bien entretenus, comme Bay Ridge, occupé par des Scandinaves, des quartiers juifs, italiens, slaves, parfois dégradés, et aussi un vaste ghetto noir de plus de 200 000 habitants qui s’étend en tache d’huile entre Prospect Park et Queens.
4.3. Queens

Le Queens (2 230 000 hab.) est un borough peuplé plus récemment, plus aéré et qui poursuit sa croissance. À côté de secteurs pauvres et de quartiers riches, peu étendus, le Queens, quoique formant un borough de New York, se présente plutôt comme une banlieue de classe moyenne, avec ses maisons groupées en secteurs socialement homogènes.
4.4. Le Bronx

Au contraire, le Bronx (1 385 000 hab.) est très diversifié socialement ; il comprend des quartiers riches au bord de l’Hudson, des quartiers anciennement blancs au centre, abandonnés aux Noirs et aux Portoricains, et un nouveau quartier de classes moyennes entre Bronx Park et Pelham Bay Park. C’est un borough principalement résidentiel.
4.5. Les banlieues

Les banlieues prolongent New York dans toutes les directions et de plus en plus loin. Vers le nord, elles atteignent Tarrytown sur l’Hudson, Stamford et Norwalk au Connecticut. Elles se développent surtout dans Long Island, à l’est de Queens, dans le comté de Nassau et dans celui de Suffolk, où le taux de croissance est le plus élevé. Aux portes de New York, accessible de Manhattan et de Brooklyn depuis 1964 (pont Verrazano), Staten Island s’ouvre à la suburbanisation avec le borough de Richmond. Dans le New Jersey, les anciennes banlieues, Jersey City, Hoboken, Newark, et les zones industrielles anciennes, comme Paterson, sont devenues des centres urbains à fonctions diversifiées ; n’y résident guère que des ouvriers, surtout des Américains venus d'Italie et, dans une proportion croissante, des Noirs. La nouvelle frontière du peuplement atteint le nord des comtés de Passaic et de Bergen ainsi que les comtés de Morris, de Somerset et de Middlesex, et elle se trouve ainsi en bien des points plus proche de la Pennsylvanie que de la baie de Newark.
L'HISTOIRE DE NEW YORK ET LE DÉVELOPPEMENT DE L'AGGLOMÉRATION

Un navigateur italien au service du roi de France, Giovanni da Verrazzano (ou Verrazano), découvre la baie en 1524. Mais ce sont les Hollandais qui, en 1626, achètent aux Indiens pour 24 dollars l'île de Manhattan et y construisent une bourgade, La Nouvelle-Amsterdam (en néerlandais Nieuw-Amsterdam). Elle compte vers 1660 un millier d'habitants qui lui donnent un caractère cosmopolite. En 1664, elle tombe aux mains des Anglais, qui, en l'honneur du frère de Charles II, la baptisent New York.
Sans être spectaculaires, les progrès de la cité sont constants. La nature avantage le port, par lequel sont expédiés vers l'Angleterre du blé, des fourrures, des porcs et des bœufs, et reçus les sucres et mélasses des Antilles. Mais la pauvreté de la région intérieure et la proximité de la barrière indienne limitent, tout au long de la période coloniale, l'essor de New York. À la veille de la Révolution, la ville abrite 25 000 habitants ; elle dépasse nettement Boston, mais se situe derrière Philadelphie, qui joue le rôle de centre économique, politique et intellectuel des colonies, puis de la jeune République.
Les New-yorkais n'ont été que modérément partisans de la rupture avec la Grande-Bretagne, par loyalisme et par intérêt. Mais l'indépendance, qui fait de la ville la capitale provisoire des jeunes États-Unis, marque le début de leur fortune, et celle-ci ne cesse de s'accroître grâce aux activités du port. Les commerçants de New York achètent les produits textiles anglais et transportent en Europe le coton du Sud. Des lignes régulières (les packets) assurent ce trafic sans interruption et ajoutent à leurs activités commerciales le transport des passagers.
En 1825, l'ouverture du canal de l'Érié, exploitant la Water Level Route de l'Hudson-Mohawk, fait de New York le centre d'exportation des blés du Middle West. Les relations du port avec le reste du pays se développent : des caboteurs distribuent dans le Sud les produits manufacturés venus d'Europe et reviennent chargés de coton ; des péniches assurent la liaison avec les Grands Lacs et le bassin du Mississippi. À partir de 1850, les chemins de fer confèrent à New York un atout de plus. Les capitaux qui proviennent du commerce extérieur sont investis dans le commerce de gros et de détail, dans les assurances, dans l'industrie (confection, fonderie, métallurgie, chaussures, ameublement, raffinage du sucre, brasseries). Les banques de Wall Street l'emportent bientôt sur celles de Philadelphie. En 1817, le Stock Exchange s'ouvre ; en l'espace d'une vingtaine d'années, il accapare la plus grande partie du marché national des titres. Les voiliers rapides qui battent les records de vitesse sur l'Atlantique franchissent aussi le cap Horn pour atteindre la Californie et l'Extrême-Orient.
En 1860, les constructions s'étendent dans Manhattan jusqu'à la limite sud de Central Park. La population continue d'être cosmopolite ; des immigrants de toutes origines, en particulier des Allemands et des Irlandais, transitent par la ville ou s'y installent dans les quartiers nationaux, où ils ont leurs écoles, leurs magasins, leurs églises, leurs organisations politiques. Plus de 33 000 personnes vivent dans l'île en 1790, 515 394 en 1850, 830 000 en 1860, et l'agglomération passe de 336 000 habitants en 1820 à 1 627 000 en 1860. De l'autre côté de l'East River, Brooklyn forme une commune indépendante qui compte près de 300 000 habitants à la veille de la guerre civile. Dans l'ensemble de l'agglomération, les Noirs constituent une très petite minorité, à peine 2 % du total.
De 1860 à la fin du siècle, une croissance extraordinaire se manifeste dans tous les domaines. des industries apparaissent ou se développent. C'est le cas de la confection (organisée vers le milieu du siècle, mais appelée à devenir la principale industrie new-yorkaise avec l'arrivée massive des Juifs, surtout à partir de 1880) et celui des industries de biens de consommation comme l'ameublement et la fabrication d'articles en cuir (chaussures entre autres). La métallurgie secondaire et la construction mécanique prennent une grande importance (tréfilerie, quincaillerie, machines à vapeur, machines pour l'industrie de la confection et de la chaussure, ces dernières concurrençant celles de Nouvelle-Angleterre). Le trafic du port est en progrès constants ; New York importe des vivres et des matières premières ; les exportations, limitées à cette époque par la demande intérieure, comprennent quelques articles manufacturés et les denrées agricoles d'un arrière-pays étendu à la région des Grands Lacs. La place manquant à Manhattan pour la manutention des marchandises, les aménagements portuaires gagnent Brooklyn et la rive new-jersaise de l'Hudson, reliée par « ferries » à Manhattan. L'extension du réseau ferroviaire, surtout à partir des années 1860, a pour effet de concentrer de plus en plus le commerce à New York ; terminaux ferroviaires ou gares de triage sont construits à Manhattan et principalement sur la rive du New Jersey.
Durant la même période, la population s'accroît à un rythme très rapide, New York retenant une grande partie des immigrants qui passent par son port (presque unique point d'entrée pour eux), notamment à partir de 1890. En effet, Irlandais exceptés, une fraction seulement des immigrants d'avant 1890, en majorité allemands, scandinaves et anglo-écossais, restait à New York, les autres gagnant les campagnes et les villes du Midwest, tandis qu'après cette date le courant d'immigration comprend de plus en plus de Méditerranéens et de Slaves, qui, faute de moyens pour aller plus loin, se fixent à New York (et dans les grandes villes de l'Est). L'agglomération, qui rassemblait 2 800 000 habitants en 1880, en a 5 050 000 en 1900 (dont 3 440 000 à New York).
L'aire urbanisée s'est étendue en conséquence.
À partir de 1870, à la suite de la construction de lignes de tramways surélevées (Elevated) sur les avenues de Manhattan, l'espace bâti, qui atteignait alors la 59e rue, progresse rapidement de part et d'autre de Central Park jusqu'à la plaine de Harlem. Les immigrants de la première génération s'établissent par quartiers ethniques à Manhattan, tandis que les Américains de plus vieille date préfèrent les quartiers résidentiels de Brooklyn (relié à Manhattan par le « pont de Brooklyn » depuis 1883) et de Queens, ainsi que la rive new-jersaise (Jersey City, Hoboken).
L'avènement du métro souterrain en 1904 et 1905, qui complète et remplace partiellement l'Elevated, marque le début d'une ère nouvelle. L'IRT (Interborough Rapid Transit) et le BMT (Brooklyn Manhattan Transit) ouvrent des lignes qui réunissent le Bronx à Queens et Brooklyn en passant par Manhattan. L'une d'elles, la Seventh Avenue Broadway Line, mesure 36 km de longueur, de South Brooklyn au parc Van Cortlandt (Bronx). Grâce au métro, l'aire urbaine s'étend ainsi dans le Bronx et dans l'est de Queens et Brooklyn, que trois nouveaux ponts jetés sur l'East River entre 1900 et 1914 contribuent à mieux souder à Manhattan.

Ellis Island, New York
L'immigration, d'Europe orientale et méditerranéenne principalement, se poursuit jusqu'en 1914 : des foules misérables de Juifs russes, d'Italiens du Sud, de sujets de l'empire d'Autriche-Hongrie débarquent à Ellis Island. Elles constituent la main-d'œuvre à bon marché dont a besoin l'industrie. Ces immigrants, plus difficilement assimilables que les Germains et les Scandinaves dans le creuset anglo-saxon, s'entassent dans le Lower East Side et d'autres ghettos de Manhattan progressivement transformés en taudis. De leur côté, les vieux Américains et assimilés des classes moyennes se « suburbanisent » : les comtés de Westchester et de Nassau dans le New York, les comtés du nord-est du New Jersey s'intègrent progressivement à l'agglomération. Les quinze comtés de l'agglomération comptent près de 7 500 000 habitants à la veille de la Première Guerre mondiale, dont 5 000 000 pour les cinq boroughs de New York City.
Entre les deux guerres, surtout jusqu'à la crise mondiale, le système des transports en commun s'améliore et s'étend. Le métro est prolongé dans Brooklyn jusqu'à Coney Island et jusqu'à Richmond Hill au centre de Queens (1930). L'Independant Subway system ouvre une ligne le long de la 8e avenue à Manhattan (1932). On perce des tunnels routiers sous l'East River (Queens-Midtown) et l'Hudson (Lincoln et Holland). En conséquence, la suburbanisation, favorisée aussi par le développement de la voiture individuelle, s'étend dans toutes les directions ; les industries se dispersent dans l'agglomération à la faveur de la mobilité accrue de la main-d'œuvre.
Entre les deux guerres mondiales arrivent des Noirs du Sud et, après la seconde, des Portoricains. Faute de place, les industries gagnent des secteurs éloignés, surtout dans le New Jersey, où se développent de nouveaux quartiers d'habitation.
L'ARCHITECTURE À NEW YORK

New York, Empire State BuildingNew York, Empire State Building
S'il reste peu de témoignages des siècles précédents (Saint Paul's Chapel, 1764 ; Saint Mark's in the Bowery, 1799), les bâtiments du xixe s. sont encore nombreux, particulièrement l'hôtel de ville (1811), le Federal Hall National Memorial (1842) ou l'ensemble de Colonnade Row (1836), ainsi que divers édifices néo-gothiques, comme la Trinity Church (1846), l'entrée du Greenwood Cemetery (1861) ou la cathédrale Saint Patrick (1879). On doit noter l'importance de la construction en fonte, dont un quartier entier – le « Cast-Iron District » de Manhattan – reste le témoignage, regroupant des édifices aussi significatifs que les Laing Stores (1849), seul bâtiment de James Bogardus encore existant à New York, ou le Haughwout Building de John P. Gaynor, construit en fonte par Daniel Badger, le rival de Bogardus, et équipé dès l'origine (1857) du premier ascenseur des États-Unis, réalisé par Elisha Graves Otis.
La fin du xixe s. est riche en monuments inspirés par l'esprit « Beaux-Arts » français : New York Public Library (1898-1911), Grand Central Terminal (1903-1913) ainsi que les nombreuses œuvres de la firme Charles F. McKim, William R. Mead and Stanford White : Low Memorial Library de la Columbia University (1893-1897), Hall of Fame de l'université de New York (1896-1900), Washington Square Memorial Arch (1889-1892), enfin la très belle Pennsylvania Station (1906-1910), détruite en 1966 (et aujourd'hui souterraine).

New York, pont de ManhattanNew York, pont de Manhattan
À partir du début du xxe s., les gratte-ciel occupent une place de plus en plus importante dans l'architecture new-yorkaise : Bayard Building (L. H. Sullivan, 1898) et Flat-Iron Building (D. H. Burnham, 1902), qui sont des émanations de l'école de Chicago ; puis des œuvres spécifiquement new-yorkaises, à tendances généralement néogothiques, telles que celles de Cass Gilbert (West Street Building, 1905 ; Woolworth Building, 1913), de McKim, Mead and White (Villard Houses, 1909), d'Ernest R. Graham, le successeur de Burnham (Equitable Building, 1915), de Helmle and Corbett (Bush Terminal Buildings, 1918), de Raymond Hood (American Radiator Building, 1924) ou d'Arthur L. Harmon (Shelton Towers Hotel, 1924). Avec l'Empire State Building (Shreve, Lamb and Harmon, 1930-1932) et le Rockefeller Center (1931-1940) culmine cette première période de l'histoire du gratte-ciel new-yorkais, en même temps que se manifeste le rejet de l'esthétique néo-gothique (Daily News Building, par John Mead Howells et R. Hood, 1930).
Après la Seconde Guerre mondiale, un style renouvelé de gratte-ciel apparaît avec le Secrétariat de l'O.N.U. (1947-1953), par Wallace K. Harrison sur une idée de Le Corbusier. La firme SOM se spécialisera dans cette nouvelle formule, dont son architecte en chef, Gordon Bunshaft, est le praticien particulièrement habile : Lever House (1952), Corning Glass Building (1959), Union Carbide Building (1960), Chase Manhattan Bank (1957-1960). Le Seagram Building de Mies van der Rohe (1958) constitue l'aboutissement de cette tendance et sa plus belle expression.

11 septembre 2001, attentats aux États-Unis11 septembre 2001, attentats aux États-Unis
Des architectes comme Walter Gropius (Pan Am Building, 1963) ou Eero Saarinen (Columbia Broadcasting Society Building, 1965) tenteront une redéfinition de l'esthétique du gratte-ciel, mais leurs successeurs ne seront guère inspirés (AT and T Building, de Philip Johnson, 1981). Parallèlement, la tendance au gigantisme, également manifeste à Chicago, autorisera des constructions hors d'échelle, telles que le World Trade Center de Minoru Yamasaki and Ass. et Emery Roth and Sons (1975) : deux tours jumelles de cent dix étages, sept fois la surface de planchers de l'Empire State, quatre fois celle du Pan Am Building. (Les deux tours jumelles se sont effondrées à la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001.)
L'architecture new-yorkaise, quand elle n'est pas celle des gratte-ciel, touche essentiellement au domaine culturel : Solomon R. Guggenheim Museum de Frank Lloyd Wright (1959), Begrisch Hall, amphithéâtre universitaire (1963), et Whitney Museum (1966) de Marcel Breuer, Museum of Arts and Design (1965) de Edward Durell Stone, Vivian Beaumont Theater (1965) d'Eero Saarinen, Ford Foundation Building (1967) de Kevin Roche et John Dinkeloo, les anciens collaborateurs de Saarinen. Certaines de ces œuvres tombent dans un monumentalisme vide de sens : le Philharmonic Hall (1962), le New York State Theater (1964) et le Metropolitan Opera House (1966), groupés dans l'ensemble du Lincoln Center, donnent une idée assez pessimiste de l'évolution contemporaine des courants architecturaux à New York.
LES PRINCIPAUX MUSÉES DE NEW YORK

The Metropolitan Museum of Art

Musée le plus important des États-Unis d'Amérique, et l'un des plus importants du monde.
→ The Metropolitan Museum of Art.
The Cloisters (« les Cloîtres »)

Annexe du Metropolitan Museum of Art, ce musée d'art médiéval s'est formé à partir de la collection de George Grey Barnard et grâce aux libéralités de John D. Rockefeller. Dans le cadre magnifique de Fort Tryon Park, au-dessus de l'Hudson, il occupe depuis 1938 un bâtiment conçu comme une sorte de monastère fortifié et englobant des éléments anciens, français ou espagnols, tels que l'abside de l'église de Fuentidueña, les cloîtres de Saint-Michel-de-Cuxa, de Saint-Guilhem-le-Désert, de Bonnefont et de Trie. Les collections comprennent des sculptures, des tapisseries (tentures des Preux et de la Licorne), le célèbre triptyque de Mérode attribué à Robert Campin, des orfèvreries et des ivoires.
The Frick Collection

La somptueuse collection d'Henry Clay Frick, magnat de l'acier (1849-1919), occupe un palais de la 5e avenue, bâti pour elle en 1913 et où l'on a préservé l'ambiance particulière à l'habitation d'un grand amateur d'art. Meubles, bronzes, émaux, etc., accompagnent de nombreux chefs-d'œuvre de la peinture européenne, notamment de la Renaissance italienne (Giovanni Bellini), du xviie s. (Van Dyck, Rembrandt), du xviiie s. (Fragonard) et de la première moitié du xixe s. (Goya, Ingres).
The Pierpont Morgan Library

Outre la bibliothèque proprement dite, le bâtiment contient les riches collections du banquier John Pierpont Morgan (1837-1913) : tableaux et sculptures, notamment de la Renaissance italienne, dessins, émaux, tapisseries, etc.
The Museum of Modern Art (MoMA)

Musée d'art moderne et contemporain installé à New York, au centre de Manhattan.
→ The Museum of Modern Art (MoMA).
The Solomon R. Guggenheim Museum

Ce musée d'art moderne est une fondation de Solomon R. Guggenheim, magnat du cuivre (1861-1949). Conçu par Frank Lloyd Wright, le bâtiment (5e avenue) compte parmi les créations les plus originales de l'architecture contemporaine (1943-1959) ; il forme un cône renversé, à l'intérieur duquel se déroule une rampe hélicoïdale. Les collections font une place particulièrement large au cubisme et aux débuts de l'abstraction (Kandinsky, Klee). Au bâtiment de Wright a été accolé en 1993 un immeuble en hauteur, qui permet d'abriter notamment la collection Thannhauser, léguée en 1965 ; Picasso y est à l'honneur, accompagné d'impressionnistes et de post-impressionnistes.
The Museum of Arts and Design

Conçu en béton par l'architecte Edward Durell Stone (1902–1978), ce musée situé sur Columbus Circle a été rénové en ciment en 2008. Ses collections de bijoux et objets utilitaires ou à vocation artistique sont célèbres.
The Whitney Museum

Fondé en 1930 par Gertrude Vanderbilt-Whitney, ce musée occupe depuis 1966 un intéressant bâtiment de Marcel Breuer (angle de Madison Avenue et de la 75e rue). Il est consacré aux artistes américains modernes, et notamment à l'avant-garde contemporaine.
The Brooklyn Museum

Des grands musées de New York, c'est le seul qui soit situé hors de Manhattan. Les collections sont particulièrement importantes dans le domaine des civilisations primitives (Afrique, Amérique, Océanie), des arts de l'Extrême-Orient et des antiquités méditerranéennes.
The American Museum of Natural History

Situé à l'angle Central Park Ouest et de la 79e rue, ce musée, fondé en 1869 est un des plus importants au monde dans le domaine de la zoologie, l'anthropologie, la minéralogie, l'environnement naturel, etc.
The National Museum of American Indian

Les collections, qui datent de 1916, ne possèdent pas moins d'un million d'objets des civilisations amérindiennes.
The Cooper-Hewitt National Museum of Design

Ce musée, situé dans la 91e rue, dans un hôtel particulier construit par Andrew Carnegie, est consacré aux arts appliqués : architecture, ingénierie, bijouterie et textile.
The Museum of the City of New York

Ce musée est consacré à l'histoire de la ville de New York et de ses habitants.
The Hispanic Society of America

À l'angle de Broadway et de la 155e rue, ce musée, le plus important des États-Unis présente des collections relatives aux civilisations ibériques, de la préhistoire au xxe s.

 

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ARCHIMÈDE

 

Archimède

Savant de l'Antiquité (Syracuse 287 avant J.-C.-Syracuse 212 avant J.-C.).
Figure emblématique de la science grecque antique, Archimède s'est illustré à la fois par d'importantes découvertes en mathématiques et en physique et par une série d'inventions très ingénieuses.
1. Archimède, disciple de l'école d'Alexandrie

Fils de l'astronome Phidias – qui avait calculé le rapport existant entre les dimensions du Soleil et de la Lune – et peut-être apparenté à Hiéron, tyran de Syracuse, Archimède est soumis dans sa jeunesse à l'influence, alors considérable, de l'école d'Alexandrie. Il est probable qu'il va lui-même séjourner dans cette ville d'Égypte et y suivre l'enseignement du mathématicien grec Euclide et de Conon de Samos. Peut-être se rend-il aussi en Espagne, mais il revient dans sa ville natale et ne va plus la quitter.
Il y vit dans l'entourage des souverains qui le protègent et, libre de tout souci matériel, il peut se consacrer entièrement à la recherche scientifique, exerçant ses talents dans des domaines aussi divers que la géométrie, la physique et la mécanique. On ne dispose pas de témoignages directs sur sa vie, mais seulement de récits ultérieurs, dont ceux de l'historien romain Tite-Live et du Grec Plutarque.
2. Archimède mathématicien

Archimède est d'abord un géomètre. Il est le premier, dans son ouvrage Sur la mesure du cercle, à donner une méthode permettant d'obtenir une approximation aussi grande que l'on désire du chiffre π, grâce à la mesure des polygones réguliers circonscrits à un cercle ou inscrits dans celui-ci ; utilisant les polygones à 96 côtés, il fournit une valeur de π comprise entre 22/7 et 223/71.
Dans son traité Sur la sphère et le cylindre, il prouve que le volume d'une sphère vaut les deux tiers du volume du cylindre circonscrit. Il accorde même à cette découverte une importance particulière, puisqu'il demande qu'une représentation d'un cylindre circonscrit à une sphère soit gravée sur sa tombe.

Parabole
Dans l'Arénaire, Archimède cherche à calculer le nombre de grains de sable contenus dans l'Univers, tel qu'il se l'imagine ; pour représenter un nombre aussi grand (de l'ordre de 1063), il perfectionne le système numéral grec, qui utilise des lettres, en faisant appel aux exposants. Il trouve les formules d'addition et de soustraction des arcs, calcule l'aire d'un segment de parabole, d'un secteur de la spirale qui porte son nom, du cylindre, de la sphère, etc. Dans son traité Sur les sphéroïdes et sur les conoïdes, il étudie les ellipsoïdes, les paraboloïdes et les hyperboloïdes de révolution. Ses recherches sur les tangentes et les quadratures l'amènent à envisager le calcul différentiel et intégral, développé deux mille ans plus tard par l'Anglais Newton et l'Allemand Leibniz.
Pour en savoir plus, voir l'article analyse [mathématiques].
3. Archimède physicien

Mécanique, optique, hydrostatique

Les trois types de leviers

Les trois types de leviersBarycentre, centre de gravité d'une balance
En physique, Archimède est le fondateur de la statique du solide, avec sa règle de la composition des forces et sa théorie du centre de gravité. Dans son premier livre, De l'équilibre des plans, il donne une théorie du levier : par abstraction, il réduit cet instrument à un segment de droite, en trois points duquel sont appliquées des forces qui s'équilibrent ; il montre, par ailleurs, que la balance n'en constitue qu'un cas particulier.
Archimède pose aussi les bases de l'hydrostatique, dans son traité Sur les corps flottants. Il indique notamment que la surface d'une eau tranquille est une portion de sphère dont le centre coïncide avec celui de la Terre.
Réflexion d'un rayon lumineuxRéflexion d'un rayon lumineux
Outre ses œuvres déjà citées, on peut signaler la Catoptrique, étude de la réflexion de la lumière, les Polyèdres, la Méthode, lettre écrite à Ératosthène, ainsi que des ouvrages aujourd'hui perdus, la Sphéropée, qui traitait de mécanique appliquée, et les Principes, dédiés à un certain Zeuxippe.
En dépit des conseils du tyran de Syracuse Hiéron, qui l'engageait à orienter son activité vers les applications, Archimède, comme les autres savants grecs de son temps, s'intéressa surtout à la recherche fondamentale. Mais, à l'inverse de ses confrères, pour qui la valeur d'une théorie se mesurait selon des critères d'esthétique, il fut le premier à faire un constant appel au contrôle de l'expérience.
Pour en savoir plus, voir l'article science.
« Eurêka ! » : le principe d'Archimède

Archimède
L'architecte romain Vitruve rapporte les curieuses circonstances dans lesquelles Archimède aurait découvert le fameux principe qui porte son nom (→ principe d'Archimède). Le roi Hiéron II avait commandé à un artisan une couronne d'or et lui avait fourni le métal précieux nécessaire. Bien que l'objet achevé présentât le même poids que l'or, Hiéron soupçonnait l'homme d'avoir substitué de l'argent à une certaine quantité de métal jaune. Il fit part de son inquiétude à Archimède, lui demandant s'il pouvait découvrir la fraude, tout en conservant la couronne intacte.

Principe d'Archimède

Le savant, méditant sur ce problème, fut frappé, en prenant son bain, par la diminution de poids que subissaient ses membres plongés dans l'eau. Il comprit alors que cette perte de poids équivalait au poids de l'eau déplacée. Et, dans l'enthousiasme de cette découverte, il se serait élancé nu dans la rue, en s'écriant : « Eurêka, eurêka ! » (« J'ai trouvé, j'ai trouvé ! »). En plongeant simultanément dans l'eau la couronne et un lingot d'or de même masse, maintenus à l'équilibre grâce à une balance romaine, Archimède put mesurer la différence de poids apparent entre les deux objets et prouver ainsi que l'orfèvre avait commis une supercherie.
4. Archimède ingénieur

La vis d'Archimède

Vis
Éminent savant, à la fois théoricien et expérimentateur, Archimède est aussi un remarquable ingénieur. L'une de ses plus célèbres inventions est la vis sans fin, appelée aussi aujourd'hui vis d'Archimède, une hélice tournant autour de son axe et qui permet de déplacer des matériaux très divers, comme de l'eau ou de la pâte à papier.
L'historien grec Diodore de Sicile raconte qu'il conçut ce dispositif pour diriger les eaux du Nil sur les terrains que les inondations ne permettaient pas d'atteindre ; il semble qu'il l'utilisa également pour assurer la propulsion d'un vaisseau commandé par Hiéron.
Archimède a aussi introduit le boulon, formé d'une vis et d'un écrou, et la roue dentée.
La défense de Syracuse

Catapulte romaine
En 215 av. J.-C., Archimède organise la défense de Syracuse, attaquée par l'armée romaine. Pendant trois ans, il tient en échec les troupes du consul romain Marcellus. Il invente des catapultes capables de projeter d'énormes blocs rocheux à de grandes distances. Il réalise aussi une machine fonctionnant au moyen de leviers et de poulies et constituée de gros crochets en fer qui, lorsqu'un vaisseau ennemi s'avance jusqu'aux fortifications de la ville, s'en saisissent et le secouent violemment jusqu'à le briser. On raconte enfin – mais cela paraît plus douteux – qu'à l'aide de miroirs plans judicieusement disposés (miroirs ardents), il serait parvenu à concentrer sur les vaisseaux ennemis la lumière solaire et à les incendier.
Cependant, les Romains ayant pénétré par surprise dans la ville, Marcellus ordonne qu'on épargne Archimède, dont il admire le génie et qu'il espère gagner à la cause de Rome. Mais le savant, absorbé par la résolution d'un problème, est tué par un soldat qui, ne l'ayant pas reconnu, s'irrite de son refus de le suivre. Marcellus lui organisera de grandes funérailles et lui fera dresser un tombeau décoré de sculptures évoquant ses travaux. En 75 av. J.-C., Cicéron, questeur en Sicile, retrouvera cette tombe, envahie par les broussailles, et la fera restaurer.
Citations

Donnez-moi un point d'appui et je soulèverai la Terre !
Archimède, cité par Pappus (ive siècle)
De tous les grands hommes de l'Antiquité, Archimède est celui qui mérite le plus d'être placé à côté d'Homère.
Jean d'Alembert
Ceux qui sont en état de comprendre Archimède admirent moins les découvertes des plus grands hommes modernes.
Gottfried Wilhelm Leibniz

 

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L'AGRICULTURE

 

Comment l’agriculture s’est-elle diffusée en Europe depuis le Moyen-Orient il y a plus de 8 000 ans ? Une étude comparée des parures portées par les populations de chasseurs-cueilleurs et celles des premiers agriculteurs apporte un nouvel éclairage à cette question qui agite la communauté des archéologues depuis des décennies.
Il y a environ 8 500 ans, des populations en provenance du Moyen-Orient sont arrivées en Grèce et dans le sud de la Bulgarie. Dans leurs bagages, quelques graines de blé, d’orge et d’autres végétaux comestibles. Marchaient avec elles quelques étranges animaux qui, au lieu de fuir les hommes, les suivaient docilement. Sans le savoir, ces gens à la recherche d’un endroit où s’installer allaient déclencher l’un des plus fascinants bouleversements qu’ait connu l’Europe : l’implantation de l’agriculture et de l’élevage.
Une transition, appelée néolithisation, s’est alors opérée : on est passé du Mésolithique au Néolithique, d’une Europe peuplée de communautés vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette à une Europe agricole. Une profonde transformation culturelle, bouleversant tout le système de croyances antérieur, est associée à cette évolution.
Une période de transformation culturelle
C’est à travers cette transformation culturelle qu’une équipe internationale a voulu aborder la néolithisation de l’Europe. Menée par des chercheurs CNRS du Center for International Research in the Humanities and Social Sciences (Cirhus)1 et du laboratoire De la Préhistoire à l’Actuel : culture, environnement, anthropologie (Pacea)2, cette équipe a réalisé une étude unique sur les parures : colliers, pendentifs et autres ornements.
Dans toute société,
les parures servent
à transmettre
des messages
sur l’affiliation culturelle et
sociale de celui
qui les porte.
Pourquoi ces objets ? « Dans toute société, les parures servent à transmettre des messages sur l’affiliation culturelle et sociale de celui qui les porte. Ces messages ne sont compréhensibles que par des individus partageant les mêmes valeurs », explique Solange Rigaud, chercheuse au Cirhus. Ainsi, les objets de parure montrent la transition culturelle liée à la néolithisation. Les chasseurs-cueilleurs mésolithiques avaient coutume de s’orner de dents de cerfs, sangliers et autres mammifères, de coquillages ou de petits galets perforés. Puis, les fermiers s’imposent peu à peu. Eux préfèrent les parures composées de perles tubulaires, aplaties ou sphériques qu’ils taillent et polissent à partir de minéraux, d’os et de coquillages.


Dans cette recherche, publiée dans Plos One

le 8 avril 2015, les chercheurs ont recensé 224 types d’objets de parure provenant de 437 sites archéologiques appartenant à 48 cultures mésolithiques et néolithiques différentes et localisées dans toute l’Europe. L’analyse de ces ornements datés d’il y a entre 8 000 et 5 000 ans et de leur distribution géographique permet de visualiser l’avancée de l’agriculture, mais aussi ses points d’achoppement. En effet, la conquête de l’Europe par les agriculteurs n’a pas été un phénomène homogène et linéaire. Les parures montrent notamment que l’accueil fait à ce nouveau mode de vie varie entre le Nord et le Sud. Sur le pourtour méditerranéen et en Europe centrale, la néolithisation s’impose relativement vite. En revanche, dans le Nord de l’Europe les populations ne changent guère leur mode de vie, comme le montre leur refus à toute introduction d’objets de parure nouveaux. Durant plusieurs siècles, les peuples du pourtour de la mer Baltique ont résisté à la néolithisation.




Une implantation de l’agriculture par à-coups
Dans les années 1970, de nombreux préhistoriens imaginaient l’implantation de l’agriculture comme un inexorable front d’avancée qui s’étend sur l’Europe. Ils avaient même calculé sa vitesse de propagation : 1 kilomètre par an, soit 25 kilomètres par génération. D’après leur modèle, les populations indigènes disparaissaient pour être remplacées par de populations originaires du Proche-Orient.
Désormais, cette idée est très contestée. Les chercheurs imaginent plutôt une implantation saccadée, avec des avancées soudaines, des périodes d’arrêt et même des reculs. De plus, les données génétiques montrent que les anciens habitants, loin de disparaître, se sont intégrés peu à peu aux nouvelles sociétés ou ont adopté de leur propre fait les innovations néolithiques.
L’analyse des parures appuie fortement ce nouveau scénario. D’une part, elle montre que la propagation de l’agriculture s’est faite à des rythmes très différents, notamment entre le Nord et le Sud de l’Europe. D’autre part, elle montre que des contacts étroits entre ces cultures ont eu lieu. Dans de nombreux sites néolithiques, on retrouve en effet des parures caractéristiques des fermiers et des chasseurs-cueilleurs dans les mêmes couches archéologiques, preuve que ces populations ont entretenu des relations complexes.
es parures dans les populations lors de la diffusion de l'agriculture en Europe


Plusieurs raisons expliquent la lenteur de la néolithisation de l’Europe. « Les nouvelles populations n’arrivent pas dans un territoire vide : elles doivent faire face à la population locale. De plus, elles ne maîtrisent pas encore très bien l’agriculture. Elles doivent comprendre les saisons à ces latitudes et trouver les variétés agricoles adaptées. D’ailleurs, au Néolithique ancien, on devine des échecs marqués par de grandes oscillations démographiques », explique Solange Rigaud. En revanche, les populations de chasseurs-cueilleurs savaient pleinement tirer profit de leur environnement. L’adoption du mode de vie néolithique, qui finalement s’est imposé, était vraisemblablement gouvernée par des nouveaux systèmes de croyances. Les changements dans les objets de parure reflètent ces changements dans la sphère symbolique.
La génétique et la linguistique en renfort
De nombreuses questions restent ouvertes. Ainsi, on ne sait pas si les langues indo-européennes sont arrivées à cette époque, si elles étaient déjà là depuis le repeuplement de l’Europe résultant de la déglaciation, ou encore si elles se sont diffusées plus tard, à l’âge de bronze. De même, on commence à peine à comprendre l’empreinte laissée par la néolithisation sur le pool génétique des populations européennes modernes et à la distinguer de l’empreinte des vagues de peuplement postérieures.
Solange Rigaud pense que le recensement et l’analyse des parures réalisé dans le cadre de cette étude permettront d’apporter des éléments de réponse nouveaux : « Notre analyse est du même type que celles que font les généticiens ou les linguistes. Cela nous permet de trouver avec eux un langage et un terrain commun pour effectuer des études interdisciplinaires rarement réalisées en archéologie. » Ainsi, les chercheurs voudraient croiser leur recensement des parures avec des jeux de donnés génétiques et anatomiques, ainsi qu’avec des modèles de diffusion des langues. Cela permettrait de voir dans quelle mesure les évolutions culturelles que dévoilent les parures correspondent à des changements dans ces autres domaines.

 

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